Combat de La Chapelle-Saint-Aubert
Date | |
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Lieu | La Chapelle-Saint-Aubert |
Issue | Victoire des chouans |
République française | Chouans |
Inconnu | • Aimé Picquet du Boisguy |
Inconnues | 300 hommes[1] |
Inconnues | 12 morts[1] 22 blessés[1] |
Batailles
- La Chène
- 1re Argentré
- Pont de Cantache
- Paintourteau
- Les Iffs
- Louvigné-du-Désert
- La Poterie
- 1er Rocher de La Piochais
- Saint-Jean-sur-Vilaine
- Ducey
- La Ribassais
- La Bataillère
- 1er La Croix-Avranchin
- Laignelet
- 1er Saint-James
- Carnet
- La Bazouge-du-Désert
- Blanche-Lande
- 1er Fleurigné
- Pocé
- 2eLa Gravelle
- Dourdain
- 1er Saint M'Hervé
- Saint-Marc-le-Blanc
- Tremblay
- Fougères
- La Vieuville
- Bois-Rouland
- Boucéel
- 2e Saint-James
- Mecé
- Pont de Quincampoix
- 2e Rocher de La Piochais
- 2e La Croix-Avranchin
- Lande d'Izé
- Romagné
- 1er La Pellerine
- 2d Saint M'Hervé
- Bréal
- Bais
- Cornillé
- Romazy-Rimou
- La Maison-Neuve
- Juvigné
- Piré
- La Valette
- Saint-Hilaire-des-Landes
- 2e La Pellerine
- Valennes
- Toucheneau
- 1er Saint-Aubin-du-Cormier
Coordonnées | 48° 18′ 52″ nord, 1° 18′ 23″ ouest | |
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Le combat de La Chapelle-Saint-Aubert a lieu en pendant la Chouannerie.
Prélude
[modifier | modifier le code]Le déroulement de ce combat est rapporté par l'officier chouan Toussaint du Breil de Pontbriand, dans ses mémoires[Note 1]. Celui-ci le place aux alentours de juillet 1794[2], mais il se déroule en réalité en avril[1],[3].
D'après son récit, Aimé Picquet du Boisguy est contacté à cette époque par Joseph de Puisaye, un ancien officier fédéraliste réfugié dans la région de Vitré, qui lui demande un entretien[1],[2]. Du Boisguy propose un rendez-vous à La Chapelle-Saint-Aubert, « sans savoir quel était ce personnage et ce qu'il lui voulait »[1],[2]. Il s'y rend au jour et à l'heure convenus, mais il ne trouve aucune trace de Puisaye ou de sa suite, « pas même une lettre d'avis »[1],[2]. Il envoie alors le chevalier de Baillorche à sa recherche avec un détachement, mais ce dernier croise le chemin d'une colonne républicaine qui se lance à sa poursuite[1],[2]. À peine une demi-heure après son départ, Baillorche rejoint du Boisguy et l'avertit de l'arrivée des républicains[1],[2].
Forces en présence
[modifier | modifier le code]D'après Toussaint du Breil de Pontbriand, Aimé Picquet du Boisguy commande 300 hommes, tandis que les républicains engagent trois colonnes dans ce combat, la première forte de 500 hommes, la seconde de 400 et la troisième de 1 500[1],[2].
Déroulement
[modifier | modifier le code]Selon le récit de Toussaint du Breil de Pontbriand, du Boiguy fait embusquer toute sa troupe « dans les jardins et les champs voisins environnés de fossés, en s'étendant sur le plus grand front possible »[1],[2]. Lancés à la poursuite de Baillorche, les républicains viennent tomber en désordre dans l'embuscade[1],[2]. Du Boisguy se jette alors sur eux en criant à ses hommes de le suivre, mais, selon Pontbriand, son pied se prend dans une ronce et il tombe « de l'autre côté d'un fossé », où il reçoit « la décharge de plus de cinquante hommes, sans être atteint »[1],[2]. Les chouans se précipitent alors sur les républicains en poussant de grands cris et les mettent en fuite après un bref combat au corps-à-corps[1],[2].
