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Beta Tauri

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(Redirigé depuis Gamma Aurigae)
Elnath
(β Tauri)
Données d'observation
(époque J2000.0)
Ascension droite 05h 26m 17,513s[1]
Déclinaison +28° 36′ 26,83″[1]
Constellation Taureau
Magnitude apparente 1,65[2]

Localisation dans la constellation : Taureau

(Voir situation dans la constellation : Taureau)

Localisation dans la constellation : Cocher

(Voir situation dans la constellation : Cocher)
Caractéristiques
Type spectral B7III[3]
Indice U-B −0,49[2]
Indice B-V −0,13[2]
Indice R-I −0,10[2]
Variabilité Aucune
Astrométrie
Vitesse radiale +9,2 ± 2,5 km/s[4]
Mouvement propre μα = +22,76 mas/a[1]
μδ = −173,58 mas/a[1]
Parallaxe 24,36 ± 0,34 mas[1]
Magnitude absolue −1,42[4]
Caractéristiques physiques
Masse 4,5 M
Rayon 5-6 R
Luminosité 700 L
Température 13 600 K
Métallicité [Fe/H] = −0,10
Rotation 82 km/s

Désignations

Nath, El Nath, Alnath, β Tau, γ Aur, 112 Tau, 23 Aur, HR 1791, HD 35497, HIP 25428, BD+28°795, FK5 202, GC 6681, SAO 77168, CCDM 05263 +2836A[5]

Beta Tauri (β Tau, Bêta du Taureau), également appelée par son nom traditionnel Elnath, est la deuxième étoile la plus brillante de la constellation du Taureau, avec une magnitude apparente de 1,65. D'après la mesure de sa parallaxe annuelle par le satellite Hipparcos, elle est située à environ ∼ 134 a.l. (∼ 41,1 pc) de la Terre[1].

Comme l'étoile est située à la frontière du Taureau, avec le Cocher, elle possède également une désignation de Bayer redondante Gamma Aurigae (γ Aur), qui est de nos jours très rarement utilisée.

Nomenclature, histoire et mythologie

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Du ciel gréco-arabe à l'UAI

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Elnath est, dans la constellation du Taureau, le nom propre de l'étoile Beta Tauri / β Tau retenu par l'Union astronomique internationale (UAI)[6]. Il s'agit d'une création arbitraire, sous la forme Nath de Giuseppe Piazzi (1814)[7], à partir de la transcription Nat’h donnée dans la traduction du زيجِ سلطانی Zīğ-i Sulṭānī ou « Tables sultaniennes » d’Uluġ Bēg (1437) Thomas Hyde (1665)[8]. Dans calendriers arabes traditionnels, le nom النطح al-Naṭḥ, « le Coup de corne », est en effet normalement affecté au couple αβ Ari, semblablement située sur la ‘’Corne’ de cet animal. Chez les auteurs arabes, on trouve plus spécifiquement قرن الثور Qarn al-Ṯawr, "la Corne du Taureau" pour β Tau[9]. Comme dans de nombreux (mais pas dans tous) noms arabes d'étoiles, l'article ال est translittéré comme el-, en dépit du fait que dans la prononciation arabe, il est lié avec le /n/ qui suit.

Kab dil Inan est un des noms de γ Aur. C’est l’arabe كعب ذي العنّان Kaᶜb ḏī l-ᶜInnān, « le Talon du Cocher », qui est une appellation tardive née dans le cadre des constellations héritées des Grecs par les astronomes arabes au IXe siècle. Dans sa traduction du زيجِ سلطانی Zīğ-i Sulṭānī ou « Tables sultaniennes » d’Uluġ Bēg (1437), Thomas Hyde livre la transcription ‘Cab di’l Inân’ (1665)[10], repris dans la transcription ‘Al Ḳa’b dhi’l’Inān’ par Richard Allen (1899) [11]. Mais cette appellation avait déjà été saisie comme nom propre par Richard A. Proctor sous la forme Hab dhû l-Inan (1870) [12], qui disparaît dans les éditions ultérieures, puis Kab dil Inan, Amand Freiherr von Schweiger-Lerchenfeld (1898)[13],[14]. Mais l’appellation Elnath donnée pour cette étoile dans le cadre de la constellation du Taureau a éclipsé de nos jours cette appellation dans le cadre celle du Cocher..

La figure d’Auriga dans l’édition du Poeticon astronomicon d’Hyginus de 1482.

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Dans le ciel arabe traditionnel

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β Aur appartient au groupe βθγ Aur, nommé توابع العيّوق Tawābiᶜ al-ᶜAyyūq, « les Suivantes d’Alhajoth », mais également الأعلأم al-Aᶜlām « les Signes » [15],[16]. Tawābiᶜ al-ᶜAyyūq a donné Altawabi, un des noms de ι Aur (voir cette étoile).

en Mésopotamie

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β Tau est mul.giš.GIGIR = Narkabtu, « le Char de guerre ou de parade », dès le début du 2e millénaire av. notre ère[17]. On la retrouve dans la liste des étoiles de comput utilisée par les Journaux astronomiques, où elle est nommée ŠUR GIGIR šá SI, « la Boréale du Char » (β Tau), suivie par ŠUR GIGIR šá ULÙ, « l’Australe du Char » (ζ Tau)[18]. Ces étoiles et celles placées au-dessus d’elle, appartenant à GÀM = Gamlu, « l’Arme courbe », emblème du dieu Marduk. Selon une tradition conservée par Manilius et Teukros de Babylone, ce personnage serait en effet le conducteur du char[19]. (voir la constellation du Cocher dans une figure qui serait l’ancêtre de la constellation grecque Ἡνίοχος.

