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Séder de Pessa'h

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Séder de Pessa'h
Image illustrative de l’article Séder de Pessa'h
La table du Séder
Sources halakhiques
Textes dans la Loi juive relatifs à cet article
Mishna Pessa'him ch. 10
Talmud de Babylone Pessa'him 99b-121b
Talmud de Jérusalem Pessa'him 68a-71a
Choulhan Aroukh Orah Hayim chap. 472 à 486

Le séder (hébreu : סדר « ordre ») est un rituel juif hautement symbolique propre à la fête de Pessa'h, visant à faire revivre à ses participants, en particulier les enfants, l'accession soudaine à la liberté après les années d'esclavage en Égypte des enfants d'Israël.

Célébré le soir du 14 nissan en terre d'Israël, les soirs du 14 et du 15 nissan en dehors de celle-ci en raison du second jour férié des communautés diasporiques, il résulte d'une élaboration continue pluriséculaire de la Haggadah. Son noyau remonte en effet à la Mishna et semble démontrer des influences gréco-romaines ; il a ensuite été enrobé de diverses coutumes babyloniennes au cours de la période des amoraïm et des gueonim, a fait l'objet de diverses codifications au cours du Moyen Âge et a été enrichi de nombreux chants vers le XVIe siècle. Il a enfin connu diverses réinterprétations récentes, sionistes et communistes.

La composition du Séder

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Plat du Séder (1948 Pal-Bell, Maurice Ascalon)

Le Séder requiert un plateau spécifique qui doit comporter les huit éléments suivants :

  1. Trois Matzoth[1] (du pain azyme) disposées l'une au-dessus de l'autre, chacune couverte séparément ;
  2. Le Karpass, littéralement persil, éventuellement remplacé par d'autres herbes vertes (cerfeuil, céleri feuille, etc.), voire des légumes (pomme de terre, radis, raifort, etc.) ;
  3. De l'eau salée pour rappeler le goût des larmes des enfants d'Israël pendant leur esclavage ;
  4. Le Maror, des herbes amères, pour rappeler l'amertume de la vie en Égypte (romaine, laitue, endives, raifort...) ;
  5. Le Harosseth ou Harosset, un mélange fait à base de dattes, noix, pommes, amandes, cannelle liées avec du vin, symbole du mortier utilisé par les esclaves hébreux pour la fabrication des briques ;
  6. Le Zerowa : un os pour rappeler le sacrifice de l'agneau pascal à l'époque du Temple de Jérusalem ;
  7. La Bēṣa : un œuf dur, en souvenir de la destruction du Temple de Jérusalem ;
  8. La Hazérèt : supplément d'herbes amères[2], seule la hazérèt sert au korekh (sandwich de matsa et d’herbes amères)[3] ;

Tout au long de la lecture du récit de l'Exode, ces aliments sont utilisés comme symboles pour rappeler différents aspects de l'histoire rapportée par la Torah. Quatre coupes de vin (ou jus de raisin) sont bues par chaque convive, chacune à un moment spécifique du Seder (Cinq coupes chez certains Séfarades).

Un riche dîner fait principalement de viande d'agneau rôtie est également servi pendant le Séder. On dresse la table la plus belle possible. On mange accoudé sur le côté gauche en signe de liberté.

Le rituel du Séder

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Programme du Séder

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La Haggada indique la procédure à suivre pour la soirée qui consiste en 15 étapes :

