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Elsie Maréchal (young Elsie)

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Elsie Maréchal
Description de cette image, également commentée ci-après
Young Elsie et Robert autour de leur maman, Elsie Maréchal-Bell en 1945.
Nom de naissance Elsie Jeanne Pierrette Maréchal
Alias
« Little Elsie », « Young Elsie »
Naissance
Coblence, Allemagne.
Décès (à 98 ans)
Walhain-Saint-Paul, Belgique.
Nationalité belge
Pays de résidence Allemagne, Belgique.
Autres activités
Ascendants

Elsie Maréchal, née à Coblence en Allemagne, le et morte à Walhain-Saint-Paul, le , est une résistante belge de la Seconde Guerre mondiale qui prit une part active dans le réseau Comète qui permit à des aviateurs alliés et à des résistants brûlés de rejoindre l'Angleterre via l'Espagne de à , date de son arrestation. Jugée à Bruxelles par un tribunal militaire allemand après des mois d'interrogatoire et de tortures, elle et ses parents, Georges Maréchal et Elsie Maréchal-Bell, sont condamnés à mort. Son Père est exécuté au Tir national, le . Elsie et sa maman, déclarées nacht und nebel, sont déportées le . Elles connaitront plusieurs camps et prisons dont Waldheim, Ravensbrück et finalement le camp d'extermination par le travail de Mauthausen d'où elles sont libérées par la Croix-Rouge fin .

Éléments biographiques

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Les parents d'Elsie Maréchal, Georges Maréchal et Elsie Mary Bell se sont rencontrés à Londres en 1917 durant une alerte. Georges, militaire, y terminait sa convalescence dans un hôpital belge et Elsie Mary y était enseignante. Georges est démobilisé en 1919 et le couple se marie à Londres, en 1920. Georges est affecté à la commission belge chargée de l'application du Traité de Versailles et est affecté à Coblence en Allemagne[1]. Le naît une première enfant, Lilian Grace. Elsie Jeanne Pierrette, naît le . Vers la fin de l'année 1924, Lilian Grace fait une chute lors d'une promenade le long du Rhin, elle contracte le tétanos et meurt quelques semaines plus tard. Le troisième enfant n'aura pas davantage de chance et meurt à la naissance. Enfin, Robert, naît, toujours à Coblence, le [2].

Fin 1929, l'occupation de la Rhénanie ayant prématurément cessé, la famille rentre à Bruxelles. Après un mois, Georges trouve un premier emploi, mal payé, dans une compagnie pétrolière. La famille s'installe dans un petit appartement à Laeken. Ils y restent deux années avant de trouver mieux. Little Elsie a cinq ans et Robert 3 ans et demi. Les enfants, bien que d'un père francophone, ont été élevés en anglais, si bien qu'ils sont scolarisés en maternelle mais sont confrontés à la barrière de la langue. En , Georges perd à nouveau son emploi mais il en retrouve un, bien en dessous de ce à quoi il pouvait prétendre, au ministère des affaires économiques de Belgique. La famille déménage et s'installe à Schaerbeek. L'été suivant, Elsie Mary est en mesure d'emmener ses enfants en visite en Angleterre[3]. , nouveau revers, Georges est sans emploi. Il accepte un travail de bénévole au service du recensement de la population en attendant un nouveau poste au ministère. En , il est nommé inspecteur au ministère du commerce intérieur mais doit se rendre quotidiennement en Flandre pour travailler[3].

La Seconde Guerre mondiale

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Le , la Belgique est envahie par l'Allemagne. Georges est affecté à Ypres et à Poperinge. Sachant le retour vers Bruxelles hautement improbable, la famille entière décide, comme des milliers d'autres, de prendre le chemin de l'exode. Les troupes allemandes progressent, la famille décide de tenter de rallier, à pied, la France. Ils restent bloqués trois jours à la frontière et parviennent enfin à Hazebrouck. Georges et little Elsie vont acheter du pain dans une boulangerie à proximité de la gare. Celle-ci est bombardée détruisant la boulangerie, ils s'en sortent indemnes. Nouveau départ vers Saint-Omer pour tenter de rallier Calais et, de là, rejoindre l'Angleterre. Ceci s'avère rapidement être impossible, la seule issue, rentrer à Bruxelles[4].

