Victor Louis
Naissance | |
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Décès |
(à 69 ans) Ancien 1er arrondissement de Paris |
Nom de naissance |
Louis-Nicolas Louis |
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Famille |
Marie-Emmanuelle Bayon (épouse) |
Conjoint |
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Louis-Nicolas Louis, dit Victor Louis, est un architecte français né à Paris le et mort dans la même ville le .
Biographie
[modifier | modifier le code]Louis-Nicolas Louis naît le à Paris. Il est le fils de Louis Loüis, maître maçon et entrepreneur. Victor Louis conserve ses prénoms de Louis-Nicolas jusqu'à son retour de Rome (Italie) ; il signera Victor à partir de 1765.
Victor Louis entre à l'École royale d'architecture en 1746 avant l'âge réglementaire qui était de 16 ans ; il y est élève de Louis-Adam Loriot, membre de l'Académie royale d'architecture. En 1755, après neuf années d'études, il obtient dans un concours une médaille d'or lui donnant le droit d'aller à Rome (prix de Rome en architecture, ex-æquo avec Charles Maréchaux pour une chapelle sépulcrale) où il séjourne au palais Mancini de 1756 à 1759[1]. Il y sera le condisciple de Jean-Honoré Fragonard et d'Hubert Robert. Le peintre Charles-Joseph Natoire qui dirige l'Académie de France à Rome n'apprécie pas Victor Louis qui se distingue par un « caractère peu docile et emporté »[2] et fait des dettes. Mais Victor Louis travaille avec acharnement, passionné par la Rome antique et Le Piranèse. Il admire aussi la Rome contemporaine. Les œuvres du Bernin lui inspirent des compositions grandioses.
D'abord spécialisé dans les commandes religieuses, il réalise ensuite de nombreuses résidences privées. Le maréchal de Richelieu, petit-neveu du cardinal dont il a rénové l'hôtel particulier, rue Neuve-Saint-Augustin à Paris, le fait venir à Bordeaux — où il est gouverneur de Guyenne — pour construire le théâtre de la ville. Il sera initié à la franc-maçonnerie à Bordeaux et sera un membre éminent de la loge maçonnique la Française Élue à l'Orient d'Aquitaine[3]. Il répond par la suite à de nombreuses commandes de châteaux dans le Bordelais. Philippe d'Orléans, Grand Maître de la franc-maçonnerie, rencontré à Bordeaux en 1776 alors que ce dernier vient poser la première pierre du Grand Théâtre, lui demande de réaliser les premiers aménagements de la galerie du Palais-Royal.
Entre 1764 et 1772, et même 1779, Victor Louis est en contact avec la commande polonaise (le roi Stanislas Auguste Poniatowski) et certaines de ses œuvres sont réalisées à Varsovie[4].
Le , il épouse la compositrice et pianiste Marie-Emmanuelle Bayon. Ils vivent à Paris, place Vendôme, mais séjourneront aussi à Bordeaux. Ils ont une fille unique, Marie-Hélène-Victoire Louis, née en 1774 et morte le à Cahaignes. Il est dit que la famille Louis a été la dernière à avoir occupé la chartreuse d'Aubevoye jusqu'en 1834, année de l'aliénation. En fait, Hélène Louis épouse Charles Ethis de Corny, maire de cette dernière commune.
Réalisations
[modifier | modifier le code]- 1760 : chapelle du purgatoire de l'église Sainte-Marguerite dans le 11e arrondissement de Paris.
- 1760 : chapelle et porche du couvent des Bénédictines du Bon-Secours, 98 rue de Charonne dans le 11e arrondissement de Paris (détruit).
- 1767-1773 : décor du chœur de la cathédrale Notre-Dame de Chartres jusqu'à la consécration du maître-autel (1re partie)[5], avec le pavement[6], le revêtement mural[7], le maître-autel[8], quatre bénitiers[9] et deux lustres[10].
