Soixante-huitard

participant à Mai 68

Un soixante-huitard est une personne ayant l'âge d'avoir participé aux événements de Mai 1968, ou ayant adopté les mœurs et les idées qui se sont imposées à cette occasion. La perception des soixante-huitard et du Mouvement du 22 Mars, essentiellement parisien et étudiant, a évolué avec l'historiographie de Mai 68.

Les soixante-huitards ont une influence durable sur la France d'après-guerre ; Michel Winock note que « l'ultragauche ou le gauchisme ont souvent été des sas de passage dans le monde adulte, des instances d'apprentissage politique avant l'entrée dans les diverses carrières », remarquant que beaucoup de notables (patrons de presse, inspecteurs généraux, animateurs de télévision, ...) sont d'anciens soixante-huitards, certains ayant abandonné ces convictions de jeunesse, d'autres les ayant conservées, mais se sont assagis dans leur militantisme[1].

Historique (13 mai 1968-30 juin 1968)

modifier

La qualification de soixante-huitard, calquée sur celle de « communard » ou « quarante-huitard ».

Selon Le Goff :

« Composé pour l'essentiel d'étudiants, le mouvement soixante-huitard est un curieux mélange entre des aspirations hédonistes, libertaires et un bolchévisme avant gardiste qui a rejoué sous une forme caricaturale et dérisoires le fonctionnement des partis communistes « historiques » (léniniste, stalinien, maoïste) et des révolutions du passé[2]. »

Elle désigne les idées les plus progressistes, avancées socialement ou utopistes qui ont eu cours dans les milieux révolutionnaires, notamment celles s'approchant de l'anarchisme et du New Age.

Les 68ards lycéens

modifier

Effet sur la société

modifier

La génération constituée de soixante-huitards arrive au travail dans une France qui a déjà évolué sur les questions sociétales : le , les députés « majoritairement gaullistes » ont voté l'indépendance économique des épouses via une loi qui n'a pas fait grand bruit, les autorisant à gérer leurs biens propres et à exercer une activité professionnelle sans le consentement de leur mari. Selon l'historienne du droit des femmes Michelle Perrot, « environ 40 % des françaises travaillaient » lorsque la loi a été adoptée[3].

Pour Jean-Pierre Le Goff, la phase nihiliste post-soixante-huitarde fut brève et s'achève en 1973-1974 ; puis sous l'influence du féminisme et de courants écologistes chrétiens, accomplit sa modification pacificatrice. La dynamique soixante-huitarde s'éteint pour lui au milieu des années 1970, remplacé pour la gauche par un gauchisme culturel[2].

L'ancien ministre de Jean-Pierre Raffarin, Luc Ferry, a parlé de génération de 68 pour évoquer la génération du babyboom, sa philosophie hédoniste et narcissique, et sa soumission à la société de consommation.

Cette génération soixante-huitarde repose sur une reconstruction dans les années 1980 de la mémoire de Mai 68. La publication en 1987 d'Hervé Hamon et de Patrick Rotman Génération, les années de rêve, procède de cette reconstruction. Leur enquête se focalise sur la trajectoire de quelques individus célèbres devenus des emblèmes de Mai 68, comme Serge July ou Alain Geismar. Selon Julie Pagis, chercheuse en sociologie politique au CNRS, elle contribue à banaliser et à médiatiser ce label de « génération 68 », « gommant les parcours de soixante-huitards plus communs et renforçant les représentations d'une génération opportuniste, bien reconvertie, occupant des postes de pouvoir dans les champs politiques, médiatiques et littéraires, et unanimement convertie au libéral-libertarisme[4] ». L'enquête sociologique de Pagis montre en effet que les parcours de « soixante-huitards ordinaires » présentent une grande diversité[5].

Quelques soixante-huitards

modifier

Entreprises

modifier

Campus universitaires

modifier

Résidences universitaires

modifier

Situationistes

modifier

Lambertistes

modifier

Maoïstes et 22 mars

modifier

Intellectuels et artistes

modifier

Leaders en régions

modifier

Lycéens

modifier

Terme et slogans

modifier

Article détaillé: slogans soixante-huitards

 

Interview

modifier
  • Interview-enquête sur trois soixante-huitards ayant joué un rôle clé en Mai 68, à Nanterre, l'ORTF et Renault-Billancourt, par Fernando Malverde et Nedim Loncarevic par France 3 Paris Ile-de-France[6].

Notes et références

modifier
  1. Michel Winock, La gauche en France, Perrin, , 512 p., p. 28-29
  2. a et b La gauche à l'agonie. 1968-2017. Jean-Pierre Le Goff, éditions Perrin, 2011; Perrin/édi8, 2017
  3. Il y a 50 ans, les femmes obtenaient le droit de travailler sans l'autorisation de leur mari, BFM le 13/07/2015 [1]
  4. Paul Thibaud, « De la politique au journalisme. Libération et la génération de 68 : entretien avec Serge July », Esprit, vol. 17, no 5,‎ , p. 3-5.
  5. Julie Pagis, Mai 68, un pavé dans leur histoire. Évenements et socialisation politique, Presses de Sciences Po, , p. 17
  6. a et b « Mai 68, nouveaux regards », enquête de Fernando Malverde et Nedim Loncarevic, France 3 Paris Ile-de-France, 2 mai 2018 - "Portraits croisés de Dominique Tabah, cité université de Nanterre, Aimé Halbeher qui dirigeait la CGT à Renault Billancourt et Michel Anfrol, journaliste gaulliste à l'ORTF", [2]
  7. Louis Daquin, La grande lutte des mineurs, Cinéarchives, 1948, voir en ligne.

Voir aussi

modifier

Sur les autres projets Wikimedia :

Articles connexes

modifier

Bibliographie

modifier