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Jean-Louis Martinoty

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Jean-Louis Martinoty
Description de cette image, également commentée ci-après
Jean-Louis Martinoty en 2007

Naissance
Étampes
Décès (à 70 ans)
Neuilly-sur-Seine
Activité principale metteur en scène
Activités annexes écrivain
essayiste
journaliste
administrateur général de l'Opéra de Paris (1986-1989)
Années d'activité 1975-2015

Jean-Louis Martinoty, né le à Étampes et mort le à Neuilly-sur-Seine[1], est un metteur en scène et écrivain français remarqué pour ses mises en scène d'opéras baroques à partir des années 1980[2]. Il fut également administrateur général de l'Opéra de Paris de 1986 à 1989 [3].

Jean-Louis Martinoty passe son enfance et son adolescence en Algérie où son père est fonctionnaire des impôts. En 1961, ses parents quittent l'Algérie pour Nice où il fait des études de lettres classiques tout en apprenant le violoncelle[4]. Après quelques années d'enseignement, il se fait connaître comme essayiste, journaliste, homme de radio et critique musical au journal L'Humanité[5]. C'est dans ce cadre qu'il rencontre le metteur en scène lyrique Jean-Pierre Ponnelle avec qui il découvre l'univers de l'opéra. Celui-ci l'invite en 1972 au Festival de Salzbourg où il prépare une nouvelle mise en scène des Noces de Figaro avec Herbert von Karajan pour évoquer un futur projet d'un livre commun sur Mozart. À la suite d'un remplacement ponctuel de Jean-Pierre Ponnelle pour une répétition, il devient son assistant pendant plusieurs années, écrivant pour lui la plupart des scénarios de ses films d'opéra (dont La Clémence de Titus, Madame Butterfly, Carmina Burana)[6] et réalisera lui-même en 1985 un film d'opéra (Pasticcio d'après Haendel) ainsi que deux documentaires sur le maniérisme italien. En 1992, il épouse Tamara Adloff[4].

Jean-Louis Martinoty commence une carrière de metteur en scène d'opéra en 1975 avec Le Songe d'une nuit d'été de Britten à l'Opéra de Strasbourg suivi de La Périchole d'Offenbach à l'Opéra de Lyon en 1977. Alors que cela n'est pas encore la mode, Louis Erlo, directeur de l'Opéra de Lyon, lui confie ensuite plusieurs ouvrages rares du répertoire baroque (Ercole amante de Francesco Cavalli en 1979, David et Jonathas de Marc-Antoine Charpentier en 1981 qui obtient le Prix Claude-Rostand[7]). Entretemps, il met en scène Semele dans le cadre du festival Haendel de Karlsruhe, festival auquel il participera régulièrement jusqu'en 1995 avec Rinaldo, Giulio Cesare in Egitto, Tamerlano et Amadigi. En , il se voit confier Le Couronnement de Poppée de Monteverdi à l'Atelier lyrique de Tourcoing sous la direction musicale de Jean-Claude Malgoire qui reçoit à nouveau le prix Claude-Rostand[7].

Au Festival d'Aix-en-Provence en 1982, c'est la consécration avec Les Boréades de Jean-Philippe Rameau et John Eliot Gardiner à la baguette (création mondiale posthume après presque deux siècles d'oubli[8],[9]) qui obtient le Grand Prix de la meilleure production lyrique. En 1991, Alceste de Lully au théâtre des Champs-Élysées (dont le cinéaste Jacques Rozier fera un film à partir d'extraits des répétitions et de la générale[10],[11],[12]) marque les esprits. Tout comme Tarare d'Antonio Salieri au Festival de Schwetzingen, évoqué en termes élogieux dans la "Pipers Enzyklopädie des Musiktheaters (de)"[13],les rares L'Argia (en) de Cesti et L'opera seria de Gassmann avec le chef d'orchestre belge René Jacobs à Innsbruck ou encore Thésée de Lully avec Emmanuelle Haïm au théâtre des Champs-Élysées[2].

Son expérience du baroque l'amène à écrire un livre en 1990, Voyages à l'intérieur de l'opéra baroque, De Monteverdi à Mozart, dans lequel il analyse une dizaine d’œuvres sur les plans dramatique, scénographique et politique. Mais ses nombreuses mises en scène (près d'une centaine entre 1975 et 2015) ne se limitent pas au baroque au cours de sa carrière et abordent l'ensemble du répertoire sur les grandes scènes françaises et internationales : Ariane à Naxos de Richard Strauss à Covent Garden, la Tétralogie de Wagner à Karlsruhe dont il a également conçu les décors, Le Vaisseau fantôme du même compositeur et Orphée aux Enfers d'Offenbach à l'Opéra de Paris, Carmen de Bizet à Bonn et à Tokyo, Pelléas et Mélisande de Debussy au théâtre des Champs-Élysées, La Clémence de Titus de Mozart et Don Pasquale de Donizetti au Deutsche Oper Berlin[14], Faust de Gounod au Teatro San Carlo de Naples, Don Giovanni de Mozart au Wiener Staatsoper. Après une expérience théâtrale au Festival d'Avignon en 1983 avec un montage d'extraits des pièces de Racine dans un décor d'Olivier Debré, il fait une incursion dans le domaine de l'opérette viennoise avec La Veuve joyeuse de Franz Lehár et Le Baron tzigane de Johann Strauss à l'Opéra de Zurich en 1990 sous la direction musicale de Nikolaus Harnoncourt. Et même de la comédie musicale avec Le Petit Prince tiré du roman de Saint-Exupéry sur une musique de Richard Cocciante et des paroles d'Élisabeth Anaïs au Casino de Paris en 2002.

