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CANNES 2024 Un Certain Regard

Gints Zilbalodis • Réalisateur de Flow, le chat qui n’avait plus peur de l’eau

“Créer un sentiment d'artisanat fait main était capital”

par 

- CANNES 2024 : Nous avons rencontré le réalisateur de films d'animation letton pour discuter d'inondations apocalyptiques et d'animaux domestiques

Gints Zilbalodis • Réalisateur de Flow, le chat qui n’avait plus peur de l’eau
(© Kristaps Kalns)

Contrairement à ce qui se passait dans Away [+lire aussi :
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, le premier long-métrage d’animation de Gints Zilbalodis, dans son deuxième film animé, Flow, le chat qui n’avait plus peur de l’eau [+lire aussi :
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interview : Gints Zilbalodis
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, projeté à Cannes dans la section Un Certain Regard, le héros n’est plus seul. Et Zilbalodis non plus. Pour faire Away, il avait assumé seul une grande partie des responsabilités artistiques : la mise en scène, l’animation, l’écriture du scénario, le montage et la composition de la musique. Pour Flow, il s'est adjoint de Matīss Kaža pour l'écriture et entouré d'une équipe plus vaste pour le reste. Ce film, sans dialogues et sans humain à l'écran, nous embarque dans un voyage magnifique avec un chat noir forcé de fuir à cause d'une inondation et de surmonter sa peur de l’eau en naviguant sur un bateau avec d’autres animaux.

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Cineuropa : Flow évoque beaucoup de choses : l’arche de Noé, le changement climatique, la crise des réfugiés ou même un récit folklorique sur la moufle d’un grand-père. Dans quelle mesure toutes ces idées ont-elles été volontairement insérées ici ? À moins que vous n'ayez avant tout laissé libre cours à votre imagination...
Gints Zilbalodis :
Le film est principalement venu d'un flux d'idées intuitif. Tout a commencé avec le chat. C’est une créature individualiste et indépendante qui accepte avec réticence les autres, mais le voilà qui doit apprendre à s’entendre avec d’autres animaux et à collaborer avec eux. L’inondation n’est pas nécessairement une référence à une mythologie spécifique : l'idée est venue du désir de montrer la peur du chat. Donc c’est quelque chose de simple de personnel, pas quelque chose de grandiose qui puise dans des références. Ces inondations servent néanmoins aussi de métaphore pour une catastrophe qui bouleverse les routines quotidiennes et nous oblige à changer.

Comment ce groupe d’animaux s'est-il formé ?
Le chat était le personnage central, et le chien a suivi très vite. Comme j'abordais les sujets de l’individualité, de la société et de l'intégration par opposition à l'indépendance, le chien a été introduit comme force opposée au chat. Au début, c'est un suiveur, qui a peur d’être laissé seul, mais il devient un preneur de décision indépendant. Les autres personnages sont nés de cette dynamique.

En tant que personne habituée à travailler seule, comment s’est passé pour vous le travail en équipe ?
J’ai eu de la chance d'avoir l'équipe que j'ai eue. Cependant, le travail en équipe emporte aussi beaucoup plus de responsabilités en terme d’organisation, et pour trouver une voie commune qui puisse mener à l’objectif désiré. Compte tenu du fait qu’avant, je faisais mes films seul, c’était un terrain entièrement nouveau pour moi : plus de 50 personnes ont participé. Le travail artistique et technique, c’est une chose, mais la gestion d’une équipe au sein de laquelle il faut constamment communiquer, c’est autre chose. Avant, tout ce qui me venait à l’esprit ne dépendait que de moi. Là, j'ai dû m’habituer à communiquer mes idées, qui sont parfois très abstraites.

Flow offre une expérience profondément Immersive au spectateur. Pouvez-vous nous en dire plus sur votre approche pour obtenir ce sentiment tactile et subjectif intense ?
Les mouvements de la caméra et la mise en scène ont été les éléments clefs, pour créer ce sentiment de présence. Les séquences longues et le montage relativement minimal permet d’obtenir ça. Une prise contient et des gros plans intimes et des paysages vus de loin. Cela aide à appréhender l'immensité et à avoir l'impression qu'on est plongé dans cet environnement. L’absence de dialogue exigeait que j’utilise la caméra comme moyen artistique premier pour transmettre la profondeur émotionnelle des choses. Je visualise un mouvement, un rythme, et puis j’essaie de comprendre comment remplir cet espace. Même si le tempo varie, le mouvement est constant. Cela permet d’immerger le spectateur. Mais il est capital d’avoir des moments de silence et de laisser de la place pour respirer.

Cet environnement unique, avec ses grandes altitudes et sa flore et sa faune uniques, évoque un monde qui a peu à voir avec la Lettonie. Qu’est-ce qui vous a inspiré pour créer décor très particulier ?
C’est un mélange d’influences. Le film ne se réfère pas à un endroit particulier sur notre planète. J’étais déterminé à éviter tout élément ordinaire. L’environnement et l’atmosphère amplifient le sentiment d’étonnement et de terreur du chat. Quand je réfléchissais à la manière de représenter son anxiété, j’ai imaginé une scène avec des chats qui se noient, mais je ne pouvais pas laisser cet animal se noyer, alors j'ai décidé d’utiliser ces énormes statues de chats. Dans ma réflexion, je tends à commencer par la fin et à travailler à rebours pour trouver le reste. Peut-être qu’un sculpteur a vécu là.

Cette fois, vous n’êtes pas le seul compositeur de la musique du film. Pouvez-vous nous en dire plus sur cet aspect ?
Pour Away, la musique était assez minimaliste. Cette fois, j’ai opté pour quelque chose de plus concret. J’ai commencé à composer alors que le scénario était encore en écriture. Créer la musique très tôt m’a permis d’éditer à mon rythme, mais je voulais tout de même travailler avec un professionnel. Rihards Zaļupe [le co-compositeur] m’a aidé pour l’orchestration et l’adaptation. En utilisant les percussions et d’autres instruments, il a aussi créé de nouveaux morceaux. Avant, on avait l'impression que chaque scène fonctionnait comme un élément indépendant ; Zaļupe m’a aidé à obtenir fluidité et uniformité. Enregistrer les cordes avec l’orchestre Sinfonietta Rīga a été une expérience magnifique. Avoir une musique artisanale, faite main, plutôt que quelque chose de généré numériquement était crucial, pour la bande originale et pour le film dans son ensemble.

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(Traduit de l'anglais)

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