Voir aussi : Gens

Étymologie

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(Nom commun 1) (980) Ancien pluriel de gent, du latin gens, gentis. Jusqu’au xviiie siècle, on dit « cent, mille gens ».
(Nom commun 2) (1834)[1] Emprunt savant au latin gens, gentis.

Nom commun 1

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Invariable
gens
\ʒɑ̃\

gens \ʒɑ̃\ au pluriel uniquement, masculin ou féminin (l’usage hésite) (voyez la note grammaticale ci-dessous)

  1. Personnes en nombre indéterminé.
    • Les flibustiers sont gens hardis et surtout clairvoyants et rusés comme des singes. — (Gustave Aimard, Les Rois de l’océan : L’Olonnais, Paris : E. Dentu, 1877)
    • Je regardais les gens entrer dans la cour, les hommes en redingotes sombres, les femmes long voilées de noir. — (Octave Mirbeau, Contes cruels : Mon oncle)
    • Tumultueux concours de monde aux abords de l’embarcadère, gens qui partent et gens qui regardent partir, recrutés parmi la population cosmopolite de Bakou. — (Jules Verne, Claudius Bombarnac, chapitre III, J. Hetzel et Cie, Paris, 1892, Page:Verne - Claudius Bombarnac.djvu/41)
    • Dans la salle, trop étroite pour contenir un aussi grand nombre de gens, on s’écrasait littéralement. — (Francis Carco, Images cachées, Éditions Albin Michel, Paris, 1928)
    • Tenez, qu’est-ce qui se passe à la Bourse ? Des gens qui n’ont rien prennent le droit d’acheter une marchandise dont ils savent parfaitement que la livraison ne s’accomplira jamais, mais qu’ils revendront avec profit. — (Victor Méric, Les Compagnons de l’Escopette, Éditions de l’Épi, Paris, 1930, pages 167-168)
    • Empêcher la vie des gens et leur plaisir devrait-il être permis ? De quoi se mêle un ministre ? De quel droit, avec quelle permission ? — (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)
    • Je me rendis compte que même à Göttingen il pleuvait parfois, les gens pouvaient être maussades. — (Ruth Klüger, Perdu en chemin, traduction des éditions Viviane Hamy, 2010, La Martinière, 2013)
  2. (Absolument) Population, dans un ensemble indistinct, sans relief.
    • Les gens. #LesGens. Les gensses, comme dit le chroniqueur Dave Ouellet (MC Gilles). Très souvent, on entend cette expression dans les médias pour parler de ceux qui votent, qui vivent, des citoyens, des téléspectateurs, bref des individus en action. Elle est surutilisée dans les médias, dans la bouche d’animateurs à la testostérone exaltée, mais aussi entendue dans celle de politiciens et d’acteurs de la vie sociale. Sur les réseaux sociaux, elle se présente sous la forme d’un hashtag. #LesGens. Pour dénigrer par des commentaires blessants ou humoristiques les ordinaires un peu lents, les quétaines, les matantes qui s’expriment, les mononcles un peu conservateurs. #LesGens n’est pas un compliment. [...] Une certaine gauche a une certaine coquetterie pour désigner les gens. Il s’agit du peuple. Concept large, là encore, mais qui bénéficie d’une assise conceptuelle historique, quoique un peu moisie. D’où le recours aux gens, qui fleure le bon populisme. — (Marie-France Bazzo, Nous méritons mieux, Boréal, 2020, pages 153-155)
  3. Tous ceux qui sont d’un état, d’une profession quelconque. — Note : il est suivi de la préposition de et d’un nom qui désigne cette profession, ou cet état.
    • Ce qui a pu causer la méprise de ces deux regrettables philologues, c’est que les formes savantes antérieurement aux quinzième et seizième siècles n’appartinrent en effet jamais à ce qu’on peut appeler la langue courante. Elles restèrent à peu près exclusivement à l’usage des gens d’Église, des juristes, des savants, des lettrés et particulièrement des traducteurs […]. — (« Études sur un double mode de formation des mots français dérivés du latin », lu par M. Luce, séance du 20 mars 1863, Académie des Inscriptions et Belles-Lettres : Comptes rendus des séances de l’année 1863, par Ernest Desjardin, tome 7, Paris : chez Auguste Durand, 1864, page 49)
    • Les gens de robe, d’église, de guerre, d’épée, de loi, de mer. — De nombreux gens de lettres. — Les gens de finance.
  4. Ceux qui sont d’un parti, par opposition à ceux de l’autre.
    • Nos gens ont battu les ennemis. — Dix de nos gens y périrent.
  5. (Vieilli) Personnes qui sont d’une même partie de jeu, de festin, etc.
