Imagination
L'imagination est la capacité innée et le processus d'inventer un champ personnel partiel ou complet à travers l'esprit à partir d'éléments dérivés de perceptions sensorielles de l'existence commune.
Les représentations imaginaires oscillent précisément entre ces deux pôles : des représentations « Sadiennes » avec accumulation de détails d'une violence à peine supportable alternant régulièrement avec des bouffées de la tendresse la plus ineffable qui révèle l'objet de mon amour dans toute sa pureté et dans toute sa souveraineté. Evidemment cette succession de représentations constitue un rythme qui va se précipitant jusqu'à une synthèse finale.
Ce rythme, tout comme la forme de cette synthèse même, échappent à mon contrôle. Il m'est possible de stimuler les représentations mais ni de les provoquer, ni de les éviter, ni même de les inhiber.
[...] Seules les forces vives de l'imagination constituent la sauvegarde de mon amour.
Elles orchestrent à elles seules cette généreuse synthèse. Se succédant régulièrement — imbriquées l'une dans l'autre — mouvement de l'amour.
- Réponse de Jacques Abeille à l'interrogation suivante : Comment se caractérisent vos représentations imaginaires dans l'acte d'amour ?
- « Premières réponses à l'enquête sur les représentations érotiques », Jacques Abeille, La Brèche, nº 7, Décembre 1964, p. 84
- Le Feu, Gabriele D'Annunzio, éd. La Revue de Paris, 1900, chap. I. L'épiphanie du feu, p. 14
- La Psychanalyse du feu (1938), Gaston Bachelard, éd. Gallimard, coll. « NRF idées », 1949, chap. 3 (« Psychanalyse et préhistoire »), p. 54
- Citation choisie pour le 23 septembre 2010.
- L'eau et les rêves — Essai sur l'imagination de la matière (1942), Gaston Bachelard, éd. Le Livre de Poche, coll. « Biblio Essais », 1993 (ISBN 978-2-253-06100-7), partie VII, chap. Introduction: Imagination et matière, p. 25
- L'eau et les rêves — Essai sur l'imagination de la matière (1942), Gaston Bachelard, éd. Le Livre de Poche, coll. « Biblio Essais », 1993 (ISBN 978-2-253-06100-7), partie IV, chap. IV Les eaux composées, p. 123
- L'Air et les Songes — Essai sur l'imagination du mouvement (1943), Gaston Bachelard, éd. Le Livre de Poche, coll. « Biblio Essais », 1992 (ISBN 978-2-253-06100-7), partie I, chap. Introduction : « Imagination et mobilité », p. 8
- L'Air et les Songes — Essai sur l'imagination du mouvement (1943), Gaston Bachelard, éd. Le Livre de Poche, coll. « Biblio Essais », 1992 (ISBN 978-2-253-06100-7), partie II, chap. Introduction : « Imagination et mobilité », p. 9
- L'Air et les Songes — Essai sur l'imagination du mouvement (1943), Gaston Bachelard, éd. Le Livre de Poche, coll. « Biblio Essais », 1992 (ISBN 978-2-253-06100-7), partie III, chap. Introduction : « Imagination et mobilité », p. 13
- L'Air et les Songes — Essai sur l'imagination du mouvement (1943), Gaston Bachelard, éd. Le Livre de Poche, coll. « Biblio Essais », 1992 (ISBN 978-2-253-06100-7), partie IV, chap. Introduction : « Imagination et mobilité », p. 18
- L'Air et les Songes (1943), Gaston Bachelard, éd. José Corti, 1950, p. 98
- Citation choisie pour le 25 avril 2009.
