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Guerre d'Hiver

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Guerre d’Hiver
Description de cette image, également commentée ci-après
Mitrailleurs finlandais pendant la guerre d’Hiver.
Informations générales
Date
(3 mois et 12 jours)
Lieu Finlande, Carélie
Issue Victoire soviétique, traité de Moscou
Belligérants
Drapeau de l'URSS Union soviétique Drapeau de la Finlande Finlande
Commandants
Drapeau de l'URSS Kliment Vorochilov
Drapeau de l'URSS Semion Timochenko
Drapeau de l'URSS Grigori Stern
Drapeau de la Finlande Carl Gustaf Emil Mannerheim
Drapeau de la Finlande Hjalmar Siilasvuo
Drapeau de la Finlande Hugo Österman
Drapeau de la Suède Ernst Linder
Forces en présence
Drapeau de l'URSS Union soviétique
800 000 hommes
3 000 chars
3 800 avions
Drapeau de la Finlande Finlande
340 000 hommes
64 000 chevaux
30 chars
173 avions
2 canonnières
5 sous marins[1]
Drapeau de la Suède Corps des Volontaires suédois
8 260 volontaires
Divers corps de volontaires étrangers
1 010 volontaires danois
346 volontaires hongrois
125 volontaires norvégiens
6 volontaires polonais
Pertes
Drapeau de l'URSS 126 875 tués
264 908 blessés et prisonniers
3 500 blindés[2]
Drapeau de la Finlande 26 662 tués
43 000 blessés
1 000 prisonniers

Seconde Guerre mondiale

Batailles


Front de l’Est

Prémices :

Guerre germano-soviétique :

  • 1941 : L'invasion de l'URSS

Front nord :

Front central :

Front sud :

  • 1941-1942 : La contre-offensive soviétique

Front nord :

Front central :

Front sud :

  • 1942-1943 : De Fall Blau à 3e Kharkov

Front nord :

Front central :

Front sud :

  • 1943-1944 : Libération de l'Ukraine et de la Biélorussie

Front central :

Front sud :

  • 1944-1945 : Campagnes d'Europe centrale et d'Allemagne

Allemagne :

Front nord et Finlande :

Europe orientale :


Front d’Europe de l’Ouest


Campagnes d'Afrique, du Moyen-Orient et de Méditerranée


Bataille de l’Atlantique


Guerre du Pacifique


Guerre sino-japonaise


Théâtre américain

La guerre d'Hiver (en finnois : talvisota ; en suédois : vinterkriget ; en russe : Зи́мняя война́, Zimniaïa voïna), connue également sous le nom de guerre soviéto-finlandaise ou guerre russo-finlandaise, éclate lorsque l'Union soviétique envahit la Finlande le , quelques mois après le début de la Seconde Guerre mondiale.

Le déclenchement de la guerre fait suite à l'échec des négociations entre les Soviétiques et les Finlandais autour de la création d'une zone tampon visant à protéger la ville de Leningrad, qui était très proche de la frontière, d'une éventuelle attaque du Troisième Reich — la Finlande faisant partie de la sphère d'influence soviétique selon les clauses secrètes du pacte germano-soviétique.

L'attaque de la Finlande est jugée illégale par la Société des Nations, qui en représailles, exclut l'Union soviétique le . La résistance acharnée des Finlandais, qui luttent pourtant à un contre quatre contre l'Armée rouge, dure jusqu'au (date du traité de Moscou), soit pendant 105 jours.

Le traité de Moscou met fin à la guerre et coupe court aux préparatifs franco-britanniques d'envoi d'une force de soutien à la Finlande empruntant le nord de la péninsule scandinave. Ensuite, l'invasion du Danemark et de la Norvège par l'Allemagne, le (opération Weserübung), détourne l'attention mondiale vers la bataille pour la possession de la Norvège.

Les résultats de la guerre sont mitigés. Outre ses lourdes pertes humaines, la Finlande se voit dépossédée, aux termes du traité de Moscou, de 10 % de son territoire et de 20 % de son potentiel industriel. Elle cède également la deuxième ville du pays, Vyborg (Viipuri en finnois). Cependant, les Finlandais conservent leur souveraineté et gagnent une reconnaissance à l'échelle internationale, la propagande élevant la notion de sisu (l'esprit de ténacité des Finlandais) au rang de mythe national.

La résolution des combats peut apparaître comme miraculeuse, la Finlande résiste à un pays environ 47 fois plus peuplé et 66 fois plus étendu qu'elle et, étant un pays majoritairement rural[Note 1], elle tient tête à une puissance industrielle. L'Armée finlandaise inflige de lourdes pertes à son adversaire soviétique, l'Armée rouge, qui aligne pourtant des effectifs quatre fois supérieurs à la Finlande et est doté de matériel moderne[Note 2].

Pourtant, si les Soviétiques réussissent à s'emparer de l'isthme de Carélie et obtiennent par la force ce qu'ils n'ont pas réussi à obtenir par la négociation, c'est au prix d'une dégradation de l'image du pays et de sa force militaire. Pire encore, les qualités combatives de l'Armée rouge sont mises en doute, un fait qui aurait probablement contribué à la décision d'Adolf Hitler de lancer l'opération Barbarossa contre les Soviétiques[Note 3] en 1941 et à renoncer à son projet initial, qui consiste à attendre que se ferme le front de l'Ouest avant d’envahir l'Union soviétique.

La guerre d'Hiver est par conséquent considérée comme un désastre militaire soviétique. Staline réalise après ce fiasco qu'un contrôle politique poussé sur l’armée est irréalisable. Après la guerre d'Hiver, le Kremlin entame une politique visant à réinstaller aux commandes de l’Armée rouge des officiers aguerris et à moderniser ses forces, décision judicieuse qui permettra aux Soviétiques de ne pas s'écrouler à la suite de l'invasion allemande en .

Après la Grande Trêve, qui dura un peu plus d'un an, un nouveau conflit éclatera entre la Finlande, aidée par l'Allemagne, et l'Union soviétique, appelé la guerre de Continuation, du jusqu'au , date de l'armistice de Moscou.

La ligne Mannerheim fut le théâtre de certains des combats les plus acharnés de la guerre d'Hiver.

La Finlande fait depuis longtemps partie du royaume de Suède, lorsqu'en 1809 elle est conquise par l'Empire russe lors de la guerre de Finlande. Elle devient alors un duché autonome proche de la capitale russe, Saint-Pétersbourg. Après avoir abrité Lénine durant la phase démocratique de la révolution russe, la Finlande prend ses distances avec le pouvoir russe à la suite du coup d'État bolchévique, qui amène les communistes au pouvoir, et elle déclare son indépendance le .

