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Edwin von Manteuffel

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Edwin von Manteuffel
Edwin von Manteuffel

Naissance
Dresde
Décès (à 76 ans)
Karlsbad
Origine Drapeau de la Prusse Royaume de Prusse
Allégeance Drapeau de la Prusse Royaume de Prusse
Drapeau de l'Empire allemand Empire allemand
Arme cavalerie (Uhlans)
Grade général d'armée
Années de service 1824 – 1885
Commandement 1er corps d'armée (1870), puis 1re armée (de) (été 1870) et armée du sud (sept.-oct. 1870), forces d'occupation en France
Conflits Guerre des duchés (1864), Guerre austro-prussienne (1866), Guerre franco-prussienne de 1870
Faits d'armes campagne du Main (1866), Bataille de Borny-Colombey, Bataille de Villers-Bretonneux (1870), Bataille de la Lizaine
Distinctions Pour le Mérite (1866), Ordre de l'Aigle noir et Grand-croix de la Croix de fer (1870), maréchal (1873)
Autres fonctions gouverneur militaire du Schleswig (1864), Reichsstatthalter de l'Alsace-Lorraine (1873-85)

Le comte Hans Edwin von Manteuffel, né à Dresde le et mort à Carlsbad, le , est un militaire prussien qui fut aide de camp du prince Albert de Prusse, puis de Frédéric-Guillaume IV et gouverneur d'Alsace-Lorraine.

Il est le fils du conseiller privé Hans Carl Erdmann von Manteuffel (de) et de son épouse Isabella Johanna Wilhelmine, née comtesse zu Lynar, veuve comtesse von Wartensleben (1781-1849).

Carrière militaire

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Conflits et guerres

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Appelé à l'État-major, le baron Edwin von Manteuffel réorganise l'armée prussienne et participe à la guerre prusso-danoise de 1864, puis à la guerre austro-prussienne de 1866.

Pendant la guerre franco-allemande de 1870, le lundi 5 décembre 1870, il fit son entrée à Rouen[1].

Il commande l'armée du Sud prusso-badoise dans le centre-est de la France et vainc l'armée de l'Est du général Bourbaki en l'acculant à la frontière suisse, en janvier 1871.

Après le Traité de Francfort, Edwin von Manteuffel est nommé Oberbefehlshaber de l'armée d'occupation en France, où il travaille en étroite collaboration avec Saint-Vallier. Promu au grade de Generalfeldmarschall le , Manteuffel quitte la France.

Terre d'empire d'Alsace-Lorraine

Jouissant de l'estime de l'empereur Guillaume Ier, il est pressenti pour succéder à Bismarck. Avec habilité, ce dernier écarte Manteuffel en lui proposant un nouveau poste dans l'Empire. En 1879, Bismarck place ainsi Edwin von Manteuffel à la tête de l'Alsace-Lorraine, ou Reichsland Elsaß-Lothringen. Alors que son prédécesseur, le haut président Eduard von Möller disposait de pouvoirs civils limités, Manteuffel devient Reichsstatthalter (gouverneur) du nouveau territoire d'Empire, avec des pouvoirs civils et militaires plus étendus.

Sans abandonner l'ambition d'intégrer culturellement l'ensemble de la population annexée, (qu'elle soit de tradition germanophone ou francophone) Manteuffel, avec l'appui du conseiller aux cultes Friedrich Althoff, met toutefois en œuvre une politique habile et pleine de tact, en rupture avec la radicalité de ses prédécesseurs.

« Je ressens avec vous combien il doit vous être pénible d’être séparés de la France, si distinguée par son génie et sa vie intérieure ; mais maintenant vous appartenez à l’Allemagne ; attachez-vous à elle franchement et loyalement, sans arrière-pensée. [...] Je serai impuissant si les Alsaciens-Lorrains ne font pas preuve de ce patriotisme. [...] Je réitère mon vœu de voir s’établir entre nous une confiance réciproque pour que nous travaillions de concert au bien-être du pays[2]. »

Cette stratégie de séduction politique s'incarne notamment dans l'attention inédite portée par Edwin Manteuffel à la santé des enfants à l'école. À l'initiative de plusieurs campagnes médicales[3], il participe à la promotion des exercices corporels et de la gymnastique dans les écoles annexées[4].

Le nouveau Statthalter se heurte bientôt à la résistance d'une partie des élites, particulièrement en Alsace. Prenant parti pour le clergé catholique en plein Kulturkampf, il s'aliène naturellement les protestants et les libéraux alsaciens. Conscient de ce contexte politique difficile, Bismarck décide pourtant de le laisser en place. En 1885, fatigué et usé par ses responsabilités, Edwin von Manteuffel se retire à Karlsbad, où il décède le . Il est enterré au cimetière principal de Francfort.

Sa politique qui consistait à s'appuyer sur les notables, auxquels il donnait systématiquement raison, avait donné à la population l'habitude de s'adresser à eux pour la moindre requête, faussant ainsi le mécanisme administratif du pays et mécontentant les fonctionnaires allemands. Ami de l'empereur, il put rester en fonctions jusqu'au bout mais, à sa mort, tout le travail était à reprendre[5].

Clovis de Hohenlohe-Schillingsfürst lui succède en 1885.

La Manteuffel Kaserne à Strasbourg fut nommée en son honneur. Elle est renommée quartier Stirn lors du retour à la France.

Manteuffel épouse Hertha von Witzleben (de) (1815-1879) à Berlin le 16 janvier 1845. Elle est la fille du futur lieutenant général et ministre de la guerre prussien Job von Witzleben (1783-1837). Quatre enfants sont nés de ce mariage :

  • Emilie Auguste Herta Isabella (1844-1918), dame d'abbaye d'Heiligengrabe.
  • Hans Karl (1846-1881), capitaine prussien
  • Ernst August Edwin (1848-1895), major prussien et fonctionnaire en Afrique orientale allemande.
  • Hans Karl (1852-1911), capitaine de cavalerie prussien

Notes et références

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Sur les autres projets Wikimedia :

  1. Albert-Eugène-Ernest Tougard Joseph-Prudent Bunel, Géographie du département de la Seine-Inférieure, Impr. de E. Cagniard, (lire en ligne)
  2. Allocution prononcée le 15 octobre 1879 à l'hôtel de la préfecture de Metz, devant les fonctionnaires, le clergé et les corps constitués de la Lorraine
  3. La surcharge du travail des élèves dans les écoles publiques supérieures en Alsace-Lorraine. Boccard, Gex, 1884 (p. 58)
  4. Eric Dreidemy : Article «Edwin Manteuffel et le Turnen de la conciliation en Alsace-Lorraine annexée (1879-1885) », in Thierry Arnal (dir.): Aux origines de la gymnastique moderne. PUV, Valenciennes, 2011 (p. 207-227)
  5. Edmond Dupuybaudy : Préface des Souvenirs du prince Alexandre de Hohenlohe, Payot, 1928

Bibliographie

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Liens externes

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