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Vingt mille lieues sous les mers
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Le Nautilus, le Capitaine Nemo, le calamar géant ! Voici un très court et très inexact résumé de ce chef-d’œuvre de Jules Vernes. En vérité, Nemo n’est pas Ahab et le poulpe géant n’est pas la baleine blanche. L’épisode du calamar intervient incidemment vers la fin du roman de Verne et a été monté en épingle de la même façon que l’a été l’épisode de Don Quichotte et des moulins à vent, au début du roman de Cervantes.
Vingt mille lieues sous les mers est un tour du monde (à l’instar des aventures de Phileas Fogg dans les airs) et avant tout un roman documentaire sur la mer, c’est-à-dire : pas tant un roman de science-fiction, comme on a souvent voulu l’étiqueter, mais bien plutôt un roman de vulgarisation scientifique et géographique sur les océans. Le cadre narratif — le merveilleux vaisseau sous-marin, le ténébreux capitaine, son mystérieux équipage et ses trois sympathiques otages — n’est le plus souvent guère plus que cela : un cadre.
A l’intérieur se dessine la prodigieuse richesse et complexité du monde sous-marin : sa géologie, ses courants, sa faune et sa flore, dont Verne se délecte à énumérer les noms aux sonorités surnaturelles, pages après pages, comme si son intention avait été, au fond, de composer une encyclopédie d’histoire naturelle et de biologie marine romancée, un hallucinant bestiaire. Les fonds marins étant pratiquement inexplorés à l’époque où Verne écrivait, plusieurs points du récit traduisent une fantaisie surprenante, un peu désuète, voire attendrissante : le tunnel sous l’isthme de Suez, la découverte des ruines sous-marines de l’Atlantide, la fosse océanique de seize kilomètres, l’océan sous les glaces antarctiques ; mais sans doute tout ceci ne paraissait-il pas si naïfs aux jeunes lecteurs avides d’instruction scientifique, en cette deuxième moitié du XIXème siècle.
Au passage, Verne fait des clins d’œil aux lecteurs d’Homère (Nemo n’est qu’un autre nom pour Outis, qui n’est qu’un autre nom pour Ulysse), d’Edgar Poe (le voyage en Antarctique d’Arthur Gordon Pym, ainsi que le terrible Descent into the Maelström), de Victor Hugo (la pieuvre géante des Travailleurs de la mer). Plus que Neuville, l’illustrateur de cette édition, pour moi, celui qui donna, peut-être inconsciemment, un vrai visage au Capitaine Nemo et a son Nautilus est sans doute le Commandant Cousteau et sa Calypso, parcourant en tous sens les mers de notre planète, pour condamner la sottise destructrice des hommes et pour éduquer la jeunesse de demain. Je soulignerais pour finir que tant Hergé (voir en particulier Le Trésor de Rackham le Rouge) que le cinéaste James Cameron (entre autres, à travers The Abyss et Titanic) ont une dette éternelle envers Jules Verne.
Vingt mille lieues sous les mers est un tour du monde (à l’instar des aventures de Phileas Fogg dans les airs) et avant tout un roman documentaire sur la mer, c’est-à-dire : pas tant un roman de science-fiction, comme on a souvent voulu l’étiqueter, mais bien plutôt un roman de vulgarisation scientifique et géographique sur les océans. Le cadre narratif — le merveilleux vaisseau sous-marin, le ténébreux capitaine, son mystérieux équipage et ses trois sympathiques otages — n’est le plus souvent guère plus que cela : un cadre.
A l’intérieur se dessine la prodigieuse richesse et complexité du monde sous-marin : sa géologie, ses courants, sa faune et sa flore, dont Verne se délecte à énumérer les noms aux sonorités surnaturelles, pages après pages, comme si son intention avait été, au fond, de composer une encyclopédie d’histoire naturelle et de biologie marine romancée, un hallucinant bestiaire. Les fonds marins étant pratiquement inexplorés à l’époque où Verne écrivait, plusieurs points du récit traduisent une fantaisie surprenante, un peu désuète, voire attendrissante : le tunnel sous l’isthme de Suez, la découverte des ruines sous-marines de l’Atlantide, la fosse océanique de seize kilomètres, l’océan sous les glaces antarctiques ; mais sans doute tout ceci ne paraissait-il pas si naïfs aux jeunes lecteurs avides d’instruction scientifique, en cette deuxième moitié du XIXème siècle.
