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Château des Marbais (Vieux Châtelet)

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Le Château des Marbais (Vieux Châtelet)
Image illustrative de l’article Château des Marbais (Vieux Châtelet)
Château médiéval « Le Vieux Châtelet » à Marbais
Période ou style Moyen Âge
Type Château fort
Début construction XIIIe siècle
Propriétaire initial La famille des Marbais
Destination actuelle Habitation privée et Hébergement touristique (Gite et logements insolites)
Protection Icône du bouclier bleu apposé sur un immeuble classé de la Région wallonne Patrimoine classé (1991, Vallée de la Thyle en amont et en aval du moulin d'Hollers, 25107-CLT-0008-01)

Icône du bouclier bleu apposé sur un immeuble classé de la Région wallonne Patrimoine classé (1973, [[Château des Marbais (Vieux Châtelet) ]], 25107-INV-0016-02)

Coordonnées 50° 34′ 12″ nord, 4° 31′ 08″ est
Pays Drapeau de la Belgique Belgique
Région historique La Seigneurie de Marbais
Subdivision administrative Région wallonne
Localité Villers-la-Ville (Belgique)
Site web https://ledomainedestroistilleuls.be/

Le château des Marbais, connu sous le nom de Vieux Châtelet, est un château médiéval du XIIIe siècle. Il est situé sur un éperon rocheux dominant la confluence de la Thyle et le vallon du Ri des Goutailles, à Marbais dans la commune de Villers-la-Ville en Belgique. Ce site était le siège de l'ancienne seigneurie de Marbais.

Localisation

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Le château médiéval du Domaine des Trois Tilleuls est situé en Belgique, dans la Province du Brabant wallon, sur le territoire de la commune de Villers-la-Ville. Le château domine la vallée de la Thyle, une petite rivière qui traverse un paysage vallonné et boisé, offrant un cadre naturel préservé. Le domaine s’étend sur une zone caractérisée par la confluence de la Thyle et du vallon du Ri des Goutailles, un vallon profond entouré de forêts.

Histoire de la famille seigneuriale de Marbais

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La famille de Marbais est mentionnée dès le Xe siècle, avec pour ancêtre Adon de Marbais (environ 920-970), connu sous le titre de "comte de Marbes", selon une charte datée de 970 des archives de la Métropolitaine de Cambrai. Adon serait issu des anciens princes de Lorraine, possiblement du royaume de Metz ou d’Austrasie. Son fils, Wauthier Ier de Marbais (environ 955-1000), lui a succédé[1].

Les premiers documents attestant de la présence d’une église domaniale à Marbais datent de 980. Au XIIe siècle, les seigneurs de Marbais jouissent d’un certain prestige. Gauthier de Marbais, titré chevalier, apparaît dans un acte du 28 novembre 1155, témoignant d’un accord de franchises octroyé par Henri, comte de Namur, aux habitants de Fleurus[1].

Jusqu’au XIIe siècle, la terre de Marbais avait le statut d’alleu, un domaine héréditaire détenu en pleine propriété, comme le rapporte l’historien Gramaye. Eustache de Marbais, un des seigneurs, est cité à ce titre. La famille de Marbais possédait des terres importantes dans la vallée de la Thyle, une zone contestée entre les ducs de Brabant et les comtes de Namur[1].

En 1146, Gauthier de Marbais fit don d’une partie de ses terres, comprenant eaux, champs et pâturages, aux moines cisterciens pour la création de Abbaye de Villers. Le château de la famille fut construit au lieu-dit le Châtelet, au nord de la seigneurie restante, avec un donjon datant probablement du milieu du XIIe siècle[1].

Architecture

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L’ensemble fortifié se composait à l’origine de deux cours : la haute cour avec le donjon, et la basse-cour abritant une ferme, appelée la "Cense du Chastelet", ainsi qu'une chapelle castrale. Un pont-levis permettait d’accéder à la basse cour, traversant un fossé entourant la forteresse[2].

Le Château des Marbais, dans son architecture médiévale, se distingue par un donjon en schiste noir, construit probablement au XIIe siècle. Ce donjon rectangulaire (12,3 x 9,8 mètres) n'était pas voûté et servait d'habitation à l'étage, accessible par une porte surélevée. Il comportait de grandes fenêtres et une cheminée, aujourd'hui disparue. Il est fort probable que le donjon comportait un étage supplémentaire, renforçant son rôle défensif[3].

