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Andrea Arnold • Réalisatrice

“Une passion pour le réel”

par 

- La cinéaste britannique décrypte sa méthode empreinte de réalisme lors de la conférence de presse qui a suivi la projection de son second long métrage, en compétition au 62e Festival de Cannes

La réalisatrice britannique Andrea Arnold décrypte sa méthode empreinte de réalisme lors de la conférence de presse qui a suivi la projection de son second long métrage, Fish Tank [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Andrea Arnold
fiche film
]
, en compétition au 62e Festival de Cannes.

Quel a été le déclic pour vous lancer dans Fish Tank, un film très réaliste
Andrea Arnold : Quand j’écris, je me base sur une première image que je vais pas dévoiler ici. Ce qui est intéressant dans l’écriture, c’est le côté inconscient, ce qui surgit sans qu’on comprenne pourquoi. J’essaye ensuite de faire vivre les personnages sans penser à d’autres films, à des références. J’ai réalisé quelques documentaires et j’ai une passion pour le réel et la manière de le filmer. Je cherchais une jeune fille à mi-chemin entre l’enfance et la vie adulte. C’était difficile : de nombreuses filles de 17-18 ans sont déjà adultes. En regardant le film, Katie Jarvis a l’air plus jeune, plus fragile qu’elle ne le semble dans la réalité. J’ai pris conscience de cette jeunesse à l’image lors du premier montage et elle est ressortie encore mieux que je ne l’imaginais.

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Comment avez-vous découvert Katie Jarvis qui n’est pas une comédienne professionnelle ?
Dans une gare après avoir longtemps cherché par casting. Et là, nous avons vu Katie qui engueulait son petit ami. Elle avait du mal à croire que nous voulions qu’elle passe une audition. Ensuite, durant celle-ci, elle ne voulait pas danser, sauf seule dans un coin. Cela allait à l’encontre du personnage que j’avais en tête. Mais quand elle a dansé mise, même si ce n’était pas vraiment du Hip-Hop, l’intéressant était qu’elle était elle-même. Elle dégage aussi quelque chose de très dynamique.

Vous démontrez une grande sensibilité aux réactions des femmes par rapport à la musique et à la danse
La danse est un moyen très efficace d’atténuer ses tensions. Dans le film, les actrices cherchent toujours à se protéger et elles le font en s’immergeant dans la danse. C’est là qu’elles sont elles même. Dans le scénario, la danse était très importante et nous avons auditionné de nombreuses jeunes filles dansant le R&B de façon un peu lascive, séductrice. Mais pour le Hip-Hop, nous nous sommes rendus compte que l’important était le fait de danser pour quelqu’un d’autre et nous avons compris que nous devions orienter le film de cette manière.

Pourquoi avoir choisi de filmer dans l’Essex, une région rarement filmée ?
J’adore le côté sauvage de ce paysage. J’allai dans l’Essex durant mon enfance, sur cette A13 qui part de Londres vers la Mer du Nord. Toutes ces cités semblent des îlots au milieu de la nature sauvage. Il y a des usines, des parkings déserts, une atmosphère de grande tristesse.

Pourquoi ce titre : Fish Tank (litt : réservoir de poissons) ?
Les gens veulent très vite un titre pour les dossiers de presse mais j’ai plutôt besoin de sentir d’abord le film. Il y a beaucoup de vie dans ce petit vivier, dans ce petit espace que montre le film et Fish Tank en est une bonne métaphore.

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