γ Aur = β Tau est 五車五, soit la 5e étoile de l’astérisme Wuche, « les Cinq chars »[20].

Propriétés

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Par rapport au Soleil, cette étoile est remarquable par son abondance élevée en manganèse et sa pauvreté en calcium et en magnésium. Cette étoile a commencé à s'éloigner de la séquence principale, devenant une géante.

Notes et références

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  1. a b c d e et f (en) F. van Leeuwen, « Validation of the new Hipparcos reduction », Astronomy & Astrophysics, vol. 474, no 2,‎ , p. 653–664 (DOI 10.1051/0004-6361:20078357, Bibcode 2007A&A...474..653V, arXiv 0708.1752)
  2. a b c et d (en) D. Hoffleit et W. H. Warren, « Bright Star Catalogue, 5e éd. », Catalogue de données en ligne VizieR : V/50. Publié à l'origine dans : 1964BS....C......0H, vol. 5050,‎ (Bibcode 1995yCat.5050....0H)
  3. (en) R. F. Garrison et R. O. Gray, « The Late B-Type Stars: Refined MK Classification, Confrontation with Stroemgren Photometry, and the Effects of Rotation », The Astronomical Journal, vol. 107,‎ , p. 1556 (DOI 10.1086/116967, Bibcode 1994AJ....107.1556G)
  4. a et b (en) E. Anderson et Ch. Francis, « XHIP: An extended Hipparcos compilation », Astronomy Letters, vol. 38, no 5,‎ , p. 331 (DOI 10.1134/S1063773712050015, Bibcode 2012AstL...38..331A, arXiv 1108.4971)
  5. (en) * bet Tau -- High proper-motion Star sur la base de données Simbad du Centre de données astronomiques de Strasbourg.
  6. (en) « Table 1: Star Names Approved by WGSN as of 20 July 2016 », Bulletin of the IAU Working Group on Star Names, no 1,‎ (lire en ligne [PDF], consulté le ).
  7. Giuseppe Piazzi, Præcipuarum stellarum inerrantium positiones mediæ ineunte sæculo XIX : ex observationibus habitis in specola Panormitana ab anno 1792 ad annum 1813, éd. Panermi : ex regia typ. militari, 1814, p. 35.
  8. (la) Thomas Hyde, « Tabulae Long. ac Lat. Stellarum Fixarum ex Observatione Ulugh Beighi, Tamerlanis Magni Nepotis, Oxonii : Henry Hall, 1665, Commentarii, p. 30. »
  9. Roland Laffitte, Héritages arabes. Des noms arabes pour les étoiles, Paris : Geuthner, 2005, p. 97; ainsi que Roland Laffitte, Le ciel des Arabes. Apport de l’uranographie arabe, Paris : Geuthner, 2012, pp. 169 et 177.
  10. (la) Thomas Hyde, « Tabulae Long. ac Lat. Stellarum Fixarum ex Observatione Ulugh Beighi, Tamerlanis Magni Nepotis, Oxonii : Henry Hall, 1665, pp. 40-41. »
  11. (en) Richard Hinckley Allen, « ''Star-names and their meaning, New York & al., G. E. Stechert, 1899, réed. st. Star Names, Their Lore an Meaning, New-York: Dover Publications, 1963, p. 89. »
  12. Richard A. Proctor, A Star Atlas, London: Longsman & Green, 2e éd., 1870, p. 23.
  13. (de) Amand Freiherr von Schweiger-Lerchenfeld, Atlas der Himmelskunde auf Grundlage der Ergebnisse de coelestischen Photographie..., Leipzig : A. Hartleben's Verlag, 1898, s.v. der Führmann.
  14. Roland Laffitte, Héritages arabes. Des noms arabes pour les étoiles, Paris : Geuthner, 2005, pp. 181.
  15. (de) Paul Kunitzsch, Arabische Sternnamen in Europa, Wiesbaden : Otto Harrassowitz, 1959, pp. 8 et 114.
  16. Roland Laffitte, Le ciel des Arabes. Apport de l’uranographie arabe, Paris : Geuthner, 2012, p. 89.
  17. Roland Laffitte, « La liste V 46, sur URANOS, le site astronomique de la Selefa. »
  18. Roland Laffitte, « Les étoiles de comput dites 'normales' dans les Journaux astronomiques (652-61 av. J.-C.), sur URANOS, le site astronomique de la Selefa. »
  19. André Le Bœuffle, Les Noms latins d’astres et de constellations, éd. Paris : Les Belles Lettres, 1977, p. 106-108.
  20. Sun Xiachun Sun & Jacob Kistemarker, The Chinese Sky During the Han, Leiden / Köln : Brill, 1997, pp. 71 & 74.

Liens externes

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