Au passage, Verne fait des clins d’œil aux lecteurs d’Homère (Nemo n’est qu’un autre nom pour Outis, qui n’est qu’un autre nom pour Ulysse), d’Edgar Poe (le voyage en Antarctique d’Arthur Gordon Pym, ainsi que le terrible Descent into the Maelström), de Victor Hugo (la pieuvre géante des Travailleurs de la mer). Plus que Neuville, l’illustrateur de cette édition, pour moi, celui qui donna, peut-être inconsciemment, un vrai visage au Capitaine Nemo et a son Nautilus est sans doute le Commandant Cousteau et sa Calypso, parcourant en tous sens les mers de notre planète, pour condamner la sottise destructrice des hommes et pour éduquer la jeunesse de demain. Je soulignerais pour finir que tant Hergé (voir en particulier Le Trésor de Rackham le Rouge) que le cinéaste James Cameron (entre autres, à travers The Abyss et Titanic) ont une dette éternelle envers Jules Verne.
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Vingt mille lieues sous les mers.
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February 7, 2019
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February 7, 2019
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March 25, 2019
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J’ai un très vague souvenir de ma première lecture de ce livre quand j'étais enfant, sans doute sous forme d’extraits — il est d’ailleurs assez surprenant que Verne ait composé un roman de près de 500 pages, destiné, au départ, à un public d’écoliers : il faut croire que les habitudes de lectures ont sensiblement changé depuis !
Et, en effet, Verne a fini par entrer dans le panthéon des classiques de la literature, comme en témoigne la publication récente de certaines de ses œuvres dans la Pléiade. Incidemment (et sans le vouloir) Verne est devenu le père de tout un pan de la literature actuelle : la science-fiction. Raison de plus de le redécouvrir.
Et, en effet, Verne a fini par entrer dans le panthéon des classiques de la literature, comme en témoigne la publication récente de certaines de ses œuvres dans la Pléiade. Incidemment (et sans le vouloir) Verne est devenu le père de tout un pan de la literature actuelle : la science-fiction. Raison de plus de le redécouvrir.
Je l'ai lu il y a si longtemps que je ne m'en souviens presque plus. Merci Léonard de me rappeler au bon souvenir d'un des chefs-d'oeuvre de la littérature que je dois absolument relire !
Leonard wrote: "J’ai un très vague souvenir de ma première lecture de ce livre quand j'étais enfant, sans doute sous forme d’extraits — il est d’ailleurs assez surprenant que Verne ait composé un roman de près de ..."
Merci pour cet intéressant retour.
Je ne savais pas qu'il avait été réédité chez La Pléiade. Vu la qualité des notes/commentaires et des illustrations dans cette collection, le cadeau à soi même en vaut certainement le prix...
En effet 500 pages semblent beaucoup pour des écoliers! Avec les développements modernes de la littérature jeunesse vers plus d'albums et d'illustrations, et la concurrence d'autres formes de divertissement/fiction plus visuelles, je me demande si Jules Verne continue de plaire à son jeune public?
Je vais devoir attendre quelques années que mes neveux et nièces grandissent pour le savoir...
Merci pour cet intéressant retour.
Je ne savais pas qu'il avait été réédité chez La Pléiade. Vu la qualité des notes/commentaires et des illustrations dans cette collection, le cadeau à soi même en vaut certainement le prix...
En effet 500 pages semblent beaucoup pour des écoliers! Avec les développements modernes de la littérature jeunesse vers plus d'albums et d'illustrations, et la concurrence d'autres formes de divertissement/fiction plus visuelles, je me demande si Jules Verne continue de plaire à son jeune public?
Je vais devoir attendre quelques années que mes neveux et nièces grandissent pour le savoir...
J’ai bien peur qu’il soit désormais difficile de voir beaucoup d’écoliers au XXIème siècle ayant, comme écrivait Proust « l’air attentif et fiévreux d’un enfant qui lit un roman de Jules Verne » — autrement que sur une console de jeux vidéo !
Je l'ai commencé il y a des années ... je ne l'ai jamais fini ... il est toujours dans ma bibliothèque !
Beaucoup de lecteurs adultes, non francophones particulièrement, semblent découvrir ou relire Jules Verne ces derniers temps. Je ne sais pas d'où vient ce sursaut de popularité mais je n'ai pas de mal y croire: Jules Verne dépasse le cadre de la littérature jeunesse avec son inlassable curiosité scientifique.