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Naissance | Versailles, France |
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Activité |
Metteure en scène, directrice artistique |
Propriétaire de |
Sybillines |
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Site web |
Brigitte Haentjens, née le à Versailles (Seine-et-Oise), est une metteure en scène québécoise et franco-ontarienne d'origine française.
Biographie
modifierParis
modifierBrigitte Haentjens étudie au Lycée de Sèvres, là où elle joue du théâtre classique, dont Molière et Racine[1]. Dans les environs de mai 1968, elle joint la troupe marginale du centre communautaire de Sèvre. Plus tard, elle prend part à la troupe de théâtre contemporain HEC Paris, dirigée par Pierre Baillot. Issue d’une cellule familiale chaotique, le théâtre lui tient lieu d’exil. En 1972, après cinq ans d’études universitaires exigées par son père, Brigitte Haentjens entreprend sa formation de comédienne à Paris, dans le Faubourg-Saint-Denis, au sein de l’école de Jacques Lecoq[1]. Se familiarisant avec les possibilités créatrices et théâtrales du corps et du mouvement, elle développe un intérêt important pour la mise en scène.
Ontario
modifierAprès ses études théâtrales, elle s'installe en Ontario, de 1977 à 1991[2]. Suite à une baisse des subventions du Conseil des Arts du Québec et de l'Ontario, faute de renouvellement artistique, le Théâtre du Nouvel-Ontario est en péril. Elle entreprend ainsi une carrière de directrice artistique et de metteure en scène qui se déploie en Ontario français: elle obtient la direction du Théâtre du Nouvel-Ontario en 1982. Pendant huit ans, Brigitte Haentjens dirige le TNO: elle "a insufflé à cette compagnie un dynamisme artistique qui l’a fait connaître au Canada, au Québec et jusqu’en France[3]". En prenant les rênes de ce théâtre, la metteure en scène se distancie peu à peu des productions collectives emblématiques des années 1970 et 1980: lentement, elle élabore un style qui fera sa marque dans la dramaturgie québécoise. C'est notamment avec la pièce Le Chien, écrit par Jean-Marc Dalpé, que Brigitte Haentjens entame cette mise au monde scénographique[1].
Québec
modifierElle déménage au Québec, à Montréal, en 1991. À la tête de la Nouvelle Compagnie Théâtrale, elle veille aux destinées artistiques du Théâtre Denise-Pelletier jusqu'en 1994. Par la suite, elle fonde sa propre compagnie, Sibyllines, en 1997. Elle accède ainsi à une plus grande liberté artistique. À ce jour, vingt-trois spectacles ont été ou seront bientôt montés par la compagnie de Brigitte Haentjens, dont les plus récents sont Parce que la nuit (2019) et Sang (2020). Il s'agit de productions percutantes et formellement atypiques, en accord avec la poétique de la metteure en scène.
De 1996 à 2006, Brigitte Haentjens a également été codirectrice du Carrefour international de théâtre de Québec.
Par ailleurs, Brigitte Haentjens est l'une des instigatrices du Moulin à paroles, un événement littéraire ayant eu lieu sur les Plaines d'Abraham à Québec les 12 et 13 septembre 2009[4]. Une centaine de personnalités y ont lu sans interruption, jour et nuit, des textes marquants de l'histoire du Québec. Elle est aussi une des organisatrices de Nous? (avril 2012), un événement où une centaine d'auteurs ont lu des textes originaux sur le thème de la démocratie au Québec.
Depuis 2012
Brigitte Haentjens est nommée directrice artistique du Théâtre français du Centre National des Arts à Ottawa, depuis la saison 2012-2013. Elle y présente les productions de Sybillines dans une mouture thématique toujours renouvelée. La saison la plus récente (2019-2020) se nomme "De l'intime au politique", thème qui rappelle son passage fulgurant en Ontario dans les années 1980, marqué par ses convictions progressistes en clivage avec le peuple ontarien conservateur et son besoin d'affranchissement créateur. Chaque année, Brigitte Haentjens assemble des saisons qui correspondent à ses préoccupations esthétiques, rejoignant des productions audacieuses et variées et laissant une place de choix aux femmes de la dramaturgie contemporaine.
