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Nicolas Lontel
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“Il est donc possible que la haine produise les mêmes effets que la tendresse? Quest-ce que cest donc que lamour des hommes dont les femmes ont la bonté de faire tant de cas? Ce nest donc en eux qu'une passion brutale, ou un besoin naturel quils peuvent également satisfaire avec lobjet le plus odieux, puisquil peuvent allier le projet et la pensée de se servir dune femme et de légorger après. Quand on veut entendre ses reflexions sur un pareil sujet, il est impossible de ne pas prendre en aversion tout le genre masculin.
Je sçai quil y a eu des femmes assés cruelles pour faire perir des hommes quelles avoient comblés de leurs faveurs ; mais cest un autre cas, ou elles craignoient leur indescretion ne sen voyant plus aimées, ou elles en estoient maltraitées, ou cest laffreuse jalousie qui les portoient à cet excès, et qui a produit cent mille fois le même effet dans le cœur des hommes, enfin, il y a quelque apparence dexcuse et de raison, mais du moins ce nest pas un projet formé d'avance, excecuté methodiquement, ce sont des passions aveugles, éffrenées, qui déchirent lâme successivement et l'entrainent à des crimes qui peuvent estre suivis du remords et du repentir ; et quand cela ne seroit pas, quand elles sapplaudiroient de leur vangeance? C'est toujours à titre de vangeance, elles ne lont pas projetté, ny voulu ainsi ; cest la fougue des differentes passions qui produits de tels desordres ; mais quelle est la sorte de passion d'un homme qui dit en luy même, je vais joüir de cette femme, et je la tuerai après. Comment expliquer ce dérèglement d'imagination? Je crois que c'est un phoenomene inexplicable, et si il n'y en avoit pas tant dexemples consacrés par lhistoire, et connus par lexpérience, on devroit en prendre le recit pour une fable.”
― Une femme d'encre et de papier à l'époque des Lumières : Henriette de Marans, (1719-1784) : avec l'édition critique de ses manuscrits et inédits
Je sçai quil y a eu des femmes assés cruelles pour faire perir des hommes quelles avoient comblés de leurs faveurs ; mais cest un autre cas, ou elles craignoient leur indescretion ne sen voyant plus aimées, ou elles en estoient maltraitées, ou cest laffreuse jalousie qui les portoient à cet excès, et qui a produit cent mille fois le même effet dans le cœur des hommes, enfin, il y a quelque apparence dexcuse et de raison, mais du moins ce nest pas un projet formé d'avance, excecuté methodiquement, ce sont des passions aveugles, éffrenées, qui déchirent lâme successivement et l'entrainent à des crimes qui peuvent estre suivis du remords et du repentir ; et quand cela ne seroit pas, quand elles sapplaudiroient de leur vangeance? C'est toujours à titre de vangeance, elles ne lont pas projetté, ny voulu ainsi ; cest la fougue des differentes passions qui produits de tels desordres ; mais quelle est la sorte de passion d'un homme qui dit en luy même, je vais joüir de cette femme, et je la tuerai après. Comment expliquer ce dérèglement d'imagination? Je crois que c'est un phoenomene inexplicable, et si il n'y en avoit pas tant dexemples consacrés par lhistoire, et connus par lexpérience, on devroit en prendre le recit pour une fable.”
― Une femme d'encre et de papier à l'époque des Lumières : Henriette de Marans, (1719-1784) : avec l'édition critique de ses manuscrits et inédits
“Ces oppositions épidermiques montrent que les deux parties en présence se méconnaissent et caricaturent leur adversaire. C'est compliqué et douloureux. Par tempérament, par pragmatisme (l'union fait la force), par méfiance aussi à l'égard d'une culture politique française très marquée par la conflictualité, féminisme inclus, je n'ai pas envie de faire l'éloge de la querelle, je ne veux pas l'entretenir.
L'une des caractéristiques contemporaines est la fin du paradigme universaliste. Les recherches sur l'histoire des femmes y ont contribué, en montrant l'exclusion des femmes de l'universel, un universel qui se réduit donc à une minorité s'octroyant des droits refusés à la majorité de la population.
[...]
Vous insistez sur les "querelles" et c'est ainsi que le féminisme est approché par les médias, toujours. Cette insistance n'est-elle pas suspecte? Ne fait-elle pas le jeu des adversaires? Pour contribuer à la convergence des luttes, il faudrait peut-être aussi penser à ce qui réunit. Sur la notion d'importation, il faudrait aussi un peu réfléchir car c'est en tant que produit d'origine étrangère que le féminisme a été combattu en France dès le XIXe siècle. C'est une méthode commode pour disqualifier des idées et des pratiques que l'on veut combattre.”