L'Empire allemand, qui a financé le retour de Lénine en Russie, dont il espérait accélérer la sortie de la guerre[3], soutient également le mouvement séparatiste clandestin finlandais pendant la Première Guerre mondiale. Durant la guerre civile finlandaise après l'accession de Lénine au pouvoir en Russie, les chasseurs finlandais (jääkäri), entraînés par les Allemands, et les troupes régulières allemandes combattent les communistes avec pour projet l'établissement d'une monarchie vassale de l'Allemagne en Finlande, avec Frédéric-Charles de Hesse-Cassel comme roi de Finlande. Toutefois, la défaite de l'Allemagne à la fin de la Première Guerre mondiale empêche la concrétisation de ce projet politique, et les républicains démocrates l'emportent.

Pendant la république de Weimar, les liens finno-allemands restent étroits. Cependant, après 1933, le régime nazi n'inspire pas une grande sympathie en Finlande.

Les relations entre l'Union soviétique et la Finlande sont constamment tendues, les deux périodes de russification de la Finlande forcée au tournant du siècle, ainsi que les souvenirs du soulèvement socialiste raté lors de la guerre civile, contribuant à une forte méfiance mutuelle. Pour le gouvernement bolchévique, la Finlande fait partie des « États impérialistes » et la présence de la frontière soviéto-finlandaise à seulement 32 km de Leningrad représente à la fois un danger en cas d'attaque et une porte ouverte à tous les « éléments socialement hostiles » voulant fuir le régime soviétique.

En 1932, l'Union soviétique signe un pacte de non-agression avec la Finlande. L'accord est confirmé en 1934 pour dix ans, mais la méfiance reste, et en prévision d'un possible conflit, le gouvernement finlandais achète le des avions Fokker D.XXI pour moderniser son aviation.

En , l'Union soviétique entame des négociations diplomatiques avec la Finlande pour tenter d'améliorer la défense mutuelle des deux pays contre l'Allemagne. Les Soviétiques invoquent principalement la crainte d'une attaque allemande contre Leningrad qui utiliserait la Finlande comme tête de pont. La Finlande affirme sa neutralité, et plus d'un an passe sans que la situation n'évolue. En même temps, l'Europe marche inexorablement vers la guerre voulue par l'Allemagne.

Le , le Troisième Reich et l'Union soviétique signent un pacte de non-agression, connu sous le terme de Pacte germano-soviétique. Ce pacte comprend une clause secrète, qui vise à partager en « zones d'influences » les pays situés entre les deux puissances. En particulier, la Finlande se retrouve dans la zone attribuée à l'Union soviétique, et la Pologne est divisée en deux. En , l'Allemagne et l'Union soviétique envahissent la Pologne, qui est partagée selon la clause secrète du pacte.

Carte montrant les paroisses de Repola et Porajärvi (en).

Le , l'Union soviétique relance les négociations, déjà initiées avec la Finlande en . Le , le ministre des Affaires étrangères soviétique demande à Juho Kusti Paasikivi, l’envoyé spécial finlandais, la location pour trente ans du port de Hanko, qui commande l'entrée du golfe de Finlande. Cela permettrait aux Soviétiques de contrôler le golfe, rendrait impossible son blocus par l'Allemagne nazie et soumettrait de plus le trafic maritime d'Helsinki au bon vouloir de Staline. Le recul de la frontière sur l'isthme de Carélie, laissant cependant à la Finlande la plus grande partie de la ligne Mannerheim, est également demandé pour mettre Leningrad hors de portée de l'artillerie lourde ennemie. Enfin, l'Union soviétique demande une rectification de la frontière à l'extrême nord englobant la région de Petsamo et comprenant le port de Liinakhamari, unique accès finlandais sur l'océan Arctique et riche en nickel.

Le gisement de nickel, l'un des plus importants du monde à l'époque, est découvert en 1924 et exploité depuis 1935 par l'entreprise canadienne Inco. Après 1940, un consortium germano-soviétique, comprenant entre autres IG Farben et Krupp, se partagent l'exploitation de celui-ci jusqu'au déclenchement de l'opération Barbarossa[4]. De plus, le port de Liinakhamari constituerait une base avancée de la flotte de Mourmansk, seul port soviétique libre de glace toute l'année, à quelques kilomètres de la Norvège.

Au total, c'est 2 750 km2 que demande l'Union soviétique à la Finlande, celle-là proposant de lui céder en échange 5 527 km2 autour de Repola et Porajärvi (en), une région lacustre faiblement peuplée de la république socialiste soviétique autonome de Carélie[Note 4],[5].

Les Finlandais sont prêts à accepter cet accord sauf en ce qui concerne la location de Hanko. Les Soviétiques refusent de modifier leurs exigences, et les Finlandais abandonnent donc les pourparlers le .

Face au refus finlandais, l'Union soviétique met en scène le le bombardement de Mainila. L'artillerie soviétique bombarde les environs du village russe de Mainila, proche de la frontière, et tue, selon Moscou, quatre soldats de l'Armée rouge mais aucun selon des recherches au XXIe siècle[6].

Accusant l'artillerie finlandaise d'en être l'auteur, les Soviétiques exigent des excuses auprès de la Finlande. Cette dernière ne cédant pas, les Soviétiques résilient deux jours plus tard le pacte de non-agression de 1932 entre les deux pays et franchissent la frontière le . Ils commencent donc, sans préparatifs militaires réellement sérieux, ce qui devient la guerre d'Hiver. Ce ne sera qu'en 1988 que les Soviétiques, sous la direction du premier secrétaire Mikhaïl Gorbatchev, reconnaitront la mise en scène de l'agression.[réf. souhaitée]

Au sujet de ce refus finlandais initial, le président Urho Kekkonen déclare en  : « Maintenant, plus de 20 ans après, si nous nous mettons dans la position de l'Union soviétique, puis en considérant l'attaque allemande en 1941, alors les considérations qu'avaient, et que se devaient d'avoir les Soviétiques quant à leur sécurité à la fin des années 1930, deviennent compréhensibles ».

Déroulement

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Direction des attaques de l'Armée rouge et disposition des principales formations.

L'Union soviétique se saisit de ce prétexte pour contourner le pacte de non-agression. Le , les Soviétiques attaquèrent avec 23 divisions, réparties en quatre armées, totalisant 450 000 hommes. Ils atteignirent rapidement la principale ligne de défense finlandaise, la ligne Mannerheim, en franchissant l'isthme de Carélie pendant qu'une escadrille bombardait Helsinki.

Otto Wille Kuusinen, le fondateur du Parti communiste de Finlande, anime à partir du un gouvernement fantoche, le gouvernement de la République démocratique finlandaise. Ce gouvernement, installée à Terijoki, alors situé à la frontière soviéto-finlandaise, est immédiatement reconnu par l'Union soviétique. La République démocratique finlandaise se maintient jusqu'aux pourparlers de paix, et le territoire qu'elle contrôle est intégré à la République socialiste soviétique carélo-finnoise lors du traité de paix.