Esthétique
modifierLe travail scénique de Brigitte Haentjens se démarque parmi le corpus québécois. Au cours des dernières années, sa démarche de metteure en scène s’est signalée par son audace singulière et l’exigence de ses choix d’auteurs. À travers les lectures subjectives de certains textes, fréquemment marquées par la psychanalyse, elle explore, entre autres, les fractures secrètes de l’identité féminine. Ses mises en scène sont complexes et réfléchies. Comme le souligne Louise Vigeant, les oeuvres de Sybillines "bouleversent les idées reçues. Que ce soit par le jeu de l'acteur - distancié, chorégraphié, stylisé -, par l'utilisation inusitée des lieux - prévus ou non pour le théâtre -, par la hardiesse des propos - tous les textes montés sont des «œuvres chercheuses » -, chaque fois, la metteure en scène a fait preuve d'une incontestable créativité.[5]" Concrètement, Brigitte Haentjens fonde son esthétique sur trois piliers: la contemporanéité dramatique, les femmes et le mouvement, dans la perspective d'une poétique des corps.
Son style est alors percutant grâce à son approche particulière des textes qu'elle adapte ou desquels elle s'inspire. À ce sujet, Brigitte Haentjens adapte des textes dramatiques, mais aussi des romans, dont La cloche de verre de Sylvia Plath et Malina d'Ingeborg Bachmann. Elle travaille également à partir de matière littéraire variée, dont le journal et les écrits de Virginia Woolf. Son processus créatif relève davantage de l'effet qu'ont les textes sur elle, comme elle le souligne dans son essai Un regard qui te fracasse: "Je ne travaille pas sur les mots, mais plutôt sur une image, une intuition qu'il a imprégnée en moi.[1]"
Publications
modifierThéâtre
Nickel, coécrit avec Jean Marc Dalpé, Prise de parole, 1984.
Strip, coécrit avec Catherine Caron et Sylvie Trudel, Prise de parole, 1983.
Hawksebury Blues, coécrit avec Jean Marc Dalpé, Prise de parole, 1982.
La Parole et la Loi, collectif, Prise de parole, 1979.
Récits poétiques
Une femme comblée, Prise de parole, 2012.
Blanchie, Prise de parole, 2008.
Poésie
D’éclats de peines, Prise de parole, 1991.
Dans le recueil de poésie D'éclats de peines (1991), Brigitte Haentjens livre, en vers libres, la douleur et le désespoir d'une peine d'amour sur un ton nostalgique pour enfin retrouver espoir, maintenant « paisible comme la tendresse / d'un lit d'hiver »[6].
Essai
Un regard qui te fracasse : Propos sur le théâtre et la mise en scène, Montréal, Éditions du Boréal, 2014, 219 p.
Mises en scène
modifier- 2019 : Parce que la nuit, coécrit avec Dany Boudreault, Espace Go.
- 2018 : Dans la solitude des champs de coton de Bernard-Marie Koltès, Montréal, Usine C
- 2016 : Une femme à Berlin de Marta Hillers, traduction de Françoise Wuilmart, adaptation de Jean Marc Dalpé, Espace Go[7]
- 2015 : Richard III, d'après Shakespeare, traduction et adaptation de Jean Marc Dalpé, avec Sébastien Ricard dans le rôle-titre et une distribution de vingt interprètes. Une coproduction de Sibyllines, TNM, CNA à Montréal et Ottawa.
- 2014 : Molly Bloom, d'après James Joyce, traduction-adaptation de Jean Marc Dalpé (Sibyllines, Espace Go et CNA) avec Anne-Marie Cadieux, à Montréal et Ottawa.