― Mon genre d'histoire
L'une des caractéristiques contemporaines est la fin du paradigme universaliste. Les recherches sur l'histoire des femmes y ont contribué, en montrant l'exclusion des femmes de l'universel, un universel qui se réduit donc à une minorité s'octroyant des droits refusés à la majorité de la population.
[...]
Vous insistez sur les "querelles" et c'est ainsi que le féminisme est approché par les médias, toujours. Cette insistance n'est-elle pas suspecte? Ne fait-elle pas le jeu des adversaires? Pour contribuer à la convergence des luttes, il faudrait peut-être aussi penser à ce qui réunit. Sur la notion d'importation, il faudrait aussi un peu réfléchir car c'est en tant que produit d'origine étrangère que le féminisme a été combattu en France dès le XIXe siècle. C'est une méthode commode pour disqualifier des idées et des pratiques que l'on veut combattre.”
― Mon genre d'histoire
“La transmission n'est pas un mouvement à sens unique. À la différence de l'histoire, la transmission est toujours une opération bilatérale, un travail de relation, prélevée sur le vivant. Elle ne peut se comprendre comme le transfert d'un objet d'une main à une autre. Elle exige une double activité: de la part de celle qui transmet et de la part de celle qui accueille la transmission. Elle ne peut fonctionner sans contrainte. Prise dans le jeu des générations, elle a rapport au désir des anciennes, comme des nouvelles. C'est aux nouvelles qu'il appartient de déterminer si elles veulent de l'héritage et ce qui, dans cet héritage, les intéresse. C'est aux anciennes qu'il appartient d'entendre la demande, d'infléchir leur langage vers un autre langage, en un échange dans lequel, chacune restant ce qu'elle est, faisant honneur à son histoire propre, s'adresse cependant à l'autre et écoute son adresse.”
― Anthologie québécoise
― Anthologie québécoise
“[...] presentement jai autre chose en tête ; cest le livre de J.J. Rousseau sur léducation ; il dit à mon avis, bien des choses inutiles, mais il avoit envie de les dire, il a jugé quelles seroient là aussi bien qu'ailleurs, car on fait tout venir à propos quand on en a envie.”
― Une femme d'encre et de papier à l'époque des Lumières : Henriette de Marans, (1719-1784) : avec l'édition critique de ses manuscrits et inédits
― Une femme d'encre et de papier à l'époque des Lumières : Henriette de Marans, (1719-1784) : avec l'édition critique de ses manuscrits et inédits
“La représentation que l'on a du vieillard est valorisante, celle qu'on se fait de la vieille femme est déplaisante. Si l'on veut vexer profondément quelqu'un, on lui dit bien: "espèce de vieille femme".
Si un vieil homme est sage, cultivé, bon, animé de nobles sentiments, il est apprécié à sa juste valeur. Des sentences chargées de sens, même si elles furent gravées en runes sur une pierre antique, gardent intégralement la valeur de leur contenu. Mais si une vieille femme, de son vivant, s'exprime et pense de la manière la plus sage et la plus noble, autant en emporte le vent. Et qui la juge avec bienveillance se contentera de dire: "Dommage qu'elle ne soit pas plus jeune".
N'est-il pas honteux que l'on ne prenne en considération les plus nobles qualités, chez une femme, que si elles viennent pimenter l'attrait de son jeune corps?
C'est avec tant de mépris, tant de répugnance que l'on regarde la femme âgée, comme si son âge était une faute méritant châtiment. Vous les jeunes, et les encore plus jeunes, vous vieillissez aussi pourtant, et vous voulez vieillir, et vous considérez comme un sort cruel de ne pas vieillir.
Pourquoi vous contredisez-vous ainsi?”
― Become Who You Are: With an Additional Essay, "The Old Woman"
Si un vieil homme est sage, cultivé, bon, animé de nobles sentiments, il est apprécié à sa juste valeur. Des sentences chargées de sens, même si elles furent gravées en runes sur une pierre antique, gardent intégralement la valeur de leur contenu. Mais si une vieille femme, de son vivant, s'exprime et pense de la manière la plus sage et la plus noble, autant en emporte le vent. Et qui la juge avec bienveillance se contentera de dire: "Dommage qu'elle ne soit pas plus jeune".
N'est-il pas honteux que l'on ne prenne en considération les plus nobles qualités, chez une femme, que si elles viennent pimenter l'attrait de son jeune corps?
C'est avec tant de mépris, tant de répugnance que l'on regarde la femme âgée, comme si son âge était une faute méritant châtiment. Vous les jeunes, et les encore plus jeunes, vous vieillissez aussi pourtant, et vous voulez vieillir, et vous considérez comme un sort cruel de ne pas vieillir.
Pourquoi vous contredisez-vous ainsi?”
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