Au début du XIIIe siècle, un système de courtines en pierre a été ajouté pour ceinturer le donjon, qui jusque-là était simplement entouré d'une palissade. L'enceinte dessinait un plan trapézoïdal, avec des tours aux angles, dont la tour sud-est est la mieux conservée aujourd'hui. Ces tours étaient reliées par un chemin de ronde et offraient des positions défensives avec des archères pour surveiller les alentours. Une construction appelée « chapelle » fut également édifiée au XIIIe siècle, bien que modifiée par la suite. Ce château, typique des forteresses seigneuriales médiévales, repose principalement sur la robustesse de ses murs pour sa défense[3].

En 1554, le château fut gravement endommagé par les troupes du roi de France, Henri II, avant d'être partiellement reconstruit. En 1600, la propriété passa aux mains de la famille T’Serclaes de Tilly. Dès cette époque, le château cessa de jouer un rôle politique et fut transformé en exploitation agricole[2].

Aujourd’hui, le site conserve plusieurs éléments architecturaux d'origine, dont le donjon du XIIIe siècle, intégré à une enceinte polygonale autrefois protégée par plusieurs tours circulaires. Un large fossé longe la muraille sud, tandis que les autres côtés de la forteresse sont défendus par des pentes abruptes[2].

L'accès principal se fait par le sud, via un pont en pierre à quatre arches, qui a remplacé l'ancien pont-levis. À l'intérieur de l'enceinte, on trouve un logis agricole reconstruit au début du XVIIIe siècle en brique, contrastant avec les autres bâtiments, principalement construits en schiste local[2].

L'entrée d'origine présente une tour de deux étages avec des archères, une voûte en ruche et un escalier intra-mural. Des vestiges de l'ancienne chapelle castrale subsistent, bien que transformés au fil du temps[2].

Entre 1968 et 1970, des travaux de restauration ont été menés, permettant de sauver plusieurs parties du château. Le domaine est ensuite utilisé à des fins agricoles et touristiques. Le donjon et les dépendances rénovées témoignent encore de l’histoire médiévale du site[2].

Château actuel

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Le Château des Marbais (Vieux Châtelet) a aujourd'hui une double vocation.

Habitat privé

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Il sert d'habitat privé pour la famille propriétaire, qui réside dans le corps de logis principal, restauré au cours du XXe siècle[4],[5].

Hébergement touristique

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Le Gite du château

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Sous la dénomination du Domaine des Trois Tilleuls, le château, et le domaine qui lui est rattaché, accueille des hébergements touristiques. Il accueille un gîte aménagé dans une partie du château. Il offre aux visiteurs une expérience immersive dans ce cadre historique. Ces deux usages coexistent, permettant à la fois la préservation de l’habitat familial et l'ouverture du site au public dans un cadre touristique respectueux de l'environnement et du patrimoine[4],[5].

Les cabanes champêtres

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Les cabanes champêtres du Domaine des Trois Tilleuls sont des hébergements en bois, situés dans des prairies. Construites sur pilotis, elles sont conçues avec des matériaux naturels et équipées de systèmes de gestion écologique, tels que la phyto-épuration. Leur implantation vise à minimiser l'impact sur l'environnement tout en offrant un hébergement en pleine nature[4],[5].

Le Tour Sainte Croix

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Le village de Marbais, rattaché à l’histoire du Vieux Châtelet, a préservé au fil des siècles plusieurs traditions, dont le Tour Sainte Croix, une procession religieuse associée à la vénération d'une relique de la Sainte Croix. Selon la légende, Gérard, un seigneur de Marbais, aurait ramené de Jérusalem des morceaux de cette relique et offert à l'église Saint-Martin de Marbais en 1199. Une bulle papale de Paul V, datée du 15 mai 1609, confirme la présence de la relique à Marbais et accorde des indulgences pour les actes de dévotion qui y sont associés[6].

Le Tour Sainte Croix est une procession annuelle qui a lieu à Marbais chaque premier dimanche de mai. Cette procession est centrée autour d’une relique précieuse, un fragment de la Croix du Christ, conservée dans une staurothèque au sein de l’église de Marbais. Ce reliquaire, conçu entre 1400 et 1500, a été offert à l’église par un seigneur local de retour des Croisades vers 1199. Il constitue l’un des premiers objets inscrits sur la liste des biens d’intérêt patrimonial en Fédération Wallonie-Bruxelles[6].

Le Tour Sainte Croix couvre un parcours de 25 à 26 kilomètres et débute après une messe à 4h du matin. La relique est portée en procession à travers plusieurs villages, notamment Villers-la-Ville, Tilly, Marbisoux et Wagnelée, avant de revenir à Marbais à midi. La tradition est documentée dans un règlement recopié en 1739, qui atteste de son ancienneté. La procession s'arrête notamment devant le château des Marbais[6].