- 2013 : Ta douleur, avec Francis Ducharme et Anne Le Beau. Au théâtre La Chapelle, puis au Théâtre de Quat'sous et au CNA en 2014.
- 2012 : L'Opéra de quat'sous de Bertold Brecht et Kurt Weill, traduction Jean Marc Dalpé, Usine C
- 2011 : Le 20 novembre de Lars Norén, La Chapelle
- 2010 : La nuit juste avant les forêts de Bernard-Marie Koltès, Montréal et Québec (avec Sébastien Ricard)
- 2009 : Woyzeck d'après Büchner, Usine C, Bordée et CNA
- 2008 : Blasté de Sarah Kane, traduction Jean Marc Dalpé, Usine C
- 2007 : Vivre d'après l'œuvre de Virginia Woolf, Usine C
- 2006 : Tout comme elle de Louise Dupré, Usine C
- 2004 : Médée-matériau de Heiner Müller, Usine C — La Cloche de verre d’après l’œuvre de Sylvia Plath, Théâtre de Quat'Sous
- 2003 : Éden-Cinema de Marguerite Duras, Théâtre Français du Centre national des Arts — Farces conjugales de Georges Feydeau, Théâtre du Rideau Vert
- 2002 : Antigone de Sophocle, Théâtre du Trident, Québec
- 2001 : Hamlet-machine de Heiner Müller — Mademoiselle Julie d’August Strindberg, Espace Go
- 2000 : Les Nô modernes de Mishima, Collège Lionel-Groulx — Malina, inspiré de l’œuvre de Ingeborg Bachmann, Espace Go — Électre de Sophocle, Espace Go
- 1999 : Marie Stuart de Dacia Maraini, Théâtre du Nouveau Monde — La Nuit juste avant les forêts de Bernard-Marie Koltès, Lion d'or
- 1998 : L'Assemblée des femmes d’après Aristophane, Conservatoire d'art dramatique du Québec — Je ne sais plus qui je suis, collectif, Théâtre les Deux Mondes
- 1997 : Combat de nègre et de chiens de Bernard-Marie Koltès, Théâtre du Nouveau Monde
- 1996 : Possibilités de Howard Barker, Théâtre du Collège Lionel-Groulx — Quartett de Heiner Müller, Espace Go
- 1995 : Noces de sang de Federico Garcia Lorca, Théâtre du Collège Lionel-Groulx — Andromaque de Jean Racine, École nationale de théâtre du Canada — La maison de Bernarda Alba de Federico Garcia Lorca, Théâtre du Cégep de Saint-Hyacinthe
- 1994 : Eddy de Jean-Marc Dalpé, Nouvelle Compagnie Théâtrale — True West de Sam Shepard, Nouvelle Compagnie Théâtrale
- 1993 : Caligula d'Albert Camus, Nouvelle Compagnie Théâtrale
- 1992 : Bérénice de Jean Racine, Espace Go
- 1991 : Bonjour, là, bonjour de Michel Tremblay, Théâtre populaire du Québec — L’Hyppopotamie de Louise Bombardier, Théâtre des Confettis
- 1990 : Oh les beaux jours de Samuel Beckett, Espace Go
- 1989 : Un oiseau vivant dans la gueule de Jeanne-Mance Delisle, Théâtre de Quat'Sous
- 1998 : Qui a peur de Virginia Woolf d’Edward Albee, Théâtre du Trillium — Cris et Blues de Jean Marc Dalpé Patrice Desbiens et Robert Dickson, Théâtre du Nouvel-Ontario — Le Chien de Jean Marc Dalpé, Théâtre du Nouvel-Ontario
- 1987 : Pylône, adaptation théâtrale du roman de William Faulkner, Centre national des Arts
- 1986 : Des yeux au bout des doigts de Louise Painchaud, Théâtre du Nouvel-Ontario — Tourist room, no vacancy de Yves-Gerard Benoit, Théâtre du Nouvel-Ontario — Les Rogers de JM Dalpé, R. Marinier et Robert Bellefeuille, Théâtre du Nouvel-Ontario