    • Tous nos gens sont arrivés, faites servir le dîner. — Tous nos gens sont au rendez-vous.
    • Les gens du Roi : Se disait des procureurs et avocats généraux, des procureurs et avocats du Roi.
  6. (Par ellipse) Domestiques.
    • Le bruit, les allées et venues des gens m’alertèrent. J’accourus avec un funèbre pressentiment, sans toutefois penser à un malheur aussi terrible. — (Jean Rogissart, Hurtebise aux griottes, L’Amitié par le livre, Blainville-sur-Mer, 1954, p. 19)
    • Le chîkh ne tarde pas à reparaître accompagné de quelques notables du douar, de mes gens et d’un de ses fils portant un pot de terre rempli de charbons ardents. — (Frédéric Weisgerber, Trois mois de campagne au Maroc : étude géographique de la région parcourue, Paris : Ernest Leroux, 1904, page 30)
  7. (Franche-Comté) Les parents, père et mère.
Ce mot présente la singularité d’être tantôt masculin, tantôt féminin, suivant la place de l’adjectif ; ceci serait dû à une lutte entre le genre propre de gent, gens qui est le féminin, et le genre de l’idée qu’il exprime, « individus », qui est masculin. Cette lutte a donné lieu, selon Émile Littré, aux règles suivantes[2] :
  1. Il est féminin si des adjectifs ou des participes le précèdent, et au masculin s’ils le suivent : de vieilles gens, des gens résolus.
    • […], mais tant de vieilles gens disent le contraire qu’on ne sait que croire. — (Jean de La Varende, Versailles, édition Henri Lefebvre, Paris, 1959, page 204)
    • Quelles charmantes gens ! — (Guy de Maupassant, Une vie, 1883, réédition Folio Classique Gallimard, 1974, page 152)
  2. Quand deux adjectifs s’y rapportent, celui qui précède est mis au féminin et celui qui suit, au masculin ; c’est la même chose pour les participes. Il y a de certaines gens qui sont bien sots. Certaines gens étudient toute leur vie ; à la mort, ils ont tout appris, excepté à penser. Ce sont les meilleures gens que j’aie jamais vus. On trouve dans les éditions de la Bruyère (aujourd’hui on écrirait placés) :
    • Certaines gens que le hasard seul a placées — (La Bruyère, II)
  3. L’adjectif ou le participe mis en tête du membre de phrase où gens est sujet, se met toujours au masculin. Déchus comme ils sont de leurs honneurs, ces gens n’en paraissent pas moins heureux. Instruits par l’expérience, les vieilles gens sont prudents.
  4. Quand gens est précédé d’un adjectif épicène et de tous, on met tous au masculin ; quand il l’est d’un adjectif féminin, on met toutes au féminin : tous les honnêtes gens, toutes les vieilles gens.
  5. Tous se met au masculin, lorsque gens est suivi d’une épithète ou de quelque autre mot déterminatif : tous les gens sages, tous les gens de cœur, tous ces gens-ci, tous ces pauvres gens.
  6. Par analogie avec le cas précédent, tous devant les gens se met au masculin, quand bien même les gens n’est suivi d’aucun déterminatif : Le maire, le notaire, les conseillers municipaux, tous gens bien connus.
  7. Si, avec tous, gens n’est pas accompagné de l'article ou de ce qui en tient lieu, tous se met au féminin, quand même gens aurait après lui une qualification marquée par de.
    • Quatre animaux divers, le chat grippe-fromage,
      Triste oiseau le hibou, ronge-maille le rat,
      Dame belette au long corsage,
      Toutes gens d’esprit scélérat,
      Hantaient le tronc pourri d’un pin vieux et sauvage.
      — (La Fontaine, Fabl. VIII, 22)
  8. Gens est toujours masculin quand il désigne une profession, une qualité : gens de lettres, gens de guerre, gens de cour, etc.
  9. jeunes gens est toujours masculin.
Pour l’usage avec un nombre déterminé, Littré remarque aussi :
  1. « Dans le xviie et le xviiie siècle, plusieurs disaient gens avec un nombre déterminé ; ce qui d’ailleurs n’était qu’un archaïsme : Il y a là vingt gens qui sont fort assurés de n’entrer point. — (Molière, L’Impromptu)
  2. Mais Vaugelas, Ménage et Bouhours se sont accordés pour prononcer que cela ne valait rien et que c’était une faute de dire : dix gens, six gens, quatre gens. Cette décision est bonne, malgré les autorités, attendu que gens est un nom collectif. Mais on peut dire mille gens, quand on donne au mot mille un sens indéfini : J’ai vu mille gens sur la place. »
  3. Si gens est précédé d’un adjectif, on pourra très bien y joindre tel nom de nombre qu’on voudra : dix jeunes gens ; trois vieilles gens ; ces quatre honnêtes gens.