Les chouans poursuivent les fuyards sur une demi-lieue, mais du Boisguy donne l'ordre de faire halte après avoir été prévenu par un paysan de l'arrivée d'une colonne de 1 500 hommes venus de Fougères ayant été alertés par les coups de feu[1],[2]. Il rétrograde alors sur La Chapelle-Saint-Aubert, mais il est informé qu'une autre troupe, estimée à 400 hommes, s'est embusquée sur les lieux du précédent combat[1],[2]. Peu après, une compagnie de 120 grenadiers s'avance sur lui, à sa gauche, en bon ordre, baïonnette au canon[1],[2]. Leur capitaine somme les chouans de se rendre en leur criant qu'ils sont cernés de toutes parts[1],[2]. Du Boisguy ordonne alors à Decroix, « son ancien garde-chasse, habile tireur, d'ajuster le capitaine, qui tombe à l'instant, frappé d'une balle à la poitrine, au milieu de ses grenadiers qui s'arrêtent étonnés et indécis »[1],[2]. Les chouans se jettent alors sur les grenadiers qui prennent la fuite et tombent en désordre sur leurs camarades embusqués à La Chapelle-Saint-Aubert[1],[2]. Ces derniers prennent la fuite à leur tour et entraînent tout dans leur déroute[1],[2]. D'après Pontbriand, « une terreur panique semblait s'être emparée d'eux et gagna les troupes qui marchaient à leur secours »[1],[2].
Vers 8 heures du soir, du Boisguy tente d'arrêter la poursuite à cause de la tombée de la nuit, mais une partie de ses hommes, menés par le chevalier de Baillorche, tombent à leur tour dans une embuscade près de la ville de Fougères[1],[2]. Dix chouans sont tués, tandis que le chevalier de Baillorche est pris « au milieu des fuyards qu'il poursuivait trop vivement » et est aussitôt fusillé[1],[2].
Pertes
[modifier | modifier le code]Selon Toussaint du Breil de Pontbriand, les républicains laissent plus de 300 hommes sur le terrain, tandis que les chouans ont 12 tués, dont le chevalier de Baillorche, et 22 blessés[1],[2].
Suites
[modifier | modifier le code]En 1865, dans son Histoire de la Vendée militaire, l'historien royaliste Jacques Crétineau-Joly fait état d'un autre combat qui se serait déroulé à deux lieues de Fougères — soit près de la Chaîne sur la route de Rennes, non loin du bourg de La Chapelle-Saint-Aubert[4],[5] — le [Note 2],[4],[7],[5]. Selon lui, Aimé Picquet du Boisguy attaque ce jour-là avec 800 hommes un bataillon de volontaires parisiens, qui avait participé aux exécutions des prisonniers émigrés après l'expédition de Quiberon[6],[4],[7]. Du Boisguy se serait alors écrié : « Point de pitié pour les assassins ! Tuez partout ! Ce sont eux qui ont jugé et fusillé à Quiberon »[6],[4],[7],[5]. Le bataillon aurait été pratiquement exterminé lors de ce combat, seuls une cinquantaine d'hommes en auraient réchappé, tandis que corps des républicains tués auraient été mutilés par les femmes et les enfants des environs[6],[4],[7],[5].
Cependant l'authenticité de ce combat est mis en doute[4],[7]. Les sources républicaines ne font aucune mention d'un tel affrontement ou de la destruction d'un bataillon dans la région de Fougères à cette époque[4],[7]. Les registres du district de Fougères et du département d'Ille-et-Vilaine sont muets sur cet épisode[4],[7]. Du côté royaliste, Toussaint du Breil de Pontbriand ne fait également aucune mention de ce combat dans ses mémoires[5].
Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]« C'est à cette époque que du Boisguy, qui n'avait point encore entendu parler de M. le comte de Puisaye, en reçut une lettre, lui demandant un entretien et lui indiquant, pour cela, un lieu de rendez-vous. Sans savoir quel était ce personnage et ce qu'il lui voulait, du Boisguy se rendit au lieu désigné, avec trois cents hommes ; il arriva à la Chapelle-Saint-Aubert, en Romagné, au jour et heure fixés, mais il n'y trouva personne, et pas même de lettre d'avis. Il envoya alors le chevalier de Bailleroche à la recherche de M. de Puisaye, avec un détachement, et, une demi-heure après, le chevalier vint donner avis qu'il venait de rencontrer une colonne de cinq cents hommes et qu'il était poursuivi.
Du Boisguy fit aussitôt embusquer toute sa troupe dans le lieu même, et garnit les jardins et les champs voisins environnés de fossés, en s'étendant sur le plus grand front possible. A peine avait-il pris ces dispositions que les Républicains, qui poursuivaient le détachement du chevalier, vinrent en désordre donner dans l'embuscade, où ils furent assaillis par une grêle de balles qui leur tua d'abord beaucoup de monde ; du Boisguy, les voyant déconcertés de cette attaque imprévue, crie à ses soldats de le suivre et s'élance au milieu des ennemis, mais, son pied s'étant pris dans une ronce, il tomba de l'autre côté d'un fossé, où il reçut la décharge de plus de cinquante hommes, sans être atteint ; ses troupes, voyant son danger, se précipitèrent sur les Républicains en poussant de grands cris ; on combattit un instant au corps à corps ; mais ceux-ci, voyant la longue ligne des Royalistes et les croyant plus nombreux qu'ils n'étaient en réalité, prirent la fuite ; ils furent poursuivis pendant une demi-lieue, laissant cent vingt hommes sur le champ de bataille. Du Boisguy fut arrêté par un paysan, qui avait aperçu une colonne de quinze cents hommes, sortie de Fougères aux premiers coups de fusil, et qui accourut, au péril de sa vie, pour le prévenir. Il n'eut que le temps d'arrêter la poursuite et de rallier ses troupes ; il revenait sur la Chapelle-Saint-Aubert, lorsqu'il fut prévenu qu'une autre troupe, forte d'environ quatre cents hommes, venait d'occuper son premier champ de bataille et y était embusquée. Il avait à peine eu le temps de donner quelques ordres, quand il aperçut de l'autre côté, sur la gauche, une compagnie de cent vingt grenadiers qui s'avançait sur lui en bon ordre ; le capitaine de cette compagnie ordonna de marcher à la baïonnette, sans tirer, et cria, en même temps, aux Royalistes que toute résistance était inutile, parce qu'ils étaient cernés de toutes parts. Du Boisguy, voyant le péril, ordonne à Decroix, son ancien garde-chasse, habile tireur, d'ajuster le capitaine, qui tombe à l'instant, frappé d'une balle dans la poitrine, au milieu de ses grenadiers qui s'arrêtent étonnés et indécis ; profitant de ce moment : « Il faut vaincre ou périr, » dit-il, et, suivi des plus braves, il s'élance sur les grenadiers qui semblaient avoir perdu leur audace avec leur brave capitaine ; ils prennent la fuite et se jettent dans un tel désordre sur l'embuscade placée à la Chapelle-Saint-Aubert, qu'ils entraînent tout dans leur déroute. Une terreur panique semblait s'être emparée d'eux et gagna les troupes qui marchaient à leur secours, en sorte que, vers 8 heures du soir, on vit plus de quinze cents hommes fuyant devant trois cents et poursuivis avec tant d'acharnement que plus de trois cents d'entre eux demeurèrent sur la place, sans que les Royalistes n'eussent perdu qu'un seul des leurs ; mais, la nuit approchant, du Boisguy essaya de rallier sa troupe ; ce fut en vain ; elle alla donner, à son tour, dans une embuscade, près de Fougères, où dix hommes furent tués, et le brave chevalier de Bailleroche, pris, au milieu des fuyards qu'il poursuivait trop vivement ; il fut fusillé sur-le-champ. Vingt-deux Royalistes furent blessés, Louis Simon, de Fougères ; Charles André, de Barenton ; François Machard, de Fougères ; Joseph le Gendre, de Dompierre ; Jean Chérel, de Lécousse ; Julien du Pontavice, de Saint-James, et Jean le Breton, de Parigné, le furent assez grièvement.
