Avec la mise en place du réseau Trans-Europ-Express à la fin des années 1950, se forma une étoile ferroviaire autour de Milan permettant aux habitants de la capitale lombarde de rallier, à bord de trains rapides et luxueux, les grandes métropoles européennes de Lyon, Marseille, Munich ou Genève.
C'est dans ce contexte que fut mis en service, sous la numérotation TEE GM-MG, le 1er juin1958, le TEE Lemano reliant Milan (Gare centrale) et Genève (gare de Cornavin)[1]. La liaison, assurée par rame automotrice diesel italienne de type ALn 442-448, parcourait en 4 h 13 (88 km/h de moyenne) dans le sens Italie-Suisse et en 4 h 06 en sens inverse (90,5 km/h de moyenne), les 371 kilomètres séparant les deux villes sur les voies des Ferrovie dello Stato ou FS et des Chemins de fer fédéraux ou CFF. Le train quittait Milan à 9 h 05 et parvenait à Genève-Cornavin à 13 h 18, en soirée, il partait de Genève à 17 h 29 et parvenait à sa destination à 21 h 35[2].
Au cours des 25 années de son existence, le TEE Lemano se caractérisa par une remarquable stabilité de sa fréquence, 1 seul A/R par jour sans renforcement saisonnier comme sur certains de ses homologues, et du nombre des arrêts intermédiaires, 3 arrêts au début de l'exploitation: Domodossola, Brigue et Lausanne dans le sens Milan-Genève, un quatrième à Sion de l'horaire d'été 1969 à celui de 1975 qui fut remplacé à partir de cette date par celui de Stresa[2]. La vitesse moyenne ne s'améliora guère car le tracé avait été conçu avec les plus hautes vitesses compatibles sur les voies empruntées[2].
En revanche, si le train du matin garda sensiblement le même horaire, il n'en fut pas de même pour celui de soirée qui varia en fonction des TEE créés après 1958 et de la fréquentation. La création, le 1er juillet1961, du TEE Cisalpin qui reliait Paris à Milan par Lausanne, empruntant, à partir de cette ville le même parcours que le Lemano, notamment la ligne du Simplon, obligea à un changement d'horaire. Ce nouveau train parvenait en Lombardie à 21 h 15, ce qui aurait fait circuler les deux TEE sur les mêmes voies à 15 minutes d'intervalle[3]. Le départ de Suisse du TEE Lemano fut donc retardé à 19 h 10 (arrivée Milan à 23 h 45) jusqu'en 1965, mais face à la désaffection des voyageurs, de nouvelles refontes des horaires furent effectuées. De 1965 à 1967, l'horaire du train fut nettement avancé, le départ fixé à 15 h 01, puis, la fréquentation ne s'améliorant guère, ramené franchement en début d'après-midi, à 13 h 13 à compter de l'été 1967. À quelques variations près, le TEE Lemano garda ce créneau jusqu'au terme de son existence[4].
Un changement important intervint pour le service d'été 1971 avec le retrait des automotrices ALn 442-448[5] et leur remplacement par des rames tractées par les locomotives électriques, Re 4/4 II des CFF et des E 444Tartaruga des FS[6]. Cette modification de traction influa peu sur le temps de parcours du train, renuméroté TEE 25-24, car les gains de temps (19 minutes dans le sens Milan-Genève, 11 minutes pour le retour) étant presque annulés par les 10 ou 11 minutes nécessaires à la permutation des locomotives à Domodossola[7]. Ce fut surtout le confort apporté par les cinq nouvelles voitures TEE des FS qui séduisirent les voyageurs ainsi que la capacité accrue de la rame (144 places, voire 192 en composition renforcée contre 90 auparavant)[8]. Le TEE Lemano fut ainsi fréquenté par une clientèle nombreuse jusqu'à disparition, le 23 mai1982, et son remplacement par un train InterCity[8].
Du au : ayant subi un retard à la livraison, les voitures de 1e classe à couloir central (Ap) ne sont incorporées que quatre mois après les autres voitures de la série.
Après le retrait du Lemano du pool TEE, des voitures VSE de 2e classe furent ajoutées à la rame, et la voiture-restaurant fut supprimée. Les quatre Re 4/4IV vinrent se subtiliser aux Re 4/4II sur parcours suisse.
↑Deux de ces automotrices avaient été détruites lors de leur service sur le TEE Lemano, l'une victime d'un incendie dans le tunnel du Simplon en novembre 1969, l'autre gravement accidentée après une collision avec un tracteur des CFF en gare de Loeche en novembre 1971.
↑Maurice Mertens, Les TEE: Trans Europ Express, p. 116.
↑Maurice Mertens, Les TEE: Trans Europ Express, pp. 116-117.
↑ a et bMaurice Mertens, Les TEE: Trans Europ Express, p. 117.