Au sujet des règles d’accord du genre de gens, le grammairien Joseph Hanse écrit :

    • Il serait si simple que l’Académie et les écrivains acceptent de considérer que gens, même lorsqu’il a un complément dans des expressions comme gens de robe, gens d’honneur, est toujours féminin et que tous les adjectifs, participes et pronoms qui se rapportent à ce mot se mettent au féminin. En attendant, il faut suivre la règle, si déconcertante qu’elle soit, et écrire : Quelles gens avez-vous rencontrés ? Ces vieilles gens sont arrivés. — (Joseph Hanse, Nouveau Dictionnaire des difficultés du français moderne, 1983)

L’arrêté du 26 février 1901 (retiré devant l’opposition de l’Académie française mais repris par quelques manuels à cette époque) de Georges Leygues, ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts en France de 1898 à 1902, énonce :

Dérivés

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Apparentés étymologiques

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Proverbes et phrases toutes faites

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Traductions

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Nom commun 2

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Singulier Pluriel
gens
\ʒɛ̃s\
gentes
\ʒɛ̃.tɛs\

gens \ʒɛ̃s\ féminin

  1. (Antiquité) Clan familial.
    • Ce qu’était la gens dans ces âges reculés, nous ne pouvons que l’entrevoir en la considérant dans sa décadence […] En opérant sur ces données, nous sommes conduits à reconnaître dans la gens, la famille, non pas la famille se démembrant incessamment à la mort de son chef, mais la famille maintenant son unité de génération en génération. — (Gustave Bloch, La République romaine, Flammarion, 1913)
    • Le Sénat est la représentation des gentes. Quand la gens Claudia entre dans la cité, elle prend place aussitôt dans le Sénat. De même les gentes albaines transférées à Rome, après la destruction d’Albe. — (Gustave Bloch, La République romaine, Flammarion, 1913)
    • Si un membre de la gens n’avait pas le droit d’en appeler un autre devant la justice de la cité, c’est qu’il y avait une justice dans la gens elle-même. Chacune avait son chef, qui était à la fois son juge, son prêtre, et son commandant militaire. — (Denis Fustel de Coulanges, La Cité antique : étude sur le culte, le droit, les institutions de la Grèce et de Rome, 1864, page 127)
    • Vous ne l’avez pas adoptée, ce n’est pas une femme de la famille. Cette personne indifférente à tout ce qui ne constitue pas son étroit univers, à tout ce qui ne la touche pas directement, ne connaît aucune des lois de la « gens » ; elle ignore que je suis l’ennemi. — (François Mauriac, Le nœud de vipères, 1932, VIII)
    • La famille proprement dite m’intéresse moins que la gens, la gens moins que le groupe, l’ensemble des êtres ayant vécu dans les mêmes lieux au cours des mêmes temps. — (Marguerite Yourcenar, Archives du Nord, Gallimard, 1977, page 46)

Traductions

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Forme de nom commun

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Singulier Pluriel
gent
\ʒɑ̃\
gens
\ʒɑ̃\

gens \ʒɑ̃\ féminin

  1. Pluriel de gent.

Prononciation

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(Nom 1) :

(Nom 2) (Antiquité romaine) : Chez Littré, dans l’entrée « Gens.2 » la prononciation est notée sous la forme « jins’ » ; et « jin-tès’ » pour le pluriel gentes[2].