- L'Air et les Songes — Essai sur l'imagination du mouvement (1943), Gaston Bachelard, éd. Le Livre de Poche, coll. « Biblio Essais », 1992 (ISBN 978-2-253-06100-7), partie VI, chap. IV. « Les travaux de Robert Desoille », p. 146
- L'Air et les Songes — Essai sur l'imagination du mouvement (1943), Gaston Bachelard, éd. Le Livre de Poche, coll. « Biblio Essais », 1992 (ISBN 978-2-253-06100-7), partie I, chap. VII. « Les Constellations », p. 228
- L'Air et les Songes — Essai sur l'imagination du mouvement (1943), Gaston Bachelard, éd. Le Livre de Poche, coll. « Biblio Essais », 1992 (ISBN 978-2-253-06100-7), partie II, chap. VII. « Les Constellations », p. 233
- L'Air et les Songes (1943), Gaston Bachelard, éd. José Corti, 1950, p. 288
- La Terre et les Rêveries du repos (1946), Gaston Bachelard, éd. José Corti, 1948, p. 3
- La Terre et les Rêveries du repos (1946), Gaston Bachelard, éd. José Corti, 1948, p. 25
- La Terre et les Rêveries de la volonté, Gaston Bachelard, éd. José Corti, 1948, p. 3
Sans elle, toutes les facultés, si solides ou si aiguisées qu'elles soient, sont comme si elles n'étaient pas, tandis que la faiblesse de quelques facultés secondaires, excitées par une imagination vigoureuse, est un malheur secondaire. Aucune ne peut se passer d'elle, et elle peut suppléer quelques-unes. Souvent ce que celles-ci cherchent et ne trouvent qu'après les essais successifs de plusieurs méthodes non adaptées à la nature des choses, fièrement et simplement elle le devine. Enfin elle joue un rôle puissant même dans la morale ; car, permettez-moi d'aller jusque-là, qu'est-ce que la vertu sans imagination ?
- « Salon de 1859 », dans Œuvres complètes (1980), Charles Baudelaire, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2004, p. 751 (texte intégral sur Wikisource)
- Manifestes du surréalisme (1924), André Breton, éd. Gallimard, coll. « Folio essais », 1985 (ISBN 2-07-032279-3), p. 16
- Citation choisie pour le 23 juillet 2009.
- De la manière d'étudier et de traiter l'histoire naturelle, Georges-Louis Leclerc de Buffon, éd. Pillot, 1829, p. 57 (texte intégral sur Wikisource)
- Fureur et mystère, René Char, éd. Gallimard, 1962, p. 153
- Fureur et mystère (1948), René Char, éd. Gallimard, coll. « Poésie », 1962 (ISBN 2-07-030065-X), partie SEULS DEMEURENT (1938-1944), Partage formel, p. 65
Lénine, plus et mieux que jamais, nous apparaît incontestable, lorsqu’il déclare :
« Si l’homme était privé de sa faculté de rêver, s’il ne pouvait parfois courir en avant et contempler par l’imagination l’œuvre complète qui commence à se former sous ses mains, comment pourrait-il entreprendre et mener à leur fin lointaine la vastitude épuisante de ses travaux ? Rêvons, mais à la condition de croire sérieusement en notre rêve, d’examiner attentivement la vie réelle, de confronter nos observations avec notre rêve, de réaliser scrupuleusement notre fantaisie. Il faut rêver. Et cette sorte de rêve est malheureusement trop rare dans notre mouvement par le fait de ceux-là mêmes qui s’enorgueillissent le plus de leur bon sens et de leur exacte approximation des choses concrètes. »
- « Note en marge du jeu de la vérité », René Crevel, Documents 34, nº 20, Avril 1934, p. 23
Christophe Donner
[modifier]- Contre l'imagination, Christophe Donner, éd. Fayard, 1998 (ISBN 9 782213 601878), p. 36
Il est vrai que la nuit, quand je pouvais prendre sur moi de fermer mes volets aux rayons tentateurs de la lune ; quand je pouvais détourner mes regards de ce ciel tout scintillant d'étoiles ; quand je pouvais m'isoler avec ma propre pensée, je ressaisissais quelque empire sur moi-même. Mais, comme un miroir, mon esprit avait conservé un reflet de ses préoccupations de la journée, et, comme je l'ai dit, ce n'étaient plus des créatures humaines avec leurs passions terrestres qui m'apparaissaient, c'étaient de beaux anges qui, à l'ordre de Dieu, traversaient d'un coup d'aile ces espaces infinis ; c'étaient des démons proscrits et railleurs, qui, assis sur quelque roche nue, menaçaient la terre ; c'était enfin une œuvre comme La Divine Comédie, comme le Paradis perdu ou comme Faust, qui demandait à éclore, et non plus une composition comme Angèle ou comme Antony.
Malheureusement je n'étais ni Dante, ni Milton, ni Goethe.
- Le Bagnard de l'Opéra (1868), Alexandre Dumas, éd. Magnard, coll. « Classiques & Contemporains », 2001 (ISBN 978-2-210-75424-9), 1. Le forçat, p. 10
A côté de l'existence commune l'homme de lettres s'extériorise par imagination, des deux vies la seconde est préférable à la première.
Le rêve surpasse la réalité.
- Paul Féval donne suite à une enquête concernant son statut d'écrivain menée par le mensuel surréaliste Littérature, ce sur plusieurs numéros.