Au début du conflit, la Finlande avait une armée dont les effectifs mobilisables atteignent péniblement 180 000 hommes. Elle disposait de 64 chars : 32 chars Renault FT acquis en 1919, et 32 chars Vickers 6-Ton. Devant la pénurie, elle s'équipait en toute hâte de canons antichars Bofors de 37 mm. Toutefois, au début des hostilités, elle n'en disposait que de deux exemplaires par régiment. L'aviation était aussi indigente que les autres armes. Elle disposait de vingt-six Blackburn Ripon, quatre Fokker C.X et sept Fokker D.XXI. Les réserves de munitions étaient aussi insuffisantes. Enfin, la ligne Mannerheim était incomplète.

Il existait cependant quelques atouts pour les Finlandais. La topographie est favorable à la défense : le pays est accidenté, parsemé de lacs, de marais et de forêts, qui réduisent d'autant les secteurs d'attaque possible. Le soldat finlandais se trouvait chez lui, connaissait le terrain, se déplaçait habituellement en ski et au contraire des Soviétiques connaissait l'art du camouflage. De plus, le maréchal Carl Gustaf Emil Mannerheim persuada les autorités de procéder à une mobilisation préventive, ce qui donna aux unités le temps de se roder. La ligne Mannerheim fut complétée d'ouvrages légers édifiés par l'infanterie. Enfin, il faut remarquer un pistolet-mitrailleur de conception et de fabrication nationale : le Suomi KP31.

Ces troupes se transformèrent en un adversaire féroce, employant la technique d'encerclement dite « motti », accomplie par de petits groupes de skieurs très rapides en tenue de camouflage blanches et faisant usage de leur connaissance du terrain. Un certain type de bombe incendiaire, inspiré de celles utilisées lors de la guerre d'Espagne, fut utilisé avec beaucoup de succès et devint célèbre sous le nom de cocktail Molotov.

Le , plus de 400 000 Soviétiques répartis en quatre armées (21 divisions), et richement dotés en chars, avions et artillerie, franchirent les frontières finlandaises[Note 5]. La 7e armée devait attaquer par la Carélie pour bousculer la ligne Mannerheim et occuper les riches terres du sud. La 8e armée devait prendre le centre du pays et attaquer à revers la ligne Mannerheim. La 9e armée devait couper les liaisons ferroviaires et les communications avec la Suède. La 14e armée devait prendre le nord du pays et couper les communications avec la mer Blanche.

En fait, il s'agissait d'une attaque générale, le but étant d'effacer la Finlande de la carte. Ces attaques tous azimuts se fondaient sur la constatation de l'affligeante asymétrie des forces. Le général responsable de l'opération prévoyait le pliage de l'affaire en dix jours[Note 6].

Au contraire, le maréchal Carl Gustaf Emil Mannerheim décida de concentrer ses forces au sud. Les troupes commençaient par refluer. Elles n'avaient pas les moyens de lutter contre les chars efficacement, mais le fait qu'elles ne se débandaient pas, malgré leur équipement inadapté, fut un signe de leur moral très élevé.

L'état-major donna alors deux méthodes rustiques de destruction des chars. La première méthode était l'utilisation de cocktails Molotov. Lancés dans les prises d'air des moteurs, ils incendiaient les chars irrémédiablement. La seconde méthode demandait encore plus de courage. Les fantassins étaient armés de grenades antichar très lourdes. Ils devaient dans un premier temps éliminer l'infanterie d'accompagnement et immobiliser le char à l'aide une bûche de bois fichée dans le barbotin avant, sous la chenille.

Les conditions de l'hiver 1939-1940 furent terribles, des températures inférieures à −40 °C étant courantes. Les Finlandais furent capables d'utiliser l'hiver à leur avantage. Souvent, ils préféraient attaquer leurs ennemis dans des conditions de combat inhabituelles, notamment en visant les cuisines roulantes et choisissant les rassemblements de soldats soviétiques serrés autour d'un feu de camp. La forêt, le froid et les longues nuits d'hiver servaient la cause des soldats finlandais, qui étaient pour la plupart issus du monde rural.

De plus, à la grande surprise des Soviétiques et des Finlandais, la plupart des communistes dans l'armée finlandaise ne désertèrent pas mais se battirent au contraire aux côtés de leurs compatriotes contre un ennemi commun dont ils désapprouvaient l'initiative. En effet, de nombreux communistes finlandais avaient émigré en Union soviétique après la révolution manquée pour participer à la construction de l'« idéal socialiste », mais de nombreux périrent lors des Grandes Purges ainsi que lors des opérations de nettoyage des minorités ethniques des zones frontalières orchestrées par Staline[Note 7],[Note 8]. Cela conduisit à de grandes désillusions dans les rangs des socialistes finlandais, qui en vinrent à haïr le régime stalinien.

Un autre facteur était que les grandes avancées accomplies par la société finlandaise après la guerre civile permirent que les lois de la République de Finlande évoluassent afin de réduire le fossé qui séparait les différentes classes de la société finlandaise. Cette guérison partielle des blessures de la guerre civile de 1918, ainsi que le particularisme linguistique finlandais, sont toujours désignés comme l’« esprit de la guerre d'Hiver », mais il faut également noter que de nombreux communistes finlandais ne furent pas autorisés à combattre dans l'armée de conscrits finlandaise du fait de leur appartenance politique.

L'arrogance et l'incompétence des Soviétiques eurent aussi leur importance. Les attaquants ne s'attendaient pas à une telle résistance et avaient même lancé l'invasion au son des orchestres militaires en anticipation d'une rapide victoire. Des témoignages rapportèrent le tableau de soldats soviétiques avançant bras dessus, bras dessous, vers les lignes finlandaises en joignant leurs voix aux hymnes soviétiques des orchestres. À cause des purges staliniennes, le commandement soviétique avait perdu 80 % de son effectif en temps de paix. Les remplaçants étaient généralement moins compétents mais plus « loyaux » envers le régime et leurs supérieurs, surtout depuis que Staline avait fait chapeauter les hauts-commandants par des commissaires politiques. Certaines tactiques employées, déjà obsolètes lors de la Première Guerre mondiale, étaient appliquées par les officiers directement « à partir des livres », toute initiative personnelle qui aurait abouti à un échec faisant courir le risque d'être exécuté. De nombreuses pertes soviétiques furent ainsi imputables aux commandants refusant de battre en retraite ou s'étant vu refuser l'autorisation de le faire.

L'armée soviétique était également mal préparée pour une guerre dans des conditions de froid intense et dans les zones forestières. Les véhicules utilisés étaient vétustes et incapables de résister au froid. Leurs moteurs gelaient rapidement, et il fallait les faire tourner 24 heures sur 24 pour pouvoir espérer utiliser les véhicules au moment opportun. Des pannes d'essence et des casses de moteurs étaient fréquentes.

