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Avenue de l'Observatoire (Paris)

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5e, 6e, 14e arrts
Avenue de l'Observatoire
Voir la photo.
L'avenue de l'Observatoire en direction de l'observatoire astronomique de Paris.
Voir la plaque.
Situation
Arrondissements 5e
6e
14e
Quartiers Val-de-Grâce
Odéon
Notre-Dame-des-Champs
Montparnasse
Début 9, rue Auguste-Comte et place André-Honnorat
Fin Observatoire de Paris
Morphologie
Longueur 800 m
Largeur 82 m
Historique
Création 1807 et 1866
Dénomination
Ancien nom Rue de la Pépinière, avenue du Luxembourg
Géocodification
Ville de Paris 6805
DGI 6860
Géolocalisation sur la carte : Paris
(Voir situation sur carte : Paris)
Avenue de l'Observatoire
Images sur Wikimedia Commons Images sur Wikimedia Commons

L'avenue de l'Observatoire est une voie à cheval sur le 6e et le 14e arrondissement de Paris, aux confins des quartiers du Val-de-Grâce (5e), de l'Odéon et de Notre-Dame-des-Champs (6e), et de Montparnasse (14e).

Situation et accès

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L'avenue de l'Observatoire est desservie par le RER B à la gare de Port-Royal et la gare du Luxembourg.

Origine du nom

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Cette voie doit son nom à l'Observatoire de Paris à laquelle elle mène.

Exécution du maréchal Ney.
Von Drais et sa draisienne.
Extrait du plan Bénard (1857) avec l'avenue de l'Observatoire au centre.
Avenue de l'Observatoire, par Charles Marville (vers 1853-1870).

Au XVIIe siècle, les monuments qui fixent la double perspective de l’avenue sont indépendants l’un de l’autre. Le dégagement du palais du Luxembourg s’oriente vers la Seine par la rue de Tournon, le sud étant obstrué par le couvent des Chartreux. L’Observatoire est isolé, au-delà des limites de la ville, parmi les moulins et les vignes et négocie l’élargissement de son emprise vers la rue du Faubourg-Saint-Jacques. L’idée de relier les deux édifices vient des astronomes qui entendent matérialiser le méridien de Paris. Antoine Vaudoyer et Jean-François Chalgrin élaborent une allée plantée allant du Luxembourg jusqu’à la rue Cassini, tout en déviant, légèrement à l’est, le méridien[1].

Anciennement « avenue de la Pépinière » puis « avenue du Luxembourg », un décret impérial du décide l'ouverture de l'avenue à partir de l'Observatoire de Paris[2] dans l'axe du méridien de Paris sur les terrains de la chartreuse de Paris.

En 1790, l'ordre des Chartreux est supprimé. La chartreuse de Paris est confisquée et vendue comme bien national. Une loi du 27 germinal l'an VI () prévoit le percement de plusieurs voies à l'emplacement de l'enclos des Chartreux : l'avenue de l'Observatoire, la rue de l'Ouest (actuelle rue d'Assas) et la rue de l'Est (partie de l'actuel boulevard Saint-Michel). L'espace entre la rue de l'Est et l'avenue de l'Observatoire n'est pas loti mais réservé à l'établissement d'une pépinière. L'extrémité méridionale de cette avenue porte le nom de « Carrefour de l'Observatoire », jusqu'en 1811[3].

Le , après un rapide procès organisé par la Chambre des pairs, le maréchal Ney, ancien prince de la Moskowa, est exécuté entre l’entrée de l’avenue de l’Observatoire et la grille du jardin du Luxembourg, le long du mur d’un enclos correspondant aujourd'hui à l’emplacement de la station RER Port-Royal.

Pierre-Nicolas Berryer, avocat du maréchal, évoque dans son livre de souvenir ce passage macabre : « Le mur qui était en construction et ses débris furent bientôt recouverts de son sang ; la foule empressée se précipita pour en recueillir les moindres traces, avec la même ardeur que s’il se fût agi des morceaux de la vraie croix (…) ».

Une draisienne, ancêtre de la bicyclette est expérimentée à Paris par son inventeur, le baron badois Karl von Drais, en avril 1818 à ce même carrefour, à proximité des jardins de l'abbaye de Port-Royal[4],[5].

En 1866, l'avenue est prolongée et élargie de la rue d'Assas et du boulevard Saint-Michel jusqu'à la rue Auguste-Comte devant le jardin du Luxembourg. À cette occasion, deux jardins publics sont créés sur une surface de plus de 22 000 m2 : le jardin Marco-Polo et le jardin Robert-Cavelier-de-La-Salle. Leurs aménagements (grilles, candélabres) sont réalisés par Gabriel Davioud ainsi que l’alignement des colonnes et des statues symbolisant le méridien de Paris (voir supra).

Le 23 mars 1918, durant la Première Guerre mondiale, un obus lancé par la Grosse Bertha explose avenue de l'Observatoire[6].

Le , en pleine guerre d'Algérie, François Mitterrand, alors sénateur de l'opposition, déclare être la victime d'un attentat, lequel se révélera avoir été simulé, au niveau du numéro 5 de l'avenue, épisode qui est connu sous le nom de l'attentat de l'Observatoire[Note 1].

Image externe
Photographie Avenue de l'Observatoire, 1934, Brassaï

Au niveau de la gare de Port-Royal, la partie de l'avenue le long des voies de chemin de fer a été renommée avenue Georges-Bernanos et accueille les locaux du CROUS de Paris.