En , Young Elsie alors âgée de 16 ans est en visite chez ses grands-parents paternels qui habitent non loin à Schaerbeek également. Sa tante y explique qu'elle est à la recherche d'un lieu sûr pour héberger un pilote anglais tombé sur le territoire belge. Elle interroge Elsie lui demandant si elle pense que ses parents accepteraient. À cette époque, Georges disposant pour son travail de tout les ausweiss possibles pour se rendre quotidiennement en Flandre est déjà investit dans la résistance et effectue du renseignement militaire pour le réseau Luc-Marc. Young Elsie questionne à son tour ses parents pour savoir s'ils accepteraient une telle mission ? Ils s'enthousiasment à leur tour et, s'ils n'hébergeront pas ce pilote en particulier puisque qu'une autre cachette lui avait été trouvée, leur domicile du 162 de l'Avenue Voltaire deviendra une safe house de ce qui est en passe de devenir la Cometline[5]. Un premier aviateur est hébergé, son nom de code est "Melbourne"[Notes 1] il s'agit d'un membre d'un équipage de bombardier Halifax[5].

Le réseau Comète

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Plusieurs semaines s'écoulent ensuite, quand, un jour, un prêtre habillé en civil vient sonner chez les Maréchal. Il doit faire évacuer un pilote anglais. Il explique être pourchassé par la Gestapo et que s'il n'était pas en mesure d'amener le pilote chez les Maréchal, ce serait une jeune fille qui assurerait la mission. C'est ainsi que la famille rencontre pour la première fois la jeune Andrée De Jongh, Dédée, la fille de Frédéric De Jongh. Le couple Maréchal prend ainsi en charge un pilote belgo-polonais qui, trépané, souffre d'amnésie. Ensuite, ce sont deux soldats français échappés d'un camp nazi, Henri Bridier du sud de la France et Charles Morelle de Valenciennes. Ce dernier, séduit par l'initiative rejoindra par la suite le réseau Comète pour en devenir un agent à part entière ainsi que sa soeur, Elvire Morelle. Ils organiseront des évacuations à partir de [6]. Les deux français sont conduits un matin par Georges à la Gare du Midi et sont remis à Arnold Deppé pour une première traversée qui doit établir la « ligne DD », future « Comet line ». Il les prend à son tour en charge pour la poursuite de son périple exploratoire[6].

Jean Greindl alias « Némo » dans le Réseau Comète.
Peggy Van Lier alias « Michèle » ou « Mitchell » dans le Réseau Comète.

En , une nouvelle vague d'arrestations survient, plus d'une centaine de membre du réseau sont arrêtés, ce dernier doit à nouveau être remis sur pied. Le directeur de la cantine suédoise qui vient en aide aux enfants démunis, Jean Greindl[Notes 2] est pressenti pour reprendre la coordination bruxelloise du réseau. Il a déjà rendu de nombreux services à Frédéric De Jongh désormais contraint de vivre clandestinement à Paris. Suzanne De Jongh, la sœur d'Andrée sert d'agent de liaison entre Bruxelles et Paris mais elle est arrêtée en . À cette époque, young Elsie termine ses études et envisage de s'inscrire à l'Institut Edith Cavell pour devenir infirmière. Jean Greindl la sollicite pour travailler pour le réseau durant les deux mois d'été. Avec l'accord de ses parents, elle accepte. Par la suite Elsie et Georges accepte qu'elle postpose d'une année ses études pour poursuivre son action au côté de Jean Greindl. Young Elsie est formée par Peggy Van Lier, la plus proche collaboratrice de Jean Greindl[7].

Les missions s'enchainent, Young Elsie sert de courrier. Les messages sont déposés chez une commerçante de Schaerbeek, Nelly Deceuninck, chez qui ils peuvent être aisément récupérés sans éveiller de soupçons[8]. Young Elsie est ainsi informée quelques jours auparavant de l'arrivée de colis qu'elle prend en charge à un lieu convenu, le parvis de l'église Saint-Joseph, Square Frère-Orban[9]. Là, ayant été formée à effectuer un premier interrogatoire des candidats à l'évasion, elle questionne en anglais les aviateurs afin de débusquer d'éventuels agents infiltrés. Elle leur pose des questions factuelles sur le type d'avion, le nombre de membres d'équipage, etc. mais également des questions très précises que seuls les membres de la Royal Air Force peuvent connaitre. Une fois le test réussi, elle les conduit au domicile familial[7]. Ils restent hébergés le temps d'organiser leur exfiltration via Valenciennes, Paris, Bayonne, et, après le passage des Pyrénées, vers le consulat de Bilbao où ils sont pris en charge par le MI9 et conduits à Gibraltar via Madrid en voiture diplomatique au travers de l'Espagne franquiste.