Homophones

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(Nom 1) : \ʒɑ̃\

Anagrammes

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Modifier la liste d’anagrammes

Voir aussi

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  • gens sur l’encyclopédie Wikipédia  

Références

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Sources

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Bibliographie

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Étymologie

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(Adverbe) Du latin genus (« genre, sorte »).

Adverbe

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gens *\Prononciation ?\

  1. Personne, rien. Note : s’est employé pour renforcer la négation.
    • puis avint que la riviere sechad kar giens de pluie ne vint en tere.
      La traduction en français de l’exemple manque. (Ajouter)

Variantes

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Forme de nom commun

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gens *\Prononciation ?\

  1. Pluriel de gent.
    • Mais tant enquierent felon, Losengier et males gens — (de Coucy, XIIe siècle)
      La traduction en français de l’exemple manque. (Ajouter)

Références

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Étymologie

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Du latin genus.

Adverbe

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gens \Prononciation ?\

  1. Point, pas, nullement.

Variantes

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Références

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Étymologie

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(XIIe siècle) Du latin gĕnus.

Adverbe

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gens \Prononciation ?\

  1. Pas du tout, Aucun (avec une négation), un peu, quelque.
    • No tinc gens d’aversió envers tu.
      Je n’ai aucune aversion envers toi.
    • Això no m'agrada gens.
      Ceci ne me plaît pas du tout/je n’aime pas du tout ça.
    • Si fa gens de vent, haurem de seguir un altre camí.
      S’il fait un quelconque vent, nous devrons suivre un autre chemin.
Lorsqu’il s’applique à un substantif, gens est systématiquement suivi de la préposition de.

Prononciation

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Étymologie

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Dérivé de gigno (« engendrer, générer »), le mot est lié à genus (« naissance ») ou generare (« engendrer ») et est issu d’une racine indo-européenne gen- qui a également donné γένος, génos (« race »), genèse (issu du grec), kin (« famille au sens large »), kind (« espèce ») en anglais, etc.

Nom commun

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Cas Singulier Pluriel
Nominatif gens gentēs
Vocatif gens gentēs
Accusatif gentĕm gentēs
Génitif gentĭs gentiŭm
Datif gentī gentĭbŭs
Ablatif gentĕ gentĭbŭs

gens \ɡeːns\ féminin

  1. Race, espèce.
    • Gens humana — (Cicéron, Fin. 5, 23, 65)
      L’espèce humaine.
    • Gentes <> Romani
      Les étrangers, les barbares (post-Auguste).
    • Gentes
      Les nations païennes, les païens, les Gentils (latin ecclésiastique).
  2. Nation, peuple.
    • Jus gentium
      Le droit des peuples.
  3. Canton, contrée.
    • Ubinam gentium sumus?
      En quelle partie du monde sommes-nous ?
    • Nusquam gentium
      Nulle part.
  4. Maison, clan (groupe de familles ayant un ancêtre et un culte domestique communs), tribu.
    • Patricii minorum gentium — (Cicéron, Epistulae ad familiares [Lettres aux amis], 9, 21, 2)
      Patriciens de familles plus récentes, patriciens du second rang.
    • Sine gente — (Horace, S. 2, 5, 15)
      Sans naissance, de basse condition.
  5. Famille, descendance, progéniture.
    • Vigilasne, deûm gens, Ænea? — (Virgile, En. 10, 228)
      Veilles-tu, Énée, descendant des dieux ?

Synonymes

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Dérivés

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Dérivés dans d’autres langues

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Références

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