- « Notre enquête — Pourquoi écrivez-vous ? », Paul Féval, Littérature, nº 10, Décembre 1919, p. 22
- La Décomposition, Anne F. Garréta, éd. Grasset (Le Livre de Poche), 1999, p. 101
Romain Gary
[modifier]- L'angoisse du roi Salomon, Romain Gary (Émile Ajar), éd. Mercure de France, coll. « Folio », 1979 (ISBN 978-2-07-037797-8), p. 67
Claire Julliard
[modifier]Le luxe, pour lui, ne consiste pas à s'acheter des châteaux et des terres « là où il y a de la place » :
« Ca, c'est un luxe de paysan enrichi, un luxe de gagne-petit. Non... Le luxe, ce serait d'acheter les immeubles de tout un côté de l'avenue de l'Opéra et de les raser, puis de les remplacer par un énorme champ de pois de senteur avec, au milieu, une maisonnette extrêmement confortable, mais d'une seule chambre. »
Le luxe selon Boris, c'est « l'imagination au pouvoir », et non l'argent au service du conformisme. Pour cet éternel rêveur, souvent au seuil de la banqueroute, les belles voitures d'antan vont symboliser sa conception de la beauté et du raffinement.
- La biographe Claire Julliard concernant Boris Vian.
- Boris Vian (2007), Claire Julliard, éd. Folio, coll. « Biographies », 2007 (ISBN 978-2-07-031963-3), Rouleur de mécaniques, p. 27
- Éloge de la fuite (1976), Henri Laborit, éd. Édition Robert Laffont, Gallimard, collection Folio essais, 1985 (ISBN 2-07-032283-1), p. 13
- Annie Le Brun reprend ici le propos d'André Breton.
- Les châteaux de la subversion, Annie Le Brun, éd. Garnier Frères, coll. « Folio Essais », 1982 (ISBN 2-07-032341-2), partie I, p. 18
- Les châteaux de la subversion, Annie Le Brun, éd. Garnier Frères, coll. « Folio Essais », 1982 (ISBN 2-07-032341-2), partie I, « Melmoth réconcilié » ou le prix d'une entrée dans l'histoire, p. 26
- « Hymne à la nuit », Novalis, Nouvelle revue germanique, nº 14, 1833, p. 238
Dans n'importe quelle situation, si on arrête l'imagination combleuse, il y a vide (pauvres en esprit). Dans n'importe quelle situation (mais dans certaines, au prix de quel abaissement !) l'imagination peut combler le vide. C'est ainsi que les êtres moyens peuvent être prisonniers, esclaves, prostituées, et traverser n'importe quelle souffrance sans purification. Continuellement suspendre en soi-même le travail de l'imagination combleuse de vides.
Si on accepte n'importe quel vide, quel coup du sort peut empêcher d'aimer l'univers ? On est assuré que, quoi qu'il arrive, l'univers est plein.- La pesanteur et la grâce, L'imagination combleuse, Simone Weil, éd. Pocket, 1993, p. 211
A voir
[modifier]Mary Esther Harding, Les Mystères de la femme, 1953
[modifier]L'expérience pratique nous révèle que les rêves ou l'activité imaginative qui se manifestent dans l'inconscient de personnes de caractères fort différents présentent des caractéristiques générales comparables à celles du mythe, chez deux catégories d'individus. D'abord chez ceux dont la vie personnelle ne s'est jamais pleinement dégagée de ses origines inconscientes ou s'est trouvée absorbée dans l'élément collectif surgi des profondeurs de l'inconscient ; ensuite dans les rêves d'un tout autre genre d'individus dont les problèmes personnels ont déjà été éclairés soit par l'expérience de la vie elle-même, soit par l'analyse. Ce caractère général des rêves se trouve ainsi chez des individus dont le développement n'est en rien comparable : d'une part chez ceux qui ne sont pas encore parvenus à une vie individuelle dégagée du domaine collectif des images intérieures, d'autre part chez ceux qui ont complètement assimilé leurs problèmes personnels et qui parviennent à une conception plus large de la vie.
Pour ce qui est des individus qui ne sont pas en mesure de mener une vie personnelle satisfaisante et qui traînent encore dans une sorte de brouillard indistinct, le premier soin de l'analyse sera d'établir ce qui leur manque : un rapport personnel avec le monde.
- Les Mystères de la femme (1953), Mary Esther Harding (trad. Eveline Mahyère), éd. Payot & Rivages, coll. « Petite Bibliothèque Payot », 2001 (ISBN 2-228-89431-1), chap. I. Les mythes et l'esprit moderne, p. 35