Le 18 novembre 1942

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Le au matin, la famille Maréchal découvre dans sa boîte au lettre une grande enveloppe verte annonçant la livraison de « deux colis » pour le jour même. C'est étrange et contraire à toute procédure. Elsie et sa maman discute, que faire ? Robert doit repartir pour l'école. Young Elsie interroge les deux pilotes supposément américains, d'où venez-vous, Quel type d'avion ? « un Halifax » (étrange, c'est un avion britannique et cela fait maintenant plusieurs mois que les américains volent sur leurs propres avions) ; Combien de membres d'équipage ? « Quatre » (étrange, il y a sept hommes à bord d'un Halifax). Mais c'est la première fois qu'elles sont confrontées à de supposés américains. Young Elsie se met en route pour la cantine suédoise prendre conseil auprès de Jean Greindl et de Peggy Van Lier : méfiance absolue, la famille doit sur le champ tout quitter et se mettre à l'abri. Young Elsie repart chez elle porteuse de ce lourd message. Lorsqu'elle arrive, elle trouve la porte de l'habitation entrouverte. À peine en a-t-elle franchi le seuil qu'elle est aussitôt arrêtée par 8 agents de la Geheime Feldpolizei. On lui pointe un pistolet sur le ventre. Ils lui interdisent l'accès à la cuisine parce que — disent-ils — ils ont du y abattre sa mère. Robert rentrant de l'école et Georges de son travail connaissent le même accueil. Tous sont arrêtés[10],[11],[12],[13].

Young Elsie tente de les flouer en leur inventant qu'elle a rendez-vous avec son chef à 17 heures. Les policiers allemands l'y conduise. Elle tente de prendre la tangente mais est à nouveau arrêtée et emmenée rue Traversière au siège de la GFP pour interrogatoire. Elle est rejointe par son père et les deux sont emmenés à la Prison de Saint-Gilles pour y être incarcérés[14].

Plaque commémorative, à l'angle de l'Avenue Voltaire et de l'Avenue Ernest Renan, à l'emplacement où fut abattu Victor Michiels.

Le soir même[15], Jean Greindl, fou d'inquiétude de ne pas voir revenir young Elsie, envoie Victor Michiels, un jeune avocat de 26 ans, au domicile des Maréchal. Il fait nuit, il attend une demi-heure derrière un arbre[16]. Tout parait calme, il décide de sonner. Il est aussitôt interpelé par la GFP embusquée sur place. Il s'enfuit en courant et est abattu en rue. Le lendemain, folle d'inquiétude également, Peggy Van Lier, amie de la sœur de Victor Michiels se rend chez elle en quête d'informations. Elle est à son tour arrêtée mais elle parvient à fournir une explication convaincante et est relâchée le soir-même à 20 heures[17],[18],[19].

Tandis qu'elle était interrogée, Peggy Van Lier voit arriver au Quartier-général de la Luftwaffe à Bruxelles Elvire Morelle qui remontait de Paris pour prendre en charge les aviateurs à Bruxelles et qui n'avait pu être prévenue à temps de l'infiltration du réseau. Elle est également arrêtée par la GFP Luftwaffe au domicile des Maréchal, Avenue Voltaire[20],[21].

Ce même jour, le guide de Namur qui avait conduit les deux pseudo-pilotes américains, Albert Marchal, est arrêté. Il connaitra le même sort que Georges et sera fusillé au Tir national, le [22].

Interrogatoires et jugement

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L'enclos des fusillés au Tir nationalGeorges Maréchal est exécuté le 20 octobre 1943.