- 1771-1779 : hôtel de l'intendance de Franche-Comté, actuel hôtel de préfecture du Doubs à Besançon avec Nicolas Nicole comme architecte d'exécution[11].
- 1772-1778 : château de La Rochette[12], à proximité de Melun.
- 1773-1780 : Grand Théâtre de Bordeaux[13].
- 1774-1778 : hôtel Boyer-Fonfrède, 1 cours du Chapeau-Rouge à Bordeaux[14].
- 1774 : château de Virazeil (Lot-et-Garonne).
- 1775-1778 : hôtel Lamolère, rue Esprit-des-Lois à Bordeaux.
- 1775 : château de Bellevue, à Yvrac. Ce délicat petit château constituait, avec son entrée ménagée sous un escalier en fer à cheval, un des chefs-d'œuvre de l'architecte. Il fut détruit en 2012 par l'industriel russe Dmitry Strokin, puis reconstruit à l'identique par le même propriétaire[15].
- 1775-1777 : hôtel Nairac à Bordeaux.
- 1775-1777 : Hôtels Saige et Legrix, ancien hôtel de préfecture de Bordeaux (jusqu'en 1993)[16].
- 1776-1778 : château de Saint-Maur à Argent-sur-Sauldre (Cher)[17].
- 1778 : château de Tauzia à Gradignan et château d'Anglade à Izon (Gironde).
- 1780 : château de Lahitte[18],[19] à Moncrabeau (Lot-et-Garonne).
- 1782-1787 : agrandissements de l'église Saint-Éloi de Dunkerque[20].
- 1783 : château Raba[21] à Talence (Gironde).
- 1785 : château de Filières à Gommerville (Seine-Maritime).
- 1786-1789 : château du Bouilh à Saint-André-de-Cubzac (Gironde) pour le compte de Jean-Frédéric de La Tour du Pin Gouvernet[22].
- 1786-1789 : décor de la partie rectiligne du chœur de la cathédrale Notre-Dame de Chartres jusqu'à la Révolution (2e partie)[5], avec le pavement[6], le revêtement mural[7] et les stalles (111)[23].
- 1786-1790 : Salle Richelieu (où réside depuis 1799 la Comédie-Française), ainsi que les galeries attenantes, au Palais-Royal à Paris.
- 1787 : Cirque du Palais-Royal, ancienne salle de spectacle dans le jardin du Palais-Royal.
- 1787-1789 : château de l'Hospital à Portets (Gironde).
- 1791 : acquiert la chartreuse de Bourbon-lès-Gaillon (Aubevoye-Eure). Le manoir familial, auquel il avait réduit la chartreuse reconstruite pourtant par son ami Helin juste avant la Révolution, est détruit par suite d'une longue période d'inoccupation (Louis mort en 1800 ; sa veuve en 1825 ; leur fille est veuve en 1829) à partir de 1834 par les racheteurs[24].
- 1792-1794 : château l'Enclos à Pineuilh.
- 1788-1792 : hôtel de la Motte-Sanguin, 2, rue Solférino à Orléans[25].
- ? : Château Rabaud à Bommes (Gironde)
-
Château de Filières, Gommerville (1768-1780).
-
Hôtel de l'intendance de Besançon (1771-1778).
-
Château de Tauzia, Gradignan (1778).
-
Château d'Anglade à Izon (1778).
-
Hôtel Boyer-Fonfrède, Bordeaux (1778).
-
Hôtel de Saige, Bordeaux (1775-1777).
-
L'hôtel Nairac, Bordeaux (1775-1777).
-
Château Raba, Talence (1783).
-
Château du Bouilh, Saint-André-de-Cubzac (1786-1789)
-
La Galerie du Beaujolais, Palais-Royal, Paris (1786-1790).
-
Façade de la Salle Richelieu au Palais-Royal (1786-1790).