Matzot sur un plat ancien avec, inscrite sur le marli, la bénédiction
על אכילת מצה ʿal ʾakhilat maṣṣā (« [… qui nous as prescrit] la consommation d’azyme »).
  1. Qaddesh קדש : on récite la bénédiction du Kiddoush autour de la première coupe de vin (ou de jus de raisin) ;
  2. Our'haṣ ורחץ : tous se lavent les mains, sans bénédiction, avant de manger le Karpass trempé dans l'eau, car on fait la nétylla (prière sur le lavage des mains) sans bénédiction avant de manger des aliments trempés dans des liquides. Il existe un signe pour se rappeler ces liquides : yad chah'at dam - יד שחט דם ; ce sont les initiales de יין-vin, דם-sang, שמן-huile, חלב-lait, טל-rosée, דבש-miel, מים-eau ;
  3. Karpass כרפס : les convives mangent du persil, ou du cerfeuil, ou du céleri feuille ou un autre légume (pomme de terre, radis, etc.) trempé dans de l'eau salée ;
  4. Ya'haṣ יחץ : on casse en deux parties la matza du milieu et on garde la plus grande partie comme Afiqoman pour la fin du repas ;
  5. Magguid מגיד : récit de l'histoire de l'Exode. Le plus jeune convive montre son intérêt en posant quatre questions traditionnelles (ma nishtana) ; on boit la seconde coupe de vin (ou de jus de raisin) ;
  6. Ra'hṣā רחצה : tous les convives procèdent à netyllat yadayim (l'ablution des mains) avec bénédiction ;
  7. Moṣi מוציא : On récite la bénédiction המוציא לחם מן הארץ sur les trois maṣṣoth (la moitié entre les deux entières) ;
  8. Maṣṣā מצה : puis on lâche la maṣṣa inférieure et on récite la bénédiction על אכילת מצה ;
  9. Maror מרור : on mange les herbes amères (Laitue romaine ou endive ou raifort, etc.) trempées légèrement dans le 'harosseth ;
  10. Korekh כורך : on déguste la maṣṣa et les herbes amères ensemble, selon la coutume de Hillel l'Ancien ;
  11. Choul'han ʿOrekh שולחן עורך : la table servie, les convives mangent le repas du soir ;
  12. Ṣafoun צפון : on mange l'Afiqoman pour marquer la fin du dîner ;
  13. Barekh ברך : bénédictions qui suivent le repas et troisième coupe de vin (ou de jus de raisin) ;
  14. Hallel הלל : lecture du Hallel, louanges lues traditionnellement lors des fêtes, et quatrième coupe de vin (ou de jus de raisin) ;
  15. Nirṣā נירצה : conclusion du Seder autour de chants symboliques.

Durant le Seder, les Juifs se remémorent le passage de leurs ancêtres de l’esclavage à la liberté. Passa'h signifie « passage » :

  • passage de l’ange de la mort par-dessus les maisons des enfants d’Israël (donc passage de la mort à la vie) ;
  • passage de l’esclavage à la liberté ;
  • passage à travers la Mer rouge ;
  • passage du Jourdain et entrée en Canaan, terre promise ;
  • passage de l’inexistence d’Israël à sa constitution en un peuple ;
  • passage de l’hiver au printemps.

Symbolisme du Séder

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Comme c’est surtout le mémorial d'un passage de l’esclavage à la liberté, c’est aussi une recherche de liberté individuelle, à travers les 15 étapes du Sedēr[4]. Il est important de préciser que le Sedēr correspond aux miṣwoth (les Commandements et le Décalogue).