Une des plus grandes défaites dans l'histoire de l'Armée rouge eut lieu lors des combats de la route de Raate durant la bataille de Suomussalmi. La 44e division de fusiliers soviétique (ru) (soit environ 25 000 hommes) fut presque intégralement détruite après s'être engagée sur un chemin forestier, où elle tomba droit dans une embuscade tendue par l'unité finlandaise « Osasto Kontula » (300 hommes). Cette petite unité bloquait l'avancée de la division soviétique lorsque le colonel finlandais Siilasvuo et sa 9e division (fi) (soit 6 000 hommes) coupa la retraite aux Soviétiques et divisa leurs forces en petits groupes, qui furent anéantis un à un. Les pertes soviétiques s'élevèrent à 23 000 hommes, contre 800 chez les Finlandais. De plus, ceux-ci capturèrent 43 chars, 71 canons d'infanterie ou antiaériens, 29 canons antichars, des véhicules de patrouille blindés, des tracteurs, 260 camions, 1 170 chevaux, des armes d'infanterie, des munitions et du matériel médical et de transmission.

L’un des premiers types de bombes à sous-munitions, la RRAB-3, utilisé par les Forces aériennes soviétiques contre la Finlande entre 1939 et 1940.

Les Soviétiques ne parvinrent pas à tirer parti de leur supériorité numérique au début de la guerre. La Finlande massa en effet 130 000 hommes et 500 canons dans l'isthme de Carélie, principal théâtre d'opération du conflit. En même temps, les Soviétiques attaquaient avec seulement 200 000 hommes, 900 canons et 1 000 chars, qui furent gaspillés et subirent des pertes colossales.

La pénurie de matériel du côté finlandais vaut la peine d'être considérée. Au début du conflit, seuls les soldats ayant reçu un entraînement de base avaient des armes et des uniformes. Les autres devaient se débrouiller avec leurs propres vêtements auxquels était ajouté un semblant d'insigne. Ces « uniformes » dépareillés furent surnommés « uniformes Cajander » d'après le nom du premier ministre Aimo Kaarlo Cajander. Les Finlandais réduisirent ces problèmes de pénurie en faisant un emploi intense de l'équipement, des armes et des munitions prises à l'ennemi. Par chance, l'armée n'avait pas changé le calibre standard de ses armes depuis l'indépendance, et les munitions soviétiques pouvaient donc être immédiatement réutilisées. En envoyant des soldats mal entraînés et mal dirigés, les Soviétiques fournirent l'occasion aux Finlandais de se constituer un important arsenal de prises au début du conflit, ce qui facilita d'autant les prises ultérieures.

Deux autres points méritent d'être mentionnés. La plupart des troupes de l'Armée rouge venait, lors de la guerre d'Hiver, du sud de l'Union soviétique, Staline craignant un refus des troupes levées dans les régions limitrophes de la Finlande de se battre contre les Finlandais. Ces soldats venus de lointaines contrées n'avaient aucune expérience de l'hiver arctique et étaient incapables de survivre en forêt, en plus de leur manque d'aptitudes au combat dans cet environnement. Les Finlandais portaient simplement leur propre tenue d'hiver et avaient passé leur vie dans cet environnement, presque tous les Finlandais venant des régions rurales. De plus, l'hiver fut cette année-là l'un des pires que la Finlande ait jamais connus.

La guerre navale tourna également à l'avantage de la Finlande[7][source insuffisante]. Équipée de petites unités navales, elle s'oppose aux attaques soviétiques contre ses trois ports de la mer Baltique : Hango, Porvoo et Turku. Les batteries côtières de 300 mm, héritées de l'époque tsariste, tenaient en respect les deux navires de ligne soviétiques de classe Gangut de la mer Baltique. Ces pièces soutiendront également les opérations terrestres.

La guerre aérienne pendant la guerre d'Hiver vit la Finlande inventer le vol en formation « finger-four » (quatre avions, deux en haut, deux en bas, les deux paires se séparant en situation de combat, une paire se portant assistance mutuelle sans s'occuper des deux autres appareils). Cette méthode était non seulement bien supérieure à la tactique soviétique de la patrouille de trois appareils volant en delta, mais elle fut adoptée par la plupart des belligérants de la Seconde Guerre mondiale et est encore utilisée. Cette technique de chasse et la volonté d'en découdre des pilotes finlandais, quelles que fussent leurs chances de réussite, contribuèrent à empêcher les bombardiers soviétiques d'infliger les dommages espérés aux positions finlandaises, aux villes et aux populations.

Le , le commandement soviétique passa au futur maréchal Semion Timochenko, qui décida de concentrer ses forces dans le sud, contre la ligne Mannerheim. Il constituait une importante réserve de munitions afin d'imposer la supériorité matérielle et humaine de l'Armée rouge à ses adversaires. L'action des armes (infanterie, artillerie, blindés et aviation) devint coordonnée.

Aussi, le , les lignes finlandaises furent enfoncées. Mannerheim reconstitua sa défense sur une seconde ligne, mais elle céda également le . Le , Mannerheim estima que la défense était à bout. Les réserves de munitions étaient épuisées. Le front risquait de s'effondrer intégralement.

Interventions étrangères

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Une jeune femme souriante emmitouflée dans un épais manteau.
Une doctoresse danoise volontaire pour aider les Finlandais dans la guerre d'Hiver..

La cause finlandaise fut embrassée massivement dans l'opinion publique mondiale[8],[9],[10]. La Seconde Guerre n'avait pas encore sa dimension « mondiale » puisque depuis l'invasion de la Pologne par l'Allemagne et l'Union soviétique, seule la Finlande tenait encore tête au pacte germano-soviétique, signé en juin 1939. Les États-Unis étant neutres et le Royaume-Uni et la France inactives (période dite de la « drôle de guerre »). La guerre d'Hiver était alors le seul véritable champ de bataille et attirait de fait le regard mondial. L'agression soviétique était majoritairement jugée comme injustifiée, comme l'avait été, un mois plus tôt, la destruction de la Pologne, et la Finlande était clairement perçue comme un pays allié. Différentes organisations internationales envoyèrent de l'aide comme du matériel médical. Les Finlandais émigrés au Canada ou aux États-Unis retournèrent dans leur pays d'origine, et de nombreux volontaires (dont le futur acteur Christopher Lee) rejoignirent les forces finlandaises : 1 010 Danois, 895 Norvégiens, 372 Ingriens, 346 Finlandais expatriés, 210 volontaires d'autres nationalités rallièrent la Finlande avant la fin des hostilités. Les correspondants de guerre à Helsinki relatèrent, en les exagérant fortement, les victoires des soldats finlandais et célébrèrent leur ingéniosité supposée.

La Suède, qui s'était déclarée non belligérante dans ce conflit, plutôt que neutre, comme dans la guerre opposant l'Allemagne et les puissances occidentales, fournit du matériel militaire, des fonds et des prêts monétaires, de l'aide humanitaire et 8 700 volontaires suédois à la Finlande. Son action la plus significative fut sans doute l'envoi du Corps des Volontaires de l'armée de l'air suédoise, actif à partir du , avec douze chasseurs, cinq bombardiers et huit avions de reconnaissance ou de transport, soit environ un tiers des forces aériennes suédoises de l'époque. Les pilotes et rampants volontaires provenaient des rangs mêmes de l'Armée de l'air. L'as Carl Gustav von Rosen, neveu par alliance de Hermann Göring, se porta volontaire de manière indépendante. La Finlande put également compter sur environ 900 ouvriers et ingénieurs volontaires dans ses usines.

