Je me doutais bien que le sentiment d’urgence et la frénésie d’activité qui caractérisent notre société actuelle sont assez incompatibles avec l’acte de réminiscence, autrement dit la pêche aux souvenirs. Mais je n’avais pas pensé au problème plus précis soulevé par Charles Pépin dans son ouvrage “Vivre avec son passé : une philosophie pour aller de l’avant” (Allary éd.). En page 75, il parle en effet des nombreuses sollicitations (smartphones, agenda surchargé, etc.) qui n’accordent plus aucun répit intellectuel et qui font simplement rater ces moments suspendus où l’on s’autorise à rêvasser et à se laisser happer par ses sensations. Or, cet état d’esprit, comme l’a si bien démontré Proust avec ses madeleines, constitue souvent des occasions d’amorçage des souvenirs, l’amorçage pouvant alors être défini comme “le point précis dans le flux des perceptions qui déclenche le retour du passé”.
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Anne-Catherine Mouchet (22 avril 2024). Rester ouvert aux souvenirs. Valorisation de la mémoire familiale. Consulté le 25 octobre 2024 à l’adresse https://doi.org/10.58079/w9a1