  1. Un séder de Pessa'h dans un kibboutz des années 1950
    En premier, c’est le Qiddoush (ou Kiddoush), qui veut dire « spécial, sanctification » Les Juifs doivent se rendre compte que chacun d’eux est unique (pendant qu’on récite le Qiddoush). Chacun entame son voyage vers la liberté individuelle, en se posant des questions comme : De quoi l'humanité a-t-elle le plus besoin? En quoi puis-je contribuer de manière profonde à protéger et à alimenter le monde ? Et... que vais-je faire à ce sujet ?
  2. Les convives boivent la première coupe de vin.
  3. Après, tout le monde se lave les mains, sans bénédiction.
  4. En troisième, les convives prennent une herbe ou un légume et bénissent Dieu d’avoir créé les fruits de la terre. Il faut être reconnaissant[5]. Pour que ce légume parvienne à la table, il a dû être planté, récolté, emballé, transporté, déchargé, déballé, disposé sur l'étal et enregistré par un caissier - avant même qu’on puisse l'amener à la maison. C’est le moment où il faut réaliser que si tout le monde était content de tout ce qu’il a, il dirait : « La vie est un cadeau merveilleux ! ». Le persil ou cerfeuil trempé dans l'eau salée rappelle les larmes versées par les Hébreux en esclavage.
  5. La quatrième étape, c’est de briser la maṣṣa du milieu. Pour le rituel du Séder, on a disposé l'un au-dessus de l'autre trois pains ronds sans levain, c’est pourquoi on précise « la massa du milieu ». Le maître de table la brise en deux part inégales, dont la plus grande, l'Afiqoman, sera consommée à la fin du repas. Si on la brise maintenant, c’est que, pour trouver la liberté, il faut savoir prévoir l’avenir, anticiper le futur. Voici venu le moment de raconter la sortie d’Égypte, l’exode, en lisant la Haggada. Pour ce faire, on reste éveillé durant une bonne partie de la nuit.
  6. On boit la 2e coupe de vin.
  7. Tout le monde se lave les mains, cette fois avec la bénédiction.
  8. On bénit la matza et on la consomme. La matza, ce pain azyme, cuit rapidement, de sorte qu’il n’a pas levé, représente la rapidité avec laquelle les Hébreux sont partis d’Égypte, en se dépêchant de faire cuire leur pain sans attendre qu'il ait levé.
  9. Durant cette étape, on mange des « herbes amères » (maror) pour se rappeler toutes les difficultés que les Hébreux ont traversées, avec l’amertume qui s’ensuivait. Les Juifs se rappellent alors que Dieu ne les a pas abandonnés, même dans les moments difficiles.
    Seder de Juifs portugais, 1733-1739.
  10. Durant la 10e étape, les convives mangent le korekh, ce sandwich fait avec la matza , des herbes amères, et du harosseth. La matza brisée et reconstituée dans le sandwich, « sandwich fait de brique et de mortier », cela représente le peuple juif, qui est toujours resté uni.
  11. La nuit du Séder, les Juifs consomment un repas de fête pour se rappeler que la vraie liberté est la capacité de sanctifier la vie. Contrairement à d'autres religions, le judaïsme n’impose pas de grandes contraintes physiques[6]. Selon les Juifs, si Dieu a créé une telle panoplie de textures et d’arômes, c’est parce qu’il veut que ses créatures ressentent du plaisir[5].
  12. Le dernier aliment que les convives mangent, c’est l’Afiqoman (le morceau de maṣṣa mis de côté, en guise de dessert). Ils le mangent non pas par faim, mais en souvenir du Qorban-Pessa'h (Sacrifice pascal) que Dieu avait ordonné[7] et qui ne peut plus être pratiqué depuis la destruction du Temple. Le plaisir physique, bien qu'il fasse partie intégrante de leur vie[5], doit parfois céder la place à une valeur suprême, au spirituel. De plus, le pain azyme représentant la liberté, le repas se termine avec le goût de la liberté dans la bouche.
  13. La 13e étape est variée : d’abord, les Juifs se rappellent qu’il faut faire ce qui est juste, même si ce n’est pas dans l’idée populaire. Ensuite, ils récitent le Birkat Hamazone, la bénédiction de la fin du repas.
  14. C’est aussi le moment où est bue la 3e coupe de vin.
  15. Puis vient le Hallel. On reconnaît le mot dans Halelujah ( הללויה ) parce qu’Hallel signifie « louange ». Les juifs chantent des psaumes, crient et expriment leur joie d’être délivrés.
  16. On consomme aussi la quatrième et dernière coupe de vin.
  17. Le Sedēr se conclut par des chants. Tous les Juifs se souhaitent aussi de fêter le prochain Sedēr à Jérusalem. (LeShana habba'a biroushalaïm : L'An Prochain à Jérusalem).

Les traditions

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Plat et mets du Seder de Pessah sur une vaisselle israélienne

Dans la tradition ashkénaze, l'Afiqoman est caché au début du repas et les enfants doivent le chercher à la fin du repas.

Pendant le Sedēr, on mange accoudé sur le côté gauche à la façon des hommes libres et on boit quatre coupes de vin (ou jus de raisin).

Lors de la lecture des dix plaies d'Égypte, on verse du vin ainsi que de l'eau dans un récipient pour chaque plaie dont les Juifs souhaitent être préservés.

Certains ont l'habitude de remplir une cinquième coupe de vin en l'honneur du prophète Eliyahou. Dans ce cas, elle sera remplie avant le Hallel dans un verre à part. On commence le Hallel, puis on en répartit le contenu entre les convives pour ce qui sera la quatrième coupe, en complétant si nécessaire[réf. nécessaire].

Dans la culture

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L'artiste québécois SoCalled a réalisé en 2005 un album intitulé The So Called Seder : A Hip Hop Haggadah dont les pistes reprennent l'ordre traditionnel de la Haggadah en samplant des extraits de musique traditionnelle.

Notes et références

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  1. « Lamed.fr - Article - Ruminer et avoir les sabots fendus : la mémoire active », (EXEMPLE : LA FÊTE DE PESSA’H), sur www.lamed.fr, Lamed (consulté le )
  2. Rabin, Claude Brahami, L'arme d= France, Sine - Chine, , 615 p. (ISBN 2950767923), Page 66
  3. « Pessah », sur le site du consistoire de Paris la parole : Pessah, s, Ile de France (consulté le )
  4. 14 étapes dans certains rituels, où les étapes 7 et 8 sont regroupées.
  5. a b et c « Lamed.fr - Article - Introduction : Carpe diem et cacheroute », sur www.lamed.fr, Lamed (consulté le )
  6. S'il y a des interdits alimentaires comme dans un certain nombre de religions, le temps de jeûne, en particulier, est très réduit (9 jours dans l'année) par rapport aux autres religions, comme, entre autres, l'islam et le bahaïsme (Saoum), le christianisme de rite byzantin (Quatre carêmes, dont le Grand Carême), l'hindouisme.
  7. Exode 12, 3

Liens externes

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