Le Corps des Volontaires suédois, avec 8 420 hommes en Finlande, était la seule formation importante de volontaires ayant achevé son entraînement avant la fin du conflit. Il commença à relever cinq bataillons finlandais à Märkäjärvi en mi-février. Côte à côte avec les trois bataillons finlandais restants, le corps expéditionnaire lutta contre deux divisions soviétiques et se prépara à attaquer en mi-mars lorsque le traité de paix en interrompit les préparatifs. Trente-trois hommes furent tués au combat parmi lesquels le commandant du premier bataillon, le lieutenant-colonel Magnus Dyrssen.

Les volontaires suédois restent encore un sujet de controverse entre la Suède et la Finlande. Les pourparlers internes qui eurent lieu dans les années immédiatement avant la guerre laissaient espérer un soutien bien plus important à la Finlande de la part de la Suède, notamment en termes de troupes régulières. Cela aurait peut-être permis à la Finlande de repousser l'assaut soviétique ou même de ne pas être attaquée du tout.

Néanmoins, l'aide apportée par les volontaires, principalement scandinaves, fut appréciée par les Finlandais. Cela peut notamment s'illustrer par la présence pendant la campagne de Norvège d'une unité médicale de volontaires finlandais aidant les défenseurs contre l'invasion allemande en , mais les Finlandais retournèrent bientôt dans leur pays à cause de la victoire rapide des Allemands.

Le Royaume-Uni fournit une trentaine d'avions obsolètes. l'Italie fournit trente-cinq appareils modernes. La France fournit 145 avions, 500 canons de gros calibre, 5 000 mitrailleuses et 400 000 fusils. Cependant, une partie de cet équipement ne parviendra en Finlande qu'après le cessez-le-feu.

Les plans franco-britanniques pour la Scandinavie

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Après un mois, le commandement soviétique commença déjà à envisager un traité de paix, et le gouvernement finlandais reçut (via le gouvernement suédois) le les premiers émissaires pour négocier le traité. Jusqu'alors, la Finlande s'était engagée dans une lutte totale pour son existence et son indépendance en tant qu'État souverain. Lorsque les rumeurs de pourparlers entre les deux belligérants furent connues des gouvernements de Paris et de Londres, les initiatives concernant un éventuel soutien militaire changèrent radicalement de forme. La Finlande ne se battait donc plus que pour limiter ses pertes territoriales, mais pour ne pas atteindre le moral des troupes et la confiance de l'opinion publique, aucune de ces informations ne fut publiée en Finlande ou ailleurs. Il fallait que le conflit demeurât un combat à mort pour la Finlande dans l'opinion publique.

Les Franco-Britanniques offrirent leur aide en contrepartie d'un droit de passage au travers de la Norvège et de la Suède, alors neutres, pour éviter de devoir passer par le port finlandais de Petsamo ; ils occuperaient la région métallifère des districts de Kiruna et de Malmberget.
(Frontières de 1920-1940).

En , les Alliés offrirent leur aide : le plan approuvé le par le Haut-Commandement allié prévoyait l'envoi de 100 000 Britanniques et de 35 000 Français, qui devaient débarquer dans le port norvégien de Narvik et aller soutenir la Finlande via la Suède, tout en sécurisant des corridors d'approvisionnement tout au long de leur parcours. Il fut convenu que le plan serait lancé le si les Finlandais appelaient à l'aide. Le , les forces alliées demandèrent officiellement des droits de passage aux gouvernements norvégiens et suédois. La France et le Royaume-Uni espéraient que cette manœuvre ferait basculer dans leur camp les deux pays nordiques encore neutres et les engager à renforcer leurs positions contre l'Allemagne bien qu'Hitler eût déclaré au gouvernement suédois en décembre que la présence sur son sol de troupes alliées entraînerait immédiatement son invasion par l'Allemagne. Cela signifiait en pratique que l'Allemagne s'installerait dans la partie peuplée dans le Sud de la Suède et que les Alliés iraient combattre dans le Grand Nord.

Cependant, seules quelques-unes de ces troupes étaient vraiment destinés à la Finlande. On avait, par exemple, négligé les possibilités qu'offrait le port de Petsamo, qui était libre de toute glace et permettait d'entrer directement en territoire finlandais. On soupçonnait alors que les objectifs réels de cette opération étaient de capturer et d'occuper le port de Narvik et la région montagneuse renfermant les champs métallifères du nord de la Suède, d'où provenait la plupart du minerai de fer utilisé par l'Allemagne pour son effort de guerre. Si les troupes franco-britanniques avaient tenu cette opération, la zone aurait pu devenir un champ de bataille entre armées alliées et allemande. En conséquence, la Norvège et la Suède refusèrent le droit de passage. On n'apprendra qu'après la guerre que les troupes alliées avaient effectivement l'instruction d'éviter tout combat avec les troupes soviétiques.

Le plan franco-britannique prévoyait initialement de capturer la Scandinavie au nord d'une ligne StockholmGöteborg ou Stockholm – Oslo en suivant le concept britannique de la ligne des lacs Mälaren, Hjälmaren et Vänern. Cela aurait constitué une bonne ligne de défense naturelle longue de 1 700–1 900 kilomètres au sud de Narvik. Cette ligne des lacs, ainsi définie, passait par les deux plus grandes villes suédoises, ce qui aurait eu pour conséquence la présence dans la zone des combats éventuels de la plus grande partie de la population suédoise ou leur occupation pure et simple par les forces de l'Axe. Plus tard, les ambitions de l'opération furent restreintes à la moitié nord de la Suède et la zone côtière adjacente appartenant à la Norvège.

Le gouvernement suédois, dirigé par le premier ministre Per Albin Hansson, refusa donc de permettre le transit de troupes armées au travers du territoire suédois. Bien que la Suède ne se fût pas déclarée neutre dans la guerre d'Hiver, elle était neutre dans le conflit opposant la France et le Royaume-Uni à l'Allemagne. Permettre le passage de troupes alliées sur son territoire aurait été considéré comme une entorse manifeste aux lois sur la neutralité.