- 1985 : Entre-Deux de Jean-Marc Dalpé et M. Vallières, Théâtre du Nouvel-Ontario — Banlieue, collectif, Théâtre Cabano — On n’est pas des enfants d’école de Gilles Gauthier, Théâtre du Nouvel-Ontario
- 1984 : Nickel de Jean-Marc Dalpé et B. Haentjens, Théâtre du Nouvel-Ontario
- 1983 : Les Porteurs d’eau de Michel-Marc Bouchard, Théâtre du Nouvel-Ontario
- 1982 : Hawkesbury Blues de Jean Marc Dalpé et B. Haentjens, Théâtre de la Vieille 17 — L'Opéra de quat'sous de Bertolt Brecht, Théâtre du Nouvel-Ontario
- 1981 : La Mesure Humaine de Paul Doucet, Théâtre de la Vieille 17
- 1980 : Un bon petit diable de R. Albani, Théâtre de l’Ile
- 1979 : La Parole et La loi, collectif, Théâtre de la Corvée
Prix
modifier- 2007 - Prix Siminovitch (Mise en scène)
- 2007 - Prix Gascon-Thomas
2014-2015 : prix de la critique ACQT pour "Richard III" : meilleur spectacle Montréal et meilleur interprète (Sébastien Ricard)
2005-2006 "Tout comme elle" d'après l'œuvre de Louise Dupré Prix de la Critique ACQT, masque des costumes
2004-2005 : La Cloche de Verre d'après l'œuvre de Sylvia Plath, Théâtre de Quat'Sous
- Masque de la mise en scène (
- Masque de la production Montréal, masque des costumes et de la musique
- Masque de l'interprétation féminine (Céline Bonnier)
2002-2003 : Éden-Cinema de Marguerite Duras, Théâtre Français du Centre national des Arts le Festival des Amériques et Sibyllines
- Prix de la production de la saison, Cercle des Critiques, Ottawa
- Masque des éclairages
2000-2001 : Mademoiselle Julie d’August Strindberg, Espace Go
1996-1997 : Quartett de Heiner Müller, Espace Go
Distinctions
modifier- 2019 : Compagne de l'Ordre des arts et des lettres du Québec[8]
- 2017 : Officier de l'ordre du Canada[9]
Notes et références
modifier- Haentjens, Brigitte, 1951-, Un regard qui te fracasse : propos sur le théâtre et la mise en scène (ISBN 9782764623541 et 2764623542, OCLC 884616692, lire en ligne), p. 38-39
- Gaétan Gervais et Jean-Pierre Pichette (dir.), Dictionnaire des écrits de l'Ontario français : 1613-1993, Ottawa, Presses de l'Université d'Ottawa, , 1097 p. (ISBN 978-2-7603-0757-5), p. 979.
- « Repères biographiques de Brigitte Haentjens », (consulté le )
- http://www.moulinaparoles.com
- Louise Vigeant, « Brigitte Haentjens: la résistante », Jeu, 129-4, , p. 99
- DÉOF, « D'éclats de peines. Poésie. Par Brigitte Haentjens », dans Gaëtan Gervais et Jean-Pierre Pichette (dir.), Dictionnaire des écrits de l'Ontario français : 1613-1993, Ottawa, Presses de l'Université d'Ottawa, , p. 227.
- « UNE FEMME À BERLIN », (consulté le ).
- « Dix-sept ambassadeurs culturels honorés pour souligner les 25 ans du Conseil des arts et des lettres du Québec », sur www.calq.gouv.qc.ca, (consulté le )
- Nominations au sein de l'Ordre du Canada sur gg.ca
Voir aussi
modifierArticle connexe
modifierLiens externes
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