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(101955) Bénou

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(101955) Bénou
(101955) Bennu
Description de cette image, également commentée ci-après
Photographies de (101955) Bénou prises par la sonde OSIRIS-REx à une distance de 80 km.
Caractéristiques orbitales
Époque (JJ 2456200,5)
Établi sur 507 observ. couvrant 4 880 jours (U = 0)
Demi-grand axe (a) 0,168 4 × 109 km
(1,126 ua)
Périhélie (q) 0,134 2 × 109 km
(0,897 ua)
Aphélie (Q) 0,202 9 × 109 km
(1,356 ua)
Excentricité (e) 0,204
Période de révolution (Prév) 436,604 j
(1,20 a)
Inclinaison (i) 6,035°
Longitude du nœud ascendant (Ω) 2,068°
Argument du périhélie (ω) 66,214°
Anomalie moyenne (M0) 193,420°
Catégorie Apollon
Caractéristiques physiques
Dimensions 493 ± 20 m[1]
Magnitude absolue (H) 20,81
Albédo (A) 0,03-0,06[2]

Découverte
Date
Découvert par LINEAR
Lieu Socorro
Nommé d'après Bénou

(101955) Bénou (désignation internationale : (101955) Bennu), désigné auparavant sous sa dénomination provisoire 1999 RQ36, est un astéroïde découvert en 1999 ayant un diamètre d'environ 500 mètres et décrivant une orbite de 1,2 an autour du Soleil[3]. Il s'agit d'un astéroïde géocroiseur Apollon, c'est-à-dire coupant l'orbite de la Terre.

La sonde spatiale OSIRIS-REx de la NASA, lancée en , a atteint Bénou le vers 17 h TU[4], afin de rapporter en 2023 un échantillon de 60 grammes de sol aux fins d'analyse[5],[6]. Le , elle a pu récolter des échantillons lors de sa première manœuvre[7].

La sonde est revenue sur Terre le et les scientifiques de la NASA ont récupéré la capsule contenant les échantillons dans le désert de l’Utah.

L'astéroïde est nommé d'après Bénou, oiseau de la mythologie égyptienne ; à ne pas confondre avec Bénou, qui désigne également la planète Vénus chez les Égyptiens de l'Antiquité[8], l'astre qui fait traverser cet oiseau.

Jusqu'au , l'astéroïde était connu sous la dénomination provisoire (101955) 1999 RQ36. Parmi les propositions de plus de 8 000 participants, le nom de Bénou est le gagnant du concours universitaire international Name that Asteroid! organisé en partenariat par l'université de l'Arizona, la Planetary Society et le programme de relevé astronomique LINEAR du laboratoire Lincoln du MIT.

Les concurrents devaient soumettre un nom avec une courte explication de leur choix. Les noms devaient se conformer aux directives de nommage du Centre des planètes mineures. Une commission d'examen a été réunie par les partenaires du concours afin de sélectionner le nom gagnant et l'envoyer au Comité de nomenclature des petits corps de l'Union astronomique internationale (UAI) (en anglais International Astronomical Union (IAU) Committee for Small Body Nomenclature), qui approuve officiellement le nom[9].

Le nom Bennu (la graphie anglaise de Bénou) avait été proposé par Michael « Mike » Puzio, un élève de 3rd grade de Caroline du Nord (États-Unis), âgé de 9 ans. Ce nom vient de celui de l'oiseau de la mythologie égyptienne. Il avait choisi ce nom à cause de la ressemblance, selon lui, du bras et des panneaux solaires du système de prélèvement TAGSAM de la sonde OSIRIS-REx avec le cou et les ailes de Bénou sur des dessins, les Égyptiens représentant généralement Bénou sous la forme d'un héron gris[10],[11].

Caractéristiques physiques

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Série d'images radar de l'observatoire de Goldstone montrant la rotation de Bénou.
Triptyque montrant l'hémisphère nord de Bénou
Images de l'hémisphère nord de Bénou, prises par OSIRIS-REx à une altitude d'environ 1,8 km.