Le cabinet suédois décida également de rejeter les demandes répétées de la Finlande de lui fournir des troupes régulières et il finit même par faire comprendre que son soutien en armes et en munitions ne serait pas éternel. En termes diplomatiques, la Finlande se trouvait donc coincée entre les désirs des Alliés de voir le conflit se prolonger et les craintes de ses voisins scandinaves de voir la guerre s'étendre à leurs pays ou l'afflux de réfugiés consécutifs à une défaite finlandaise. Ainsi, la Wilhelmstrasse proposa ses conseils intéressés pour un traité de paix et des concessions, les Allemands suggérant que des concessions « peuvent toujours être réparées plus tard. »

Tandis que Berlin et Stockholm faisaient pression sur Helsinki pour accepter les termes du traité de paix, Paris et Londres avaient des objectifs inverses. Successivement, plusieurs plans furent proposés aux Finlandais. Tout d'abord, la France et le Royaume-Uni promirent l'envoi de 20 000 hommes avant la fin de février à la condition implicite qu'en route vers la Finlande, ils pourraient avoir des facilités pour occuper le nord de la péninsule scandinave.

Fin février, le commandant en chef des forces finlandaises, le maréchal Carl Gustaf Emil Mannerheim, était pessimiste au regard de la situation militaire. Le , le gouvernement décida donc d'entamer des négociations de paix. Le même jour, les Soviétiques débutaient leur attaque contre Viipuri (Vyborg en suédois).

Lorsque les Alliés réalisèrent que la Finlande pensait sérieusement à un traité de paix, ils lui firent une nouvelle proposition d'aide : 50 000 hommes seraient envoyés si la Finlande lançait un appel à l'aide avant le . Comme évoqué plus haut, seuls 6 000 d'entre eux lui étaient réellement destinés. Les autres troupes devaient aller à la sécurisation des champs miniers de Suède.

Malgré la faiblesse du contingent qui devait atteindre la Finlande, l'espionnage fit parvenir la nouvelle à Moscou, ce qui contribua fortement à sa décision de signer le traité de paix. On prétend ainsi que sans la menace d'une intervention des Alliés, rien n'aurait empêché que les Soviétiques ne conquissent toute la Finlande au moyen de leur réserve de troupes presque sans limites.

L’armistice

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À la fin de l'hiver, il devint clair que les forces soviétiques étaient épuisées, et les entremetteurs allemands suggérèrent à la Finlande que le temps était venu de négocier avec les Soviétiques. Les pertes soviétiques étaient lourdes, et la situation militaire compromettait le régime soviétique. Avec le dégel du printemps qui approchait, les forces de l'Armée rouge risquaient de se trouver embourbées dans les forêts finlandaises, et une première version du traité de paix fut soumis à la Finlande le . Non seulement les Allemands mais aussi les Suédois furent soulagés d'entrevoir enfin une fin à la guerre d'Hiver puisqu'ils craignaient tous un effondrement de leur voisin finlandais. Devant les hésitations du gouvernement finlandais face aux conditions très dures des Soviétiques, le roi Gustave V de Suède, lors d'une allocution publique, précisa qu'il ne donnerait pas de suite aux demandes finlandaises d'envoi de troupes régulières.

En fin février, les Finlandais avaient épuisé leurs réserves de munitions. De ce fait, les Soviétiques étaient finalement parvenus à percer la ligne Mannerheim, infranchissable jusqu'alors. Finalement, le , le gouvernement finlandais accepta de s'asseoir à la table des négociations. Au , les troupes soviétiques avaient avancé de 10 à 15 kilomètres au-delà de la ligne de défense, abordant la banlieue de Viipuri. Le gouvernement proposa un armistice ce même jour, mais les Soviétiques, souhaitant maintenir la pression, le rejetèrent le jour suivant. En fait, les combats continuèrent jusqu’à la signature du traité de paix.

La situation de l'armée finlandaise dans l'isthme de Carélie lors de la cessation des hostilités posa longtemps question, même après guerre. Des ordres avaient en effet déjà été donnés afin de préparer la retraite vers la deuxième ligne de défense, dans le secteur de Taipale. En , à l'ouverture des vannes du canal de Saimaa, l'augmentation du niveau d'eau permit à l'armée finlandaise d'isoler les troupes soviétiques. Les estimations portant sur combien de temps de telles opérations de retraite graduelle auraient pu retarder l'avance des Soviétiques varient entre quelques jours et deux mois, avec une valeur moyenne de quelques semaines, en tout cas trop peu de temps pour permettre une intervention étrangère à même de retourner la situation.

On suppose également que comme Staline avait pratiquement annihilé toutes les structures de renseignement au cours de ses purges, cela avait compromis les contacts possibles avec ses espions en Finlande et ailleurs et que ses agents, apeurés, avaient tendance à rédiger le type de rapports qu'ils supposaient vouloir être lus à Moscou. Ainsi, il se peut que Staline n'ait pas été au courant de la situation réelle au front et dans les pays alliés durant le conflit.

Soldats de l'Armée rouge gelés.

Les renseignements soviétiques parvinrent cependant à informer leur commandement des plans d'intervention dans le conflit que préparaient les Alliés mais sans leurs détails ou du manque de préparation de ceux-ci. De ce fait, les Soviétiques se sentirent contraints de rechercher un moyen prématuré de sortir de la guerre avant que les Alliés n'intervinssent et ne déclarent la guerre aux Soviétiques.

En quatre mois de combats, l'Armée rouge connut des pertes énormes. Les pertes varient énormément d'une estimation à une autre — depuis 48 000 tués, morts des suites de leurs blessures et disparus, comme indiqué par les officiels soviétiques immédiatement après la guerre, jusqu'à un million de victimes[11]. Selon des recherches récentes, l'estimation courante la plus fiable chiffre les pertes soviétiques à 391 800 hommes. Les pertes finlandaises se limitent quant à elles à environ 22 830 hommes.

Au sortir de la guerre, les pertes officiellement reconnues par les Soviétiques étant de 350 morts, seules les dépouilles de 350 soldats soviétiques furent acceptées. Les autres demeurent dans des fosses communes en Finlande. Aujourd'hui, des associations bi-nationales tentent de retrouver les identités de ces oubliés.

Le traité de Moscou

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La guerre d'Hiver : concessions territoriales finlandaises.

Selon le traité de Moscou signé le , la Finlande doit céder à l'Union soviétique la partie finlandaise de la Carélie, dont la ville de Viipuri, deuxième du pays[12]. Les exigences du traité représentaient environ 10 % des zones industrialisées de la Finlande, dont certains territoires toujours tenus par l'armée finlandaise. Quelque 422 000 Caréliens, soit 12 % de la population finlandaise avant guerre, se trouvent donc du jour au lendemain sans logement. Selon les termes du traité, les civils et les militaires qui stationnent dans les zones cédées devaient partir au plus vite. Ils fuirent en colonnes le territoire finlandais amputé. Seul un faible nombre de villageois restèrent sur leurs terres désormais sous la houlette des Soviétiques[évasif].

La Finlande dut également donner une partie de la région de Salla, la péninsule de Kalastajansaarento sur la mer de Barents et quatre îles du golfe de Finlande. La péninsule de Hanko étant, quant à elle, louée aux Soviétiques pour trente ans, afin d'y établir une base navale. Enfin, bien qu'ils eussent capturé la région de Petsamo au cours de la guerre, les Soviétiques durent la restituer à la Finlande.