Le lendemain de leur arrestation, après une nuit sans sommeil, young Elsie est bien contente de voir sa maman bien vivante sortant de la cellule adjacente à la sienne. Elles sont toutes deux emmenées pour des formalités administratives et, de retour, sont placées "au secret" et ne se reverront pas. La journée, elles sont fréquemment emmenée à la Rue Traversière pour interrogatoire. Elles seront rouées de coup à plusieurs reprises, puis, sans soins, elles sont ramenées en cellule à la prison. Robert également arrêté le même jour est libéré, après 2 mois de détention, fin . Il rentre chez ses grands-parents. Young Elsie sera interrogée à 16 reprises, sa maman 9 fois. Aucune des deux ne parlera. Elles avaient trouvé le moyen de communiquer entre elles en laissant de petits messages dans un interstice du mur bordant la promenade qu'elles effectuaient seules chaque jour. De cette manière, elles purent faire converger leurs fausses déclarations pour les rendre davantage plausibles. Chacune d'elles placée seule dans une cellule eurent un temps la compagnie d'une "co-détenue" en quête d'informations. Quant à Georges, la GFP ignorait tout de son activité de renseignement et, pour ce qui concerne la filière d'évasion, les policiers allemands parvinrent assez rapidement à la conclusion que Georges n'était pas informé des activités menées par sa femme et sa fille. Il le tinrent cependant responsable de cela en sa qualité de chef de famille devant répondre du comportement des membres de son foyer[23].

C'est à cette époque, mi-janvier 1943, qu'Andrée De Jongh est à son tour arrêtée, trahie par un ouvrier agricole espagnol, alors qu'elle effectuait sa 25e mission dans les Pyrénées. Jean Greindl, Némo, refuse alors de rallier Londres et plonge totalement dans la clandestinité. Un jour, Young Elsie est informée d'une visite au petit parloir (étant au secret, les visites étaient proscrites). Elle y rencontre un prêtre qui lui dit être officiellement là pour entendre sa confession mais qu'en fait, il est envoyé par Némo. Il lui explique qu'ils avaient amassé beaucoup d'argent pour faire libérer sa famille. Il lui tend un petit billet supposément écrit par Greindl. Elle lui répond sur une feuille de papier à cigarette qu'elles n'ont pas parlé et qu'il peut continuer son action, qu'elles n'ont fait que raconter des mensonges. Le lendemain, Young Elsie se retrouve, rue Traversière, pour un interrogatoire. Spiegelmayer est en rage : "Que des mensonges !". Elle est frappée à l'œil et est pendue par les cheveux. Devant elle, Spiegelmayer donne l'ordre de transfert de ses parents à Breendonk (ordre qui ne sera pas mis à exécution). Soudain, des bruits de bottes retentissent dans le couloir, palabres et, contre toute attente, Young Elsie est ramenée à la prison[24].

La prison de Saint-Gilles où étaient incarcérés les membres bruxellois du Réseau Comète.

En , Jean Greindl est arrêté ainsi que sa femme et leur nouveau-né âgé de sept semaines. De nombreuses arrestations ont lieu à Bruxelles mais aussi dans la région de Namur. Une fois encore, le réseau renaîtra de ses cendres, mais tous l'ignoreront. Les allemands savent tout et s'en gargarisent[25].

En attendant le procès, young Elsie, sa maman et Nelly Deceuninck sont sorties de leur isolement et placées dans la même cellule. Le se déroule une parodie de jugement. Elles sont rejointes par Georges dans le box des accusés face à un tribunal militaire de la Luftwaffe. Un avocat allemand, qu'aucun d'eux n'a pu rencontrer auparavant, leur est assigné. Sa plaidoirie dure moins de 5 minutes, sans conviction, il plaide l'acquittement par défaut de preuves suffisantes. Le procès est mené au pas de charge et en moins de deux heures, les 4 prévenus reçoivent lecture de leur sentence, ils sont tous les quatre condamnés à mort avec toutefois la possibilité d'introduire un recours en grâce. Ce qui fut fait. Les prisonniers sont ensuite reconduits à la prison de Saint-Gilles[26].