Le photographe Gyula Halász, plus connu sous son nom d'artiste Brassaï, est l'auteur de nombreuses photographies artistiques prises dans le quartier Montparnasse, dont l'une représente l'avenue en plein brouillard, un soir de l'année 1934.

Bâtiments remarquables et lieux de mémoire

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  • L'avenue longe une partie des locaux du lycée Montaigne et constitue un angle de l'École nationale supérieure des mines de Paris (renommée Mines ParisTech).
  • Le jardin Marco-Polo[Note 2] accueillant la Fontaine des Quatre-Parties-du-Monde ou fontaine Carpeaux et le jardin Robert-Cavelier-de-La-Salle.
  • Le Monument à Francis Garnier par Denys Puech (1898).
  • Une entrée du jardin du Luxembourg.
  • No 1 (et 7, rue Auguste-Comte) : immeuble très ornementé construit en 1923 par l’architecte Henri Delormel[7] pour un commanditaire surnommé, selon un ancien propriétaire de l’immeuble, « le quincaillier de la Reine d’Angleterre » car il fournissait des robinetteries pour les paquebots anglais. Le « quincaillier » se suicida peu avant la fin des travaux en découvrant qu’une actrice dont il était amoureux, et à laquelle il avait l’intention d’offrir l’immeuble, le trompait[8]. En 1939, le bâtiment est mis à prix 1 800 000 francs lors d'une vente au Palais de justice[9]. L'ornementation en est remarquable : on peut y observer des consoles soutenues par des têtes de lions et des oriels soutenus par des têtes d’éléphants enroulant leur trompe autour d’une boule. En façade, on note également l’évolution des visages sculptés aux différents niveaux, immédiatement au-dessous des balcons. Au premier niveau, ce sont des têtes de bébés, puis, à l’étage au-dessus, des têtes d’adolescents ; ensuite, au niveau supérieur, des têtes d’adultes font office de support. Au dernier étage, enfin, ce sont des personnages d’âge mûr.

Dans la littérature

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Dans le roman Ferragus[15], Honoré de Balzac décrit ce qui était alors l’esplanade de l’Observatoire, en 1833 :

« […] parmi la population sage et recueillie qui, lorsque le ciel est beau, meuble infailliblement l’espace enfermé entre la grille sud du Luxembourg et la grille nord de l’Observatoire, espace sans genre, espace neutre dans Paris. En effet, là, Paris n’est plus ; et là Paris est encore. Ce lieu tient à la fois de la place, de la rue, du boulevard, de la fortification, du jardin, de l’avenue, de la route, de la province, de la capitale ; certes, il y a de tout cela : c’est un désert. Autour de ce lieu sans nom, s’élèvent les Enfants-Trouvés, la Bourbe, l’hôpital Cochin, les Capucins, l’hospice de La Rochefoucauld, les Sourd-Muets, l’hôpital du Val-de-Grâce ; enfin tous les vices et tout les malheurs de Paris ont là leur asile ; et pour que rien ne manquât à cette enceinte philanthropique, la Science y étudie les marées et les longitudes ; M. de Chateaubriand y a mis l’infirmerie Marie-Thérèse ; et les Carmélites y ont fondé un couvent. […] Cette esplanade, d’où l’on domine Paris, a été conquise par les joueurs de boules, vieilles figures grises, pleines de bonhomie, braves gens qui continuent nos ancêtres, et dont les physionomies ne peuvent être comparées qu’à celles de leur public, à la galerie mouvante qui les suit. »

Notes et références

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  1. Également dénommé sous le nom d' « attentat des jardins de l'Observatoire ».
  2. Également dénommé « jardins de l'Observatoire », appellation qui, cependant, désigne un autre espace public.

Références

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  1. Bruno Institut français d'architecture, La métropole imaginaire: un atlas de Paris [exposition, Paris, Institut français d'architecture, 1989], Mardaga, (ISBN 978-2-87009-393-1).
  2. Félix et Louis Lazare, Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments, fac-similé de l'édition de 1844, p. 32-33.
  3. Dictionnaire historique des rues de Paris de Jacques Hillairet, page 191.
  4. Mathieu Flonneau, « Draisienne », sur Encyclopædia Universalis (consulté le ).
  5. Site draisienne.family, page "La draisienne, ancêtre du vélo", consulté le 29 juin 2021.
  6. « Les bombardements par Berthas », Excelsior, 9 janvier 1919, sur Gallica.
  7. « 7, rue Auguste-Comte », sur pss-archi.eu.
  8. Françoise Goy-Truffaut, Paris façade, un siècle de sculptures décoratives à Paris, Hazan, 1989 (ISBN 978-2850252082).
  9. La Journée industrielle, 5e colonne, 12 juillet 1939, sur RetroNews.
  10. Notice no PA00132986, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  11. Protections patrimoniales, 6e arrondissement, Ville de Paris, Règlement du PLU, tome 2, annexe VI, p. 153 à 219.
  12. Romain Rolland, Choix de lettres à Malwida von Meysenburg, Cahier no 1, 2013.
  13. Le Petit journal, 27 février 1913, p. 2, 1re colonne.
  14. « Monument au maréchal Ney – Paris, 6e arr. », notice sur e-monumen.net.
  15. Balzac, Ferragus, La Comédie humaine, études de mœurs: scènes de la vie parisienne, Paris, Gallimard, collection La Pléiade, , pages 901-902.

Articles connexes

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Liens externes

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