Bénou est grossièrement sphérique, mais ressemble plutôt à une toupie voire à un diamant[12]. Son axe de rotation est orienté de 178 degrés par rapport à son orbite ; le sens de rotation sur cet axe est rétrograde par rapport à l'orbite.

Un bourrelet est bien visible le long de l'équateur de Bénou. L'existence de ce bourrelet suggère que du régolithe très fin s'est accumulé sous l'effet de la rotation relativement rapide, et a pu s'écouler vers l'équateur du fait de la gravité très faible. De plus, la rotation de Bénou est en accélération, faible mais constante. Ceci est dû à l’effet YORP : du fait des irrégularités de l'émission thermique de sa surface, Bénou accélère constamment, réduisant sa période de rotation d'une seconde tous les 100 ans.

Des observations de Bénou effectuées en 2007 par le télescope spatial Spitzer ont permis de mesurer un diamètre de 484 ± 10 m, observation cohérente avec toutes les autres observations effectuées depuis. Son albédo, relativement faible, est de 0,046 ± 0,005. La mesure de l'inertie thermique a montré qu'elle variait de 19 % au cours de chaque rotation. Il semble que la granularité du régolithe soit assez modérée, de quelques millimètres à un centimètre. Il n'a pas été détecté de queue de poussières autour de Bénou, ce qui limite la présence de cette poussière dans un rayon de 4 750 km à 103 kg[13].

Caractéristiques géologiques

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Image mosaïque de Bénou composée de 12 images PolyCam recueillies le 2 décembre 2018 par la sonde spatiale OSIRIS-REx à une distance d'environ 24 km.

Au , une regio (région) et 23 saxa (rochers) ont reçu un nom officiel[14]. Le thème utilisé pour ces dénominations est celui des oiseaux mythologiques[15].

En 2020, une étude de la taille et de la profondeur des cratères d'impact à la surface des rochers métriques de Bénou conclut que cet astéroïde a quitté la ceinture principale et rejoint les environs de la Terre il y a 1,75 ± 0,75 million d'années[16].

Exploration

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Surface de Bénou couverte de régolithe vue par la sonde OSIRIS-REx.

Le , la NASA lance une mission de sept ans pour récupérer sur cet astéroïde des échantillons de roches et de poussières afin d'aider les scientifiques à mieux comprendre les origines des planètes du système solaire car Bénou se serait formé il y a 4,5 milliards d'années, c'est-à-dire en même temps que la Terre et les autres planètes[17]. Certains, comme Dante Lauretta (en)[18], espèrent aussi y trouver des indices sur l'origine de la vie : outre de l'eau gelée, des molécules organiques comme des acides aminés considérés comme les précurseurs de la vie pourraient y être trouvés et étudiés[17]. Pour cela, OSIRIS-REx est doté d'un bras de 3,35 mètres de long capable de souffler un jet d'azote devant libérer quelques échantillons de roches en surface de l'astéroïde[17]. L'engin dispose aussi d'un système d'aspiration capable de récolter et stocker au moins 60 grammes de matière (soit 60 fois plus que le vaisseau spatial japonais Hayabusa 2, qui prélève des échantillons sur l'astéroïde (162173) Ryugu)[17].
Dans la deuxième moitié du mois d', la sonde OSIRIS-REx se rapproche à 320 km de Bénou, en prenant une série de photos, grâce à sa caméra PolyCam[19]. En , l'instrument MapCam produit, en utilisant des filtres couleur, des cartes multidimensionnelles et permet ainsi d'étudier la répartition géographique des différents matériaux[20]. La suite de la mission se déroule ensuite jusqu'en 2021. Le retour sur Terre a eu lieu en septembre 2023[17].

Le , la NASA indique qu’OSIRIS-REx a découvert de l'eau sur Bénou, confirmant en partie les prévisions ci-dessus[21].

