Un soir, un train

Film académique sur un académicien, un film aussi fermé que son protagoniste principal. Un long métrage sur un homme égocentrique (son isolement nous est montré dès la première conférence, où il refuse que le sujet de son intérêt entre en contact interdisciplinaire avec d'autres domaines de la connaissance) et sur personne d'autre. Les autres personnages n'existent pas. Sans le début construit de manière artificielle avec de nombreuses réflexions inutilement étendues et diverses considérations philosophiques sur la mort, les anges et le langage, le spectateur ne comprendra pas cela. Il suffit de revenir à la scène de la répétition théâtrale, où tout nous est expliqué à travers le personnage de la pièce médiévale "Elckerlijc", où il est clairement dit que "toute la pièce est un monologue" et que toute la conversation d'Elckerlijc avec la Mort est en réalité une conversation avec lui-même (attention, si vous regardez le film avec des sous-titres anglais où la traduction "entre le soi et le moi" est absurde et est traduite par "between the self and the not-self", cela est tout simplement incohérent). Tout le film, des conversations avec Anne, du voyage de ce trio d'académiciens (qui ne sont bien sûr rien d'autre que le protagoniste lui-même, hier, aujourd'hui et demain, et non des personnages autonomes) jusqu'à toutes les autres scènes (par exemple, au cimetière - il est difficile de trouver sa propre tombe...) se déroule dans l'immanence du personnage principal/unique. Il n'est alors pas difficile de deviner qu'Anne est la Mort (elle est magnifiquement démontrée dans le film lorsque Montand prononce les paroles essentielles sur la division d'Elckerlijc en lui-même et sur la Mort, et Anouk Aimée entre lentement en arrière-plan du plan), que le protagoniste principal doit finir comme Elckerlijc, c'est-à-dire seul. (16/12/2014)