Carmen Maura • Actrice
"La même complicité"
par Carlo D'Ursi
- Fille d'un politicien conservateur, elle était une icône de la "movida madrilène" avant de devenir l'un des symboles du cinéma espagnol
Cineuropa : Cela faisait près de 19 ans que vous n'aviez pas tourné avec Pedro Almodóvar. Comment voyez-vous ce retour sous sa direction ?
Carmen Maura: J'en suis très heureuse. J'ai vécu une rencontre très enrichissante et une expérience très forte, peut être plus importante que le film lui-même. Et ma plus grande surprise a été de me rendre compte que nous avions toujours la même complicité après toutes ces années. A un niveau plus intime, j'ai fait la connaissance d'un autre Pedro, plus serein, plus mature. Moi aussi, de mon côté, j'ai beaucoup changé. La vie est faite de coups durs dont on apprend beaucoup. Je ne regrette rien de mon passé, et les différends avec Pedro se sont solutionnés dès que nous avons commençé à travailler ensemble. Nous avons tous deux beaucoup évolués dans notre carrière depuis nos débuts et cela, bien sûr, se sent. Mais nous gardons tous deux ce "feeling" de nos 20 ans. C'est surprenant, et c'était très très agréable.
Ce personnage, si "border line", a-t-il été difficile par instants à interpreter ?
A vrai dire, c'était très compliqué. Au début, je pensais qu'il s'agissait d'un personnage assez neutre, mais comme j'ai déjà joué des personnages "au bord de la crise de nerf" avec Pedro, je pouvais l'enrichir encore et créer une magnifique mère. La période des répétitions a été fondamentale pour permettre cette sorte d'idylle entre le réalisateur et ses actrices, qui était déjà forte et qui ne s'est que renforcée avec Volver. La première projection m'a vraiment angoissée. J'ai été à de nombreux festivals dans ma carrière, des avant premières internationales ou des conférences de presse. Mais je ne me suis jamais sentie aussi anxieuse qu'à ce moment là, lors de la première mondiale de Volver, dans la ville d'origine de Pedro, Puertollano, dans La Mancha. C'était une telle excitation ! Toute La Mancha était là pour soutenir Perdro. C'était une telle démonstration de tendresse.
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