Young Elsie introduit une demande écrite auprès de la direction pour pouvoir partager la même cellule que sa mère puisque de toute façon, elles étaient condamnées à mort et, contre toute attente, ceci fut accordé. Le regard des geôliers changea, les conditions de détention s'adoucirent quelque peu. Les colis et les visites furent autorisées. À l'extérieur, toute la noblesse, y compris la Reine mère intercède pour obtenir la clémence envers les membres du réseau. Robert rend visite, il s'occupe de leur linge et a la tâche préalable de trouver les messages cousus dans les doublures des vêtements et de les remettre à leur destinataire[26].

Le , Bruxelles est bombardée de jour. Un obus tombe sur la caserne à Etterbeek où est détenu en isolement Jean Greindl. Il est tué sur le coup[27],[28].

Tous les vendredis, young Elsie et sa maman entendent la litanie des numéros de matricules qui sont égrenés pour la déportation. Berlin est sévèrement bombardée par les alliés. Hermann Göring, furieux, décide de surseoir à toute signature de recours en grâce[29]. Le , Georges et dix autres détenus, sont conduits au Tir national et y sont exécutés[30],[28].

Le , le matricule d'Elsie, de sa maman et de Nelly Deceuninck sont appelés[30].

Déportation

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Déportation d'Elsie et de sa fille du 1er janvier 1944 à fin avril 1945.

Elsie, sa fille et vingt autres personnes condamnées à mort sont déportées le au départ de la gare de Bruxelles-Midi. Robert avait pu être informé de leur départ, il est là et leur fait signe au revoir. Il s'engouffre ensuite dans l'un des wagons destinés à des passagers qui composait le train. Arrivé en gare de Namur, Robert sort sur le quai mais le train repart aussitôt. Robert court brandissant un colis qui leur était destiné mais ne parvient pas à la hauteur de leur wagon[31]. Elsie et sa fille font une première halte à Aix-la-Chapelle où elles sont incarcérées à la prison pendant une semaine. Puis le transport reprend avec pour destination finale, la prison de Waldheim où elles restent plusieurs mois. Les condamnés à mort sont mis à l'écart, ils ne fréquentent pas les autres prisonniers, ils ne peuvent recevoir ni colis, ni visite. Les conditions sanitaires sont déplorables, la nourriture rare. Les prisonnières sont contraintes de travailler douze heures par jour. young Elsie souffre de furoncles, Elsie de diarrhées sévères. Young Elsie contracte ensuite la scarlatine, placée à l'isolement, elle est soignée par le médecin de la prison et reçoit des sulfamidés. Sa peau pèle et elle perd ses cheveux mais elle parvient à se rétablir après trois mois[32].

Elsie et sa fille sont toujours à Waldheim lorsque la nouvelle du débarquement de Normandie leur parvient. À la fin du mois de , elles sont toutes deux appelées ainsi que Nelly Deceuninck au milieu de leur journée de travail et sont enfermées à trois dans une cellule. Généralement cela signifiait pour les condamnées à mort un transport vers Dresde pour y être décapitées. Mais c'est un nouveau périple qui les attend, elles s'arrêtent un temps à Lübeck mais après une semaine, elles sont refoulées au motif que la prison n'accueille que des prisonnières allemandes. Après un très long voyage à travers l'Allemagne et la Pologne, elles arrivent finalement à Cottbus au sud-est de Berlin. C'était l'été 1944, les détenus, encouragés par l'avancée alliée en Europe étaient nerveux et turbulents si bien que les geôliers diminuaient les rations. Elsie et sa fille comme les autres prisonniers sont extrêmement faibles et deviennent squelettiques. Surtout ceux qui avaient connu le nightmare tour of Germany comparés à ceux qui étaient arrivés directement à Cottbus[33].

Un jour, lors de la promenade, young Elsie voit atterrir à ses pieds un quignon de pain lancé depuis la fenêtre d'une cellule. C'était Elvire Morelle qui le lui avait lancé : « le plus beau cadeau qui ait pu m'être fait de toute ma vie ». En septembre 1944, les détenues apprennent la libération de Bruxelles et de Paris, on chante, on danse au grand dam des geôliers qui ne distribueront plus la soupe claire pendant trois jours[34].