Tous ceux qui formaient la troupe d'élite de du Boisguy firent des prodiges de valeur dans cette affaire, et les autres compagnies qui s'y trouvèrent ne cessèrent de se distinguer, par la suite, dans ses colonnes.
Ce ne fut que longtemps après que du Boisguy apprit les projets de M. de Puisaye et son expédition vers le Morbihan[2],[1]. »
— Mémoires de Toussaint du Breil de Pontbriand
« Aimé du Boisguy, le premier, fond sur les volontaires de Paris; le 18 août 1795, il les joint à deux lieues de Fougères. Ce bataillon allait délivrer la ville de l'espèce de blocus que les Blancs établissaient autour de ses murailles.
Depuis la mort du chevalier Guy-Alexandre Piquet son frère, Boisguy, enseveli dans sa douleur, n'avait cherché qu'une fois à la faire expier aux Bleus; mais en apprenant qu'il a sous la main une partie de ces éxécuteurs de Quiberon qui sont voués à la mort, il ne peut contenir sa colère, et il les attaque.
Les Parisiens n'ignoraient pas la proscription dont ils étaient frappés. Avec une insouciance de la vie qui tient plus à l'éducation des rues de Paris qu'au véritable courage, ils se faisaient gloire d'assumer sur leurs têtes les résultats de la capitulation violée. Aimé ne comptait avec lui que huit cents hommes. Dans sa précipitation il n'a pas eu le temps d'en réunir davantage. Il court sur les volontaires à la baïonnette tandis qu'une compagnie de ses chasseurs du Roi les saisit par derrière. Bientôt le désordre se met dans les rangs des Parisiens, peu habitués à se voir assaillis avec une pareille fureur. Le commandant réunit autour de lui l'élite de son bataillon; il essaye de briser cette phalange serrée que Boisguy a formée. Le commandant et ses grenadiers expirent sous les baïonnettes. Alors Boisguy s'écrie: « Point de pitié pour ces-assassins, tuez partout! Ce sont eux qui ont jugé et fusillé à Quiberon! » De telles paroles étaient un arrêt de mort: il ne s'échappa qu'une cinquantaine de fuyards. Tous périrent à peu de jours d'intervalle dans les landes où les paysans bivouaquaient et sous le couteau des femmes et des enfants, qui les mutilaient sans pitié[6]. »
— Jacques Crétineau-Joly, Histoire de la Vendée militaire.
Références
[modifier | modifier le code]- Le Bouteiller 1988, p. 340-341.
- Pontbriand 1897, p. 80-84.
- Pontbriand 1904, p. 66-70.
- Le Bouteiller 1988, p. 340-341.
- Pontbriand 1904, p. 148-149.
- Crétineau-Joly, t. III, 1865, p. 371-372.
- Lemas 1894, p. 193-194.
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Jacques Crétineau-Joly, Histoire de la Vendée militaire, t. III, Paris, Plon, , 5e éd., 490 p. (lire en ligne).
- Christian Le Bouteiller, La Révolution dans le Pays de Fougères, Société archéologique et historique de l'arrondissement de Fougères, , 839 p.
- Théodore Lemas, Le district de Fougères pendant les Guerres de l'Ouest et de la Chouannerie 1793-1800, Rue des Scribes Éditions, (réimpr. 1994), 371 p. (ISBN 978-2-906064-28-7, lire en ligne).
- Paul-Marie du Breil de Pontbriand, Un chouan, le général du Boisguy : Fougères-Vitré, Basse-Normandie et frontière du Maine, 1793-1800, Paris, Honoré Champion éditeur, (réimpr. La Découvrance, 1994), 509 p. (lire en ligne).
- Toussaint du Breil de Pontbriand, Mémoires du colonel de Pontbriand sur les guerres de la Chouannerie, Plon, (réimpr. Éditions Yves Salmon, 1988), 629 p. (lire en ligne).