Finalement, les termes du traité sont très désavantageux pour la Finlande. L'Union soviétique obtint la totalité de ses revendications d'avant-guerre, avec en plus la ville de Viipuri (Vyborg).

En 1941, les combats reprirent lors de la guerre de Continuation. Pendant ce conflit, les troupes finlandaises capturent 64 000 soldats soviétiques. Au total, 19 000 sont morts en détention[13].

La question carélienne après la guerre

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Après la guerre, les autorités locales caréliennes, les paroisses et les organisations provinciales fondèrent l'association Karjalan Liitto (fi) pour défendre les droits et les intérêts des Caréliens évacués et pour trouver un moyen de les faire rentrer en Carélie. Pendant la guerre froide, le président Urho Kekkonen tenta à plusieurs reprises de négocier avec les autorités soviétiques le retour de la Carélie dans le giron finlandais mais sans succès. Puis, personne n'en fit plus la demande officielle.

Après la chute de l'Union soviétique, la controverse revint sur le devant de la scène. Certains groupes minoritaires finnois demandaient depuis longtemps la rétrocession pacifique des territoires perdus à la Finlande. Le groupe le plus actif dans ce domaine est sans doute ProKarelia. Lors des dernières élections, ses revendications rassemblèrent entre 26 % et 36 % des suffrages en Finlande. Bien que le retour pacifique des territoires cédés par la Finlande fasse partie de ses idées, Karjalan Liitto est pour l'instant restée en retrait sur cette question.

Principales batailles

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Conséquences

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Pour les deux camps, le résultat de la guerre a été mitigé. Bien que les forces soviétiques ne soient pas parvenues à traverser la défense finlandaise, ni l'Union soviétique ni la Finlande ne sont sortis du conflit indemnes. Les pertes soviétiques sur le front étaient énormes, et le prestige international du pays en a souffert. Pire encore, les capacités de combat de l'Armée rouge ont été remises en question, encourageant la prise de décision par Hitler de déclencher l'opération Barbarossa. En conclusion, les forces soviétiques n'ont pas atteint leur premier objectif qui était la conquête de la Finlande[réf. nécessaire], mais ont gagné une cession de territoire le long du lac Ladoga. Les Finlandais ont, quant à eux, maintenu leur souveraineté et ont gagné un intérêt international considérable, malgré les fortes pertes de territoires.

Les préparatifs franco-britanniques voués à venir en aide à la Finlande par le nord de la Scandinavie (campagne de Norvège), en occupant par la même occasion la région et ses mines de fer, précipitèrent l'invasion du Danemark et de la Norvège (opération Weserübung) par l'Allemagne nazie moins d'un mois après la guerre.

La guerre d’Hiver est considérée comme un désastre militaire pour l'Union soviétique et a été interprétée comme un indice de faiblesse inhérent au système soviétique. Il faut tenir compte qu'aucune des grandes armées occidentales, pas même la puissante Wehrmacht comme on allait pouvoir le constater en 1941, n'était préparée au combat hivernal offensif. Après la guerre d’Hiver, le Kremlin lança un processus de promotion d'officiers qualifiés, d'atténuation des prérogatives des commissaires politiques et de modernisation de ses forces ; décisions importantes qui aidèrent les forces soviétiques à résister à l'agression allemande à partir de 1941. De nombreuses écoles militaires sont créées pour tous les niveaux hiérarchiques et techniques. Le maréchal Timochenko remplace Kliment Vorochilov comme commissaire du peuple pour les affaires militaires et navale[14]. La modernisation des forces armées est reprise : lance-roquettes katioucha, chars T-34 et KV. Les purges staliniennes déclinent, mais ne cessent pas[15].

Le désir de récupérer ses territoires couplé à la défaite alliée en France conduisit la Finlande à se rapprocher de l'Allemagne et à jouer un rôle lors de l'opération Barbarossa.

La guerre d’Hiver dans la culture populaire

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Littérature

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Immédiatement après cette guerre, bon nombre de jeunes anciens combattants décrivirent leur expérience. Trois de ces récits ont été traduits en français :

L'auteur, E. Hosia, est mort lors de la guerre de Continuation, en 1941.
  • La guerre dans le désert blanc (Korpisotaa), Pentti Haanpää, trad. Aurélien Sauvageot, Gallimard, 1942.
L'odyssée du soldat Puumi (chap. XVI-XVII) donne un bel exemple du fameux sisu.
  • La patrie rachetée (Lunastettu Maa), Viljo Saraja, trad. H.Svartström et S.J.Kaja, éd. Les Écrits, 1943.

Autres lectures

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  • De Jong, Peter. Le Fokker D.21 (Collection Profils Avions 9).Outreau, France: Éditions Lela Presse, 2005. (ISBN 2-914017-26-X).
  • Stenmain, Kari, La guerre d'Hiver 1939-1940: Staline attaque la Finlande, revue Batailles Aériennes no.32, 2005.
  • Stenmain, Kari, Les Messerschmitt Bf 109 finlandais, revue Avions HS.8, 1999.
  • Stenman, Kari, Urho Lehtovaara: le plus grand as sur MS 406 était... finlandais !, revue Avions no 176, juillet-.
  • Thers, Alexandre & Serbanescu, Horia Vladimir, L'Armée finlandaise, 1939-1944 (1re partie), Magazine Armes Militaria no 128, .
  • Thers, Alexandre & Serbanescu, Horia Vladimir, L'Armée finlandaise, 1939-1944 (2e partie), Magazine Armes Militaria no 132, .
  • Upton, Anthony F., La guerre de Finlande, Historia magazine no 5, .
  • Les as finlandais de la Seconde Guerre mondiale, série Les Combats du Ciel no.32, delPrado-Osprey Aviation, 2000, (ISBN 2-84349-063-4).
  • (en) William R. Trotter, The Winter war : The Russo–Finno War of 1939–40, New York (Great Britain: London), Workman Publishing Company (Great Britain: Aurum Press), 2002, 2006, 5e éd. (1re éd. 1991), 283 p. (ISBN 978-1-85410-881-4 et 1-85410-881-6) - Initialement publié aux États-Unis sous le titre A Frozen Hell: The Russo–Finnish Winter War of 1939–40.
  • Nikita Khrouchtchev, Mémoires, édité par Robert Laffont en 1971 (ISBN 2221027590 et 978-2221027592)
  • (en) Marshal Mannerheim, The Memoirs of Marshal Mannerheim traduit par Eric Lewenhaupt, édité par E. P. Dutton & Company Inc. en 1954 540 pages ASIN: B000C2X4IQ

En 1989 est sorti le film finlandais Talvisota, de Pekka Parikka. Le film raconte l'histoire d'un peloton de réservistes finlandais originaire de Kauhava. La section dépend du régiment d'infanterie « Jr23 », qui est formé quasi exclusivement d'hommes originaires de la région de Pohjanmaa.