Sa solide direction d'acteur, ses mises en scène érudites[réf. nécessaire][15], en collaboration régulière avec le décorateur autrichien Hans Schavernoch (de) et le costumier Daniel Ogier, sont la plupart du temps saluées, telle sa production des Noces de Figaro de Mozart qui reçoit à nouveau le Grand Prix de la meilleure production lyrique. Créée au théâtre des Champs-Élysées en 2001, elle est reprise trois fois au cours des sept saisons suivantes[2], puis au Wiener Staatsoper où elle entre au répertoire[16]. En revanche, Faust de Gounod à l'Opéra Bastille en 2011 avec Roberto Alagna dans le rôle-titre fait l'objet d'une salve de critiques négatives, notamment en raison de son décor chargé et de sa mise en scène jugée trop « kitsch »[17].

Il fait un retour remarqué en 2012 avec Macbeth de Verdi créé à l'Opéra national de Bordeaux[18],[19]. Reprise à l'Opéra de Nancy en 2013, à l'Opéra de Toulon en 2014[20], cette production est sa dernière mise en scène. Jean-Louis Martinoty meurt à l'âge de 70 ans le dans une clinique de Neuilly-sur-Seine après une opération du cœur[1]. Fleur Pellerin, ministre de la Culture et de la Communication, lui rend hommage dans un communiqué de presse[21] : « Le monde de l'Opéra pleure la disparition de celui qui s'est révélé très tôt comme l'un des meilleurs metteurs en scène d'Opéra de sa génération... Il aura été aussi un des grands directeurs de l'Opéra de Paris, tout à la fois gardien de la tradition lyrique et visionnaire ouvert à la modernité […] Il était de ces metteurs en scène dont l'art consiste à rester totalement au service des grandes partitions, donnant totalement à voir pour nous permettre de mieux les entendre… ». En , son ami Jean Ristat publie un long poème élégiaque sur sa disparition, Éloge funèbre de Monsieur Martinoty[22].

Jean-Louis Martinoty est inhumé dans le cimetière de Joiselle, village de la Marne où il vivait depuis quarante-cinq ans[23].

Administrateur général de l'Opéra de Paris

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Jean-Louis Martinoty a été l'administrateur général de l'Opéra de Paris de 1986 à 1989. Nommé à la surprise générale le après la démission de son prédécesseur, l'Italien Massimo Bogianckino élu maire de Florence, il doit diriger la maison dans le contexte très tendu du « pré-Bastille », caractérisé par des querelles internes et d'importants problèmes de budget[24]. Malgré ces difficultés, il innove néanmoins à plusieurs reprises pendant son mandat[25],[26].

Dès son arrivée, il nomme un directeur musical (Lothar Zagrosek), fonction qui n'existait plus à l'Opéra de Paris depuis 1826 et qui a été maintenue quasiment sans interruption jusqu'à aujourd'hui ainsi qu'un directeur technique, un directeur de la programmation et un directeur des ateliers[27].

Passionné d'art contemporain, il le fait entrer non sans quelques remous sous les ors du Palais Garnier :

  • en initiant les "Cartes blanches", spectacle global monté autour d'un artiste peintre, d'un plasticien ou d'un sculpteur (Karel Appel, Paul Jenkins, Arman, Bernar Venet)
  • en collaborant avec des peintres ou des plasticiens comme décorateurs d'opéra (Valerio Adami, Olivier Debré, Dado), pratique qui était une première à l'époque et qui s'est largement généralisée par la suite
  • en décorant son propre bureau d'administrateur de meubles créés par Arman en forme d'instruments de musique.

Il inscrit au répertoire deux opéras du compositeur tchèque Leoš Janáček, Katja Kabanova et De la maison des morts, produits parallèlement pour la première fois en 1988 au Palais Garnier et Salle Favart.