Extrait du règlement du Tour Saint Croix expliquant le passage dans le Château des Marbais[7]:

Que paravent les troubles on paioit de chacun 3 patars et demi. En telle bon ordre s'en vat la ditte procession, trois à trois avec les croix et confanons jusqu'à la maison et chateau du dit Seigneur. Lors lon vient à faire station et poser la ditte Sainte Croix sur l'autel en la chapelle du dit chateau. Chantons Régina Coeli. Et après de ce fait de la même sortant de ma ditte chapelle ledit Baron et Seigneur dudit Marbais doi présenter le desjuner au prestre portant la ditte Sainte Croix s'il luy en plait et aux clercques chantant à la ditte procession, doit aussi à ceux qui portent les dittes tortiers er les gonfanons, enseignes tambours et autres joueurs d'instruments la souppe avec du pain et de la bierre et une bonne pièce de chair de boeuf[7].

Deux confréries locales jouent un rôle central dans cette procession : les Sapeurs Chevaliers de la Sainte Croix et le Serment Royal de Saint Sébastien. Ces derniers organisent également, le dernier dimanche d’avril, le tir de l’oiseau royal, une compétition consistant à abattre un coq en bois placé au sommet d’une perche de 30 mètres à l’aide de flèches. L’archer victorieux reçoit le titre de roi pour un an et participe ensuite au Tour Sainte Croix aux côtés de onze autres confrères[8].

La staurothèque de Marbais, datant de 1400-1500, est un reliquaire orné de décors figuratifs en orfèvrerie, conçu pour protéger un fragment de la Vraie Croix. Le reliquaire est décoré de scènes de calvaires et de sept médaillons, témoignant de l'influence des Croisades sur le développement du culte de la Croix dans la région. Il illustre également les styles orfévrés pratiqués à la fin du Moyen Âge, période pour laquelle peu d'œuvres locales de cette qualité subsistent. Elle est conservée à l'église Saint-Martin de Marbais et a été inscrite comme bien d’intérêt patrimonial le 31 janvier 2024[9].

Références

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  1. a b c et d Philippe Marchand, Des Seigneurs de Marbais et d'Hollers aux moines cisterciens de Villers-en-Brabant, en passant par les chefs gaulois: l'essor de tout un village...,, Villers-la-Ville, Sentiers Libres, , p. 24
  2. a b c d e et f Bernadette STREEL, Caroline d'URSEL, « château (Le Vieux Châtelet) » Accès libre, sur Inventaire du patrimoine immobilier culturel, date de publication - 2018
  3. a et b Thiébaut Jacques., « Le château de Marbais. », Bulletin Monumental, vol. tome 136, no n°4,‎ , p. 353. (lire en ligne)
  4. a b et c Marie-Eve Rebts, « Un écrin historique en pleine diversification à Villers-la-Ville », Le Soir, vol. quotidien, no 57,‎ , p. 8-9 (lire en ligne Accès limité)
  5. a b et c Martin Boonen, « Domaine des Trois Tilleuls : la nouvelle vie d'une propriété de famille », L'Eventail, vol. Web,‎ (lire en ligne)
  6. a b et c Église catholique en Brabant wallon, « Tour Sainte Croix à Marbais », sur Église catholique en Brabant wallon
  7. a et b P. Pieret, Reglement de la procession de la Sainte Croix, Marbais, Greffier, , 3 p. (lire en ligne), p. 2-3
  8. La Confrérie des Chevaliers de la Sainte Croix, « La relique et le tour Ste Croix. », sur La Confrérie des Chevaliers de la Sainte Croix
  9. Fédération Wallonie Bruxelles, « Reliquaire staurothèque de Marbais », sur Patrimoine Culturelle

Bibliographie

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  • Philippe Marchand, Des Seigneurs de Marbais et d'Hollers aux moines cisterciens de Villers-en-Brabant, en passant par les chefs gaulois: l'essor de tout un village, Sentiers Libres,
  • Roger Pilloy-Dubois, La Seigneurerie de Marbais (du XIe au XVIe siècle,
  • Roger Pilloy-Dubois, Les Seigneurs de Marbaix dans leurs rapports avec les abbayes avoisinantes (Le folklore brabançon no 199), province de Brabant,
  • Roger Pilloy-Dubois, Villers-la-Ville (recherches historiques sur le village)

Lien externe

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