Les Allemands font face à leur prochaine et de plus en plus inéluctable défaite. En , les prisonnières sont transférées par groupe de 40 à 50 détenues vers Ravensbrück. Après un transport éprouvant, Elsie et sa fille sont frappées de stupeur par la première chose qu'elles voient. Young Elsie témoigne :

« Nous allions mourir de misère, de faim et d'épuisement. J'avais l'impression qu'un horrible diable nous suivait. Mais quand nous sommes arrivés à Ravensbrück, c'était le pire. La première chose que j'ai vue était un chariot avec tous les morts entassés dessus. Leurs bras et leurs jambes pendants, et leurs bouches et leurs yeux grands ouverts. Ils nous ont réduits à néant. Nous n'avions même pas l'impression que nous avions la valeur d'un bétail. Vous travailliez et vous mourriez.[35] »

Il s'agit des mortes de la nuit qui sont placées devant chaque bloc le matin de manière à être collectées par des détenues et emmenées au crématoire[34]. Elsie et sa fille et les autres prisonnières sont rassemblées dans un chapiteau pendant plusieurs heures, les plus faibles sont abattues. Elles reçoivent leur matricule[36]. Des prisonniers polonais faisaient office de police, ils étaient d'une férocité sans pitié[37].

Les détenues étaient réveillées à 4 heures du matin pour l'appel qui pouvait durer 4 heures. Debout, pieds parallèles, à un bras de distance. Il fallait déduire les morts de la nuit. Une erreur ? on recommençait le sordide décompte. En , les plus faibles sont envoyées au Jugend läger qui, après de nouvelles privations, se terminait invariablement par un black transport dont aucuns ne revenait[38]. Elsie écrit[39] :

« Début février, les vieux, les maigres et les malades ont été triés. Nous avons fait une longue file d'attente, tout nus, les uns après les autres, devant le médecin qui a mis d'un côté les cartes médicales de tous les inaptes. Tous ceux-ci furent envoyés dans un camp, un « Jugend Lager » comme ils l'appelaient, à quelques kilomètres de Ravensbruck pour y être spécialement soignés. Ce traitement spécial s’est avéré être une famine – pas de couvertures et de longues poses dans le froid. Plusieurs sont morts et, peu de temps après, tous ceux qui sont restés ont été envoyés dans un transport – le transport noir – dont on n'a plus entendu parler depuis lors. Tout porte à croire qu'ils ont été exterminés dans les chambres à gaz[40]. »

L'« escalier de la mort ». Les prisonniers devaient porter de lourds blocs de granite sur les 186 marches jusqu'au sommet de la carrière.

Elsie est sélectionnée mais grâce à une doctoresse juive rencontrée à la prison de Saint-Gilles, son statut est modifié et elle parvient à réintégrer le camp. Fin , l'évacuation de Ravensbrück est planifiée. Le , début d'une marche forcée de quatre ou cinq jours, 3000 femmes en rangées de cinq. Longue attente dans le froid que le train arrive. Ensuite, elles sont placées par groupe de 70 dans des camions de transport de bétail en direction de Mauthausen en Autriche. Le camp est sur les hauteurs et il faut encore marcher 8 kilomètres une fois descendues des camions. Les plus faibles sont abattues sur la route. Il neigeait toujours mais, maigre réconfort, elles reçoivent une tasse de café chaud à leur arrivée. Les prisonnières sont contraintes d'attendre toute la nuit dans le froid jusqu'au lendemain midi. Elsie souffre d'engelures aux pieds. Chacune est affectée à une petite paillasse et elles doivent dormir par groupe de 4 mais, même assemblées, il n'y a pas la place pour 4 personnes allongées. De nouveaux tris sont effectués pour éliminer les plus faibles. La nourriture devenait la priorité absolue. Elsie et sa fille sont à l'affût du moindre travail pour un extra de soupe. Le camp est surpeuplé. Un groupe de 1200 femmes dont Elsie et sa fille sont transférées à la carrière et sont logées dans un ancien dépôt de munition. Il y a 186 marches pour y descendre[41].

Elsie contracte une pneumonie, sa fille tente de lui trouver un lit parce qu'elles dormaient à même le sol. Il n'y a aucun médicament disponible. young Elsie parvient à acheter deux morceaux de sucre à des gitans. Des rumeurs circulent alors selon lesquelles les russes seraient tout proches[42].