Entre 1986 et 1989, trois opéras seront créés sur la scène du palais Garnier : La Célestine de Maurice Ohana dans une mise en scène de Jorge Lavelli, Doktor Faust de Busoni et Le Maître et Marguerite de York Höller d'après le roman de Boulgalkov, prix de la critique en Allemagne. C'est également sous le mandat de Jean-Louis Martinoty en que sera programmé à l'Opéra-Comique Atys de Lully, mis en scène par Jean-Marie Villégier sous la direction musicale de William Christie.

Principales mises en scènes

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Distinctions

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  • Prix Claude-Rostand (meilleur spectacle lyrique en province) pour David et Jonathas de Marc-Antoine Charpentier à l'Opéra de Lyon, saison 1980/1981[7]
  • Prix Claude-Rostand pour Le Couronnement de Poppée de Monteverdi à l'Atelier lyrique de l'Opéra du Nord - Tourcoing, saison 1981/1982[7]
  • Grand prix de la meilleure production lyrique pour Les Boréades de Rameau au festival d'Aix-en-Provence, saison 1982/1983[7]
  • Grand prix de la meilleure production lyrique pour Les Noces de Figaro de Mozart au théâtre des Champs-Élysées, saison 2001/2002[7]

Publications

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Notes et références

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  1. a et b « Mort de Jean-Louis Martinoty, grande figure du monde de l’opéra », sur France Musique, .
  2. a b et c « Jean-Louis Martinoty, une légende au théâtre des Champs-Elysées », .
  3. « Jean-Louis Martinoty (1946-2016) », sur Operadeparis.fr.
  4. a et b « Biographie Jean-Louis Martinoty Metteur en scène », sur www.whoswho.fr.
  5. « Martinoty, toute une vie d'opéra »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur humanite.fr, .
  6. « Conversation avec Jean-Louis Martinoty », sur odb-opera.com, .
  7. a b c d e et f « Les précédents palmarès », sur associationcritiquetmd.com (consulté le ).
  8. « La création des Boréades à Aix-En-Provence », sur ina.fr, .
  9. « Plateau Aix en Provence. Interview de Jean-Louis Martinoty à propos de sa mise en scène des Boréades de Jean-Philippe Rameau,et de la cantatrice Michèle Lagrange », sur Ina.fr, .
  10. « Revenez, plaisirs exilés », sur film-documentaire.fr.
  11. « Jacques Rozier, le musical » [archive du ], sur danzine.fr, .
  12. « "Revenez, plaisirs exilés" de Jacques Rozier, fantaisie en marge d'Alceste », sur bnf.fr catalogue général.
  13. (de) Werke-Piccini-Strauss, Pipers Enzyklopadie des Musiktheaters Band 5, Carl Dalhaus, , 796 p. (ISBN 3-492-024-15-7), p 541 "... Dans un décor d'une grande originalité, la géniale mise en scène de Jean-Louis Martinoty exprime parfaitement la gravité et l'extravagance de l'oeuvre, la distribution était idéale".
  14. « Une maison qui tourne bien », sur Concertonet.com, .
  15. « Le metteur en scène Jean-Louis Martinoty est décédé », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
  16. « Cabinet de curiosités - Les Nozze di Figaro », sur forumopera.com, .
  17. « Un Faust maudit et plombé », Le Figaro,‎ (lire en ligne)
  18. « La revanche de Martinoty », sur altamusica.com, .
  19. « Un retour éblouissant de la mise en scène de Macbeth », sur arts-spectacles.com, .
  20. « Macbeth de Jean-Louis Martinoty : diabolique et grandiose ! », sur Culturebox, .
  21. « Hommage de Fleur Pellerin, Ministre de la Culture et la Communication, à Jean-Louis Martinoty », sur culturecommunication.gouv.fr, .
  22. Jean Ristat, O vous qui dormez dans les étoiles enchaînés, Paris, éditions Gallimard, , 64 p. (ISBN 978-2-07-273246-1, lire en ligne), Éloge funèbre de monsieur Martinoty (pp. 9-23)
  23. « Ancien Directeur de l'Opéra de Paris et grand metteur en scène, Jean-Louis Martinoty nous a quittés », sur lepaysbriard.fr, .
  24. Maryvonne de Saint-Pulgent, Le syndrome de l'Opéra, Paris, éditions Robert Laffont, , 359 p. (ISBN 2-221-06625-1), Chapitre 12 : Le temps des remises en cause (1984-1988)
  25. « Le Club des critiques », sur francemusique.fr, .
  26. Sabine Chaouche, Denis Herlin et Solveig Serre, L'Opéra de Paris, la Comédie Française et l'Opéra-Comique, Approches comparées (1669-2010), Paris, Ecole des Chartes, , 424 p. (ISBN 978-2-35723-023-1 et 2-35723-023-1, lire en ligne), Entretien avec Jean-Louis Martinoty p 379-382
  27. Jacques Drillon, « Les coups de colère de Martinoty », Le Nouvel Observateur,‎ , page XIV Obs de Paris

Liens externes

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