Fin les principaux résultats, la plupart surprenants, sont[22] :

  • l'éjection épisodique de particules (11 événements entre le et le )[23], ce qui ajoute Bénou à la douzaine d'astéroïdes actifs connus à ce jour (sur plus de 800 000) ;
  • une surface particulièrement irrégulière, avec plus de 200 blocs de plus de dix mètres de diamètre, alors qu'on s'attendait à un sol constitué de particules centimétriques ;
  • comme prévu la forme d'une toupie (avec un renflement équatorial dû à la grande vitesse de rotation), mais une densité étonnamment faible, celle d'un amas de débris seulement liés par la faible gravité, avec près de 60 % de vide ;
  • une abondance de minéraux hydratés (des phyllosilicates) et de magnétite, comme les rares météorites CM (mais avec des propriétés physiques différentes) ;
  • une rotation en train d'accélérer, sans doute à cause de l'effet YORP, une interaction avec le rayonnement solaire ;
  • une surface relativement vieille (entre 0,1 et 1,0 Ga), mais en perpétuelle réorganisation.

Exploitation minière

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Alors que le lancement se prépare (), quelques entreprises dont Deep Space Industries[17] à Mountain View en Californie suivent l’événement avec attention ; elles envisagent la possibilité (controversée) de se lancer dans la recherche et l'exploitation de métaux et minéraux rares dans l'espace, voire de collecter des carburants pour les missions spatiales de longue durée[17]. Pour elles, si la NASA réussit à ramener sur Terre des échantillons de cet astéroïde, cette mission pourrait servir de preuve de concept et être suivie de tentatives d'exploitation commerciale (et éventuellement scientifique) d'astéroïdes, à condition de lever ou contourner un obstacle juridique international ; le traité de 1967 des Nations unies qui déclare l'espace (ce qui inclut la Lune et les autres corps célestes) comme ne pouvant faire l'objet de revendications de souveraineté[17].

Risque d'impact terrestre

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L'astéroïde se rapproche à moins de 300 000 kilomètres[24] de la Terre tous les six ans. De ce fait, il est classé sur la liste des objets potentiellement dangereux par la NASA[25]. Sur l'échelle de Palerme le risque est de -1,71. Un impact avec la Terre semble possible à la fin du vingt-deuxième siècle[26]. Selon les données disponibles, il y a une probabilité cumulée de 1 sur 2 700 que Bénou percute notre planète entre 2175 et 2199[27]. Un impact produirait une énergie cinétique de 1 200 mégatonnes en équivalent TNT (à titre de comparaison, l'équivalent TNT de Tsar Bomba, l'arme nucléaire la plus puissante jamais testée, était d'environ 54 mégatonnes et celle de l'éruption du Krakatoa en 1883 était d'environ 200 mégatonnes[28]).