La libération

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Elsie est alitée depuis 3-4 jours lorsqu'elles apprenent que les françaises et les belges doivent regagner le camp principal. Elles sont affectées à un bloc. Puis le lendemain, elles doivent marcher ignorant tout de la destination. La Croix-Rouge suisse longtemps maintenue à distance par le commandant du camp qui fit tourner les crématoires jusqu'à tomber à court de fuel, est autorisée à s'approcher des détenues. Chacune reçoit une couverture propre. Le commandant du camp est interpelé par la Croix-Rouge en raison du fait que le pain est pourri. Il est contraint de donner le pain destiné aux SS[43].

Elsie et sa fille sont évacuées à travers l'Autriche et l'Allemagne et arrivent à la frontière suisse en deux jours. De là, elles atteignent Saint-Gall et sont logées dans une école. Elles y restent trois jours et sont prises en charge par des infirmières charmantes et attentionnées. Elsie écrit[44] :

« La veille, en Allemagne, le temps était maussade et il était même tombé un peu de neige, mais pour notre premier jour en Suisse, le soleil brillait dans un ciel bleu clair, l'herbe était si verte et les arbres fruitiers étaient tous en fleurs - un symbole même de la sortie de prison dans un pays de bonté, de paix et de liberté [45]. »

Ensuite, elles sont envoyées à Lyon pour prendre un train vers Mons. Là, les anciennes détenues doivent faire la file pour se faire enregistrer mais nombre d'entre elles sautent dans le premier train pour Bruxelles comme le firent Elsie et sa fille qui sont de retour, le . Robert, grand-mère, tante Esther et son fils Paul ainsi qu'oncle Marcel sont là pour les accueillir[46].

Après-guerre

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Une nouvelle vie commence alors pour young Elsie désormais âgée de 21 ans. Elle ne pèse qu'à peine plus de 30 kilos et les médecins lui prédisent de conserver une invalidité d'environ 15 %. Young Elsie vit alors avec sa maman et Robert chez la grand-mère. Une chambre a été aménagée dans le grenier pour y loger les deux enfants tandis qu'Elsie Mary partage la chambre de la grand-mère qui a également perdu son mari emporté par un cancer de la gorge durant la guerre. À la rentrée, Young Elsie s'inscrit pour deux années de formation pour devenir physiothérapeute. Elsie Mary accepte quant à elle un travail peu gratifiant pour subvenir aux besoins de ses enfants[47].

En , Elsie Mary et ses deux enfants s'installe dans un petit appartement. À l'été 1948, young Elsie et sa maman se rendent dans la famille en Angleterre mais young Elsie développe une pleurésie et est envoyée en Suisse pour y être soignée. Elle ne rentre à Bruxelles que plusieurs mois plus tard. Elle se marie et s'installe avec son mari à Bruxelles. En 1954, Young Elsie part pour s'établir au Congo et par la suite au Burundi[48]. En 1962, Young Elsie quitte le Burundi pour revenir s'installer à Bruxelles[49].

Sa maman, Elsie Mary, meurt dans son petit appartement bruxellois, le à l'âge de 74 ans. Robert est décédé en 2018 à l'âge de 92 ans. Young Elsie est décédée, le [Notes 3], à l'âge de 98 ans.

Durant la Seconde Guerre mondiale, 155 membres du Réseau Comète perdirent la vie (dont 56 femmes). Environ un tiers fut tué par balle (pour la plupart des hommes), les autres moururent dans des camps de concentration [50].

Personnes aidées par la famille Maréchal

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  • Edward Bradshaw "Ted"[51]
  • Henri Bridier
  • Robert Brown[51]
  • Jack Edward Cope[51]
  • Ivan Henry Davies "Melbourne"[51]
  • John Lewis Griffiths "Jack"[51]
  • Lorne Edward Kropf[51]
  • Dalton Charles Monce[51]
  • Charles Morelle[Notes 4]
  • Pyotr Kuzmitch Pinchuko[51]
  • Earl Georges Price[51]
  • William Samuel Oliver Randle "Bill"[51]
  • Alekseï Evdokimovitch Stadnik[51]
  • Ralph Van den Bok[51]
  • Anton Wasiak (Wosiack)[51]
  • Jack Andrew Winterbottom (Winterton)[51]

Reconnaissances

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Notes et références

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  1. Il s'agit de Ivan Davies.
  2. Le baron Jean Greindl est le directeur du Swedish feeding center bruxellois, la cantine suédoise.
  3. Cette date du 21 juin traverse toute l'histoire de cette famille. Il s'agit de la date anniversaire de sa maman et de celle de mariage de ses parents, c'est également le 21 juin que la messe en souvenir de Georges est donnée.
  4. Stupéfait par la qualité de prise en charge du réseau Comète, il en deviendra un membre actif.