Le groupe de black metal finlandais Impaled Nazarene enregistra le titre Total War - Winter War en référence aux combats de ce conflit.

Le groupe de power metal suédois Sabaton a enregistré le titre Talvisota en 2008 sur leur album The Art of War , White Death en 2010 sur l'album Coat of Arms, ainsi que Soldier of 3 Armies sur l'album Heroes, sorti en 2014.

Documentaire

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  • Le Feu et la glace, la guerre russo-finlandaise (La Guerre d'Hiver), Documentaire Planète. Date de sortie : 2005. Durée : h 21.

Notes et références

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  1. La population est surtout rurale, moins de 6 % se trouvant dans les villes jusqu'en 1830 et un peu plus de 21 % à la fin de 1937. Il y avait quatre grandes villes seulement : Helsinki (Helsingfors), environ 300 000 habitants (5 000 en 1809, 150 000 en 1909), Tampere (Tammerfors), Viipuri (Vyborg), Turku (Abo), aucune de ces trois dernières villes ne dépassant 75 000 habitants (source : Politique étrangère no 2-1940, article « Finlande et Russie » de Paul Boyer).
  2. « Le peuple finlandais a démontré qu'une nation soudée, même modeste par la taille, peut faire preuve d'une capacité à se battre sans précédent et, par-là même, résister aux épreuves les plus formidables que le destin lui réserve. En serrant les rangs en ces moments périlleux, le peuple finlandais a gagné le droit de continuer à vivre dans l'indépendance au sein de la famille des peuples libres. » (source : « Mes mémoires », Carl Gustaf Emil Mannerheim).
  3. « Une victoire à un tel prix est en fait une défaite morale. Notre peuple n'a jamais su que nous avions essuyé cette défaite, parce que nous ne lui avons jamais dit la vérité. Nous tous, à commencer par Staline, avons senti dans cette victoire, une défaite. Et elle était dangereuse, parce qu'elle renforçait chez nos ennemis la conviction que l'Union soviétique était un colosse aux pieds d'argile. En résumé, notre conduite lamentable de la campagne en Finlande a encouragé Hitler à lancer son blitzkrieg, son opération Barbarossa » (source : « Mémoires » ; Nikita Khrouchtchev).
  4. Repola est une sous-région du district Muyezersky de la république de Carélie, d'une superficie de 11 000 km2, comptant 1 465 habitants en 1926. « HistoriaHomanen »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?)).
  5. « Camarades soldats, officiers, commissaires et ouvriers politiques de l'Armée rouge, pour concrétiser le gouvernement des Soviets et la volonté de notre grande mère Patrie, j'ordonne par le présent document aux forces militaires du district de Léningrad de franchir la frontière, d'écraser les forces finlandaises et une fois pour toutes d'assurer la pérennité des limites nord-ouest de l'Union soviétique et de la ville de Lénine, berceau de la révolution du prolétariat ». — Kirill Meretskov, chef du district militaire de Léningrad. Ordre d'invasion.
  6. « Nous n'aurions qu'à élever la voix pour que les Finlandais obéissent. Si ça ne marchait pas, il suffirait de tirer un coup de feu pour qu'ils lèvent les mains en l'air et se rendent ; du moins, c'est ce que nous pensions. » (source : « Mémoires » ; Nikita Khrouchtchev).
  7. « À partir de 1935, le gouvernement soviétique multiplie les opérations de « nettoyage » des zones frontalières, de plus en plus perçues comme une véritable ligne de front. En février-mars 1935, dans la région de Léningrad, une première opération se solde par la déportation de quelque 3 500 familles d'origine finlandaise, lettone ou estonienne, envoyées au Kazakhstan, en Sibérie et au Tadjikistan. » (sources : Terry Martin, « The affirmative action Empire. Nations and nationalism in the Soviet Union », 1923-1939, Cornell University Press, 2001, page 333 — in Online Encyclopedia of Mass Violence, Nicolas Werth, Presses de Sciences Po.
  8. En avril et mai 1936, un second contingent de 5 000 familles d'origine finlandaise fut déporté de la région de Léningrad (Online Encyclopedia of Mass Violence, Presses de Sciences Po).

Références

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  1. Louis Clerc, la guerre finno-soviétique (2014). Édition économica. (ISBN 978-2-7178-6720-6).
  2. (en) Grigoriy Krivosheyev,Soviet Casualties and Combat Losses in the Twentieth Century (1997b). (1st ed.). Greenhill Books. (ISBN 1-85367-280-7).
  3. Hélène Carrère d'Encausse, Lénine, Fayard, coll. « Les Géants du XXe siècle », , 480 p. (ISBN 978-2-213-67451-3, lire en ligne).
  4. Histoire de l'IG-Farben (1905-1952), Jean-Philippe Massoubre, 2008.
  5. Paul-Marie de La Gorce, 39-45, une guerre inconnue, chap. IV.
  6. Pavel Aptekar dans l'article Casus Belli utilise les rapports de pertes comme sources (Там же Оп.10 Д.1095 Л.37,42,106.130,142) (ru).
  7. « Isc, ihcc et cfhm - le site de la stratãgie et de l'histoire », sur stratisc.org (consulté le ).
  8. « Vous voulez vivre ? Mieux : Vous ne voulez pas mourir ? Alors, secourez la Finlande ! » - Charles Maurras, de l'Action française, le chef de file de l’extrême droite française.
  9. « Oui, vite !… La Finlande doit être sauvée et tout ce qui est nécessaire pour son salut doit être fait. » - Léon Blum, chef socialiste (Section Française de l'Internationale Ouvrière).
  10. « L’Union soviétique a envahi un pays voisin tellement minuscule qu'il ne pouvait lui faire aucun mal. Une nation qui ne cherchait qu'à vivre en paix et dans la démocratie, une démocratie de surcroît libérale et tournée vers l'avenir. » - Franklin Roosevelt, président des États-Unis.
  11. Nikita Khrouchtchev, Mémoires.
  12. « Louis Clerc : « La Finlande garde une mémoire essentiellement positive de la Seconde Guerre mondiale » », sur Le Courrier d'Europe centrale,
  13. Benoît Vitkine et Anne-Françoise Hivert, « La Russie accuse la Finlande de « génocide » durant la Seconde Guerre mondiale », Le Monde,‎ (ISSN 0395-2037, lire en ligne, consulté le ).
  14. Staline et le stalinisme- Alessandro Mongili- éditions casterman giunti.
  15. "En septembre 1941, Staline signe encore une liste de cent soixante-dix condamnés à mort"-Staline et le stalinisme- Alessandro Mongili- éditions casterman giunti.

Bibliographie

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Articles connexes

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Le tireur d'élite Simo Häyhä lors de la guerre d'Hiver.
Étapes marquantes de la Seconde Guerre mondiale
Chronologie de la Seconde Guerre mondiale
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Liens externes

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