Références

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  1. (en) M. C. Nolan (it), Magri, C., Benner, L. A. M., Giorgini, J. D., Hergenrother, C. W., Howell, E. S., Hudson, R. S., Lauretta, D. S. (en) et Margot, J. -L., « The Shape of OSIRIS-REx Mission Target 1999 RQ36 from Radar and Lightcurve Data », Asteroid Comet Meteors 2012 Conference, vol. 1667,‎ , p. 6345 (Bibcode 2012LPICo1667.6345N).
  2. (en) J. P. Emery, Fernández, Y. R., Kelley, M. S. et Hergenrother, C., « Thermophysical Characterization of Potential Spacecraft Target (101955) 1999 RQ36 », 41st Lunar and Planetary Science Conference, vol. 1533,‎ , p. 2282 (Bibcode 2010LPI....41.2282E).
  3. (en) « The Shape and Spin of 101955 (1999 RQ36) from Arecibo and Goldstone Radar Imaging ».
  4. (en) « The Space Party Continues: NASA Probe Arrives at Asteroid Bennu Monday », sur space.com, .
  5. (en) « NASA to Launch New Science Mission to Asteroid in 2016 », NASA (consulté le ).
  6. (en) Paul Voosen, « NASA to launch asteroid-sampling mission », Science, vol. 353, no 6303,‎ , p. 974-975 (DOI 10.1126/science.353.6303.974).
  7. « DIRECT VIDEO. Suivez la manœuvre d'Osiris-Rex sur l'astéroïde Bennu », sur Sciences et Avenir (consulté le ).
  8. Richard Chaby et Karen Gulden, « Mots et Noms de l'Égypte Ancienne : volume 1 », .
  9. (en) « Nine-Year-Old Names Asteroid Target of NASA Mission in Competition Run By The Planetary Society », The Planetary Society, .
  10. (en) « That Asteroid Has a Name: Bennu! », The Planetary Society, .
  11. (en) « Michael Puzio, age 9 », The Planetary Society, (consulté le ).
  12. (en) Tapan Sabuwala, Pinaki Chakraborty et Troy Shinbrot, « Bennu and Ryugu: diamonds in the sky », Granular Matter (nl), vol. 23,‎ , article no 81 (DOI 10.1007/s10035-021-01152-z).
  13. (en) J. Emery, Y. Fernandez, M. Kelley, K. Warden, C. Hergenrother, D. Lauretta (en), M. Drake (en), H. Campins et J. Ziffer, « Thermal infrared observations and thermophysical characterization of the OSIRIS-REx target asteroid (101955) Bennu », Conference Proceedings Asteroids, Comets, Meteors 2014,‎ , p. 148 (Bibcode 2014acm..conf..148E).
  14. (en) Caractéristiques géologiques de Bénou, sur le Gazetteer of Planetary Nomenclature, International Astronomical Union (IAU) Working Group for Planetary System Nomenclature (WGPSN), sur le site de l'USGS. (consulté le ).
  15. (en) Categories for Naming Features on Planets and Satellites, USGS.
  16. (en) R.-L. Ballouz, K. J. Walsh, O. S. Barnouin, D. N. DellaGiustina, M. Al Asad et al., « Bennu’s near-Earth lifetime of 1.75 million years inferred from craters on its boulders », Nature, vol. 587,‎ , p. 205-209 (DOI 10.1038/s41586-020-2846-z).
  17. a b c d e f g et h (en) Skibba R (2016) Osiris-Rex spacecraft blazes trail for asteroid miners ; Retrieval of a space-rock sample would be proof of concept for mining metals and water. ; Nature, publié en ligne le DOI 10.1038/nature.2016.20486.
  18. Dante Lauretta (en), « Un vol de sept ans pour quelques grammes d'astéroïde », Pour la Science,‎ , p. 38-45.
  19. (en) Série d'images prise par la sonde en approche, site de la NASA, .
  20. (en) "First images of asteroid Bennu obtained by the NASA OSIRIS-REx spacecraft", Instituto de Astrofisica de Canarias, .
  21. Katherine Brown, « NASA’s Newly Arrived OSIRIS-REx Spacecraft Discovers Water on Bennu », sur NASA, (consulté le ).
  22. (en) Kimberly M. S. Cartier, « All About Bennu: A Rubble Pile with a Lot of Surprises », Eos,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  23. (en) D. S. Lauretta (en) et al., « Episodes of particle ejection from the surface of the active asteroid (101955) Bennu », Science, vol. 366,‎ (lire en ligne).
  24. Soit approximativement 75% de la distance maximale Terre-Lune.
  25. (en) « HA Close Approaches To The Earth », Minor Planet Center], IAU, (consulté le ).
  26. « La sonde spatiale OSIRIS-REx offre une vue imprenable de l’astéroïde Bennu avant son arrivée », Gurumeditation, .
  27. (en) « Sentry: Earth Impact Monitoring », sur cneos.jpl.nasa.gov.
  28. (en) « The eruption of Krakatoa, August 27, 1883 » [archive du ], Commonwealth of Australia 2012, Bureau of Meteorology (consulté le ).


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Articles connexes

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Liens externes

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