Références

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  1. Etherington 2002, p. 9-10.
  2. Etherington 2002, p. 13.
  3. a et b Etherington 2002, p. 16-17.
  4. Etherington 2002, p. 21-25.
  5. a et b Etherington 2002, p. 35-36.
  6. a et b Etherington 2002, p. 36-37.
  7. a et b Etherington 2002, p. 44-49.
  8. Etherington 2002, p. 41-42.
  9. Neave 2016, p. 64.
  10. Etherington 2002, p. 55-60.
  11. Neave 2016, p. 62-69.
  12. Neave 2004, p. 140-149.
  13. Ottis 2001, p. 130.
  14. Etherington 2002, p. 60-61.
  15. Neave 2016, p. 71.
  16. Neave 2016, p. 72.
  17. Etherington 2002, p. 61-62.
  18. Neave 2016, p. 71-73.
  19. Ottis 2001, p. 132.
  20. Neave 2016, p. 77-79.
  21. Ottis 2001, p. 133.
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  23. Etherington 2002, p. 65-68.
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  25. Etherington 2002, p. 70-72.
  26. a et b Etherington 2002, p. 72-73.
  27. Etherington 2002, p. 76.
  28. a et b Ottis 2001, p. 137.
  29. Etherington 2002, p. 77.
  30. a et b Etherington 2002, p. 78.
  31. Etherington 2002, p. 80.
  32. Etherington 2002, p. 84-87.
  33. Etherington 2002, p. 88-91.
  34. a et b Etherington 2002, p. 92.
  35. Shute 2013, p. 31.
  36. Elsie le 84887 et young Elsie le 84888.
  37. Etherington 2002, p. 96-98.
  38. Etherington 2002, p. 98-102.
  39. Draper 2017.
  40. At the beginning of February the old, the thin and ill were sorted out. We passed in a long queue stark naked one after the other before the doctor who put the medical cards on one side of all those picked out as unfit. All these were sent to a camp, a ‘Jugend Lager’ as they called it, a few miles from Ravensbruck to be specially looked after. This special treatment turned out to be starvation – no blankets and long poses in the cold. Several died and after a short time all those who remained were sent on transport – the black transport – none of those in that transport have been heard of since. Everything leads us to believe that they were exterminated in the gas chambers.
  41. Etherington 2002, p. 102-107.
  42. Etherington 2002, p. 108.
  43. Etherington 2002, p. 109-110.
  44. Etherington 2002, p. 110.
  45. The day before, in Germany, it had been dull weather and even some snow had fallen, but our first day in Switzerland the sun was shining in a clear blue sky, the grass was so green and the fruit trees all in blossom —a very symbol of stepping out of prison into a land of kindness and peace and liberty.
  46. Etherington 2002, p. 111-112.
  47. Etherington et 2002 p.113-115.
  48. Etherington et 2002 p.117-124.
  49. Etherington et 2002 p.125-126.
  50. Neave 2016, p. 185-190.
  51. a b c d e f g h i j k l m et n Etherington 2002, p. 49.

Bibliographie

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La principale source primaire concernant l'histoire de la famille Maréchal est une monographie dactylographiée par Elsie Maréchal-Bell après guerre. En 2002, William Etherington la reprend augmentée des commentaires et souvenirs de Young Elsie(cf. infra pour le livre et la note 1 pour des précisions sur l'auteur). Airey Neave, ex-agent du MI9, a également beaucoup écrit sur le Réseau Comète. Dans Little Cyclone, le chapitre 8 « Rue Voltaire » est consacré aux Maréchal et dans Saturday at M.I.9, le chapitre 12 de la Part III « Marechal's affair » leur est également consacré.

Les entrées bibliographiques marquées de Document utilisé pour la rédaction de l’article ont servi à la rédaction de cet article.

Liens externes

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