-
Grand escalier de la salle Richelieu (1786-1790), Paris, Palais-Royal.
-
Le cirque semi-enterré du Palais-Royal (1787).
Hommage
[modifier | modifier le code]Pour Hugues Gall, ancien directeur de l'opéra Garnier, « Victor Louis est l’architecte à l’origine de toute la conception qu’a développée Garnier. Le Grand Théâtre de Bordeaux l’avait fasciné […] avec l’idée de grand salon d’entrée, celle des loges et des corbeilles […] »[27].
En 1980, à l'occasion du bicentenaire de l'ouverture du Grand-Théâtre de Bordeaux, l'écrivaine Florence Mothe publie la pièce de théâtre Le clou de Monsieur Louis[N 1].
Son nom a été donné à un lycée et à un collège à Talence (Gironde) et à la rue située derrière le Grand-Théâtre à Bordeaux.
Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]- Le titre de la pièce de Florence Mothe fait référence à une innovation technique de Victor Louis utilisée dans la construction du Grand-Théâtre de Bordeaux. En effet, ce dernier, afin de récupérer les efforts aux extrémités de la façade, a mis en place une armature en fer dans les deux caissons d'angle, non visible, afin de relier les colonnes et l'architrave au mur de la façade. Ce principe, similaire à celui du futur béton armé, est appelé le « clou de Louis ».
Références
[modifier | modifier le code]- Bordeaux, Autographes de personnages ayant marqué dans l'histoire de Bordeaux et de la Guyenne, t. XXX, Bordeaux, G. Gounouilhou, , 424 p. (lire en ligne), p. 205.
- L'Académie de France à Rome : correspondance inédite de ses directeurs, p. 282.
- Florence Mothe, Lieux symboliques en Gironde. Trois siècles de franc-maçonnerie à Bordeaux., p. 124
- Une exposition a été organisée par Daniel Wildenstein, à ce sujet (cf. Bulletin monumental, 1957, en lige sur persee.fr).
- « Décor de chœur du 18e siècle », notice no IM28000249, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture.
- « Pavement du chœur du 18e siècle », notice no IM28000345, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture.
- « Revêtement mural du chœur du 18e siècle », notice no IM28000325, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture.
- palissy« Maître-autel », notice no IM28000327, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture.
- « 4 bénitiers du chœur du 18e siècle », notice no IM28000338, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture.
- « 2 lustres d'église du chœur du 18e siècle », notice no IM28000326, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture.
- « Ancienne Intendance de Franche-Comté, actuellement Hôtel de préfecture du Doubs », notice no PA00101520.
- Historique du château sur le site de la mairie
- « Grand théâtre », notice no PA00083188.
- « Hôtel Boyer-Fonfrède », notice no PA00083192.
- « Yvrac (33) : le château démoli "par erreur" a été reconstruit à l’identique ou presque », sur SudOuest.fr (consulté le ).
- « Hôtel de préfecture de la Gironde », notice no PA00083208.
- « Château de Saint-Maur », notice no PA18000014.
- « Château de Lahitte », notice no PA00084173.
- « Inventaire général : château (domaine agricole) », notice no IA47000743.
- « Église Saint-Éloi de Dunkerque] », notice no PA00107488.
- « Château Raba », notice no PA00083847.
- « Château du Bouilh », notice no PA00083711.
- « 111 stalles du chœur du 18e siècle », notice no IM28000328, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture.
- Notice no IA00017665.
- « L'hôtel de la Motte-Sanguin », notice no PA00098852.
- frontispice de l'ouvrage de Charles Marionneau, Victor Louis, architecte du Théâtre de Bordeaux : sa vie, ses travaux et sa correspondance, 1731-1800, 1881.
- « Charles Garnier : un génie de l’architecture pour l’Opéra de Paris et bien d’autres chefs-d'œuvre », sur Canal Académie.
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Charles Marionneau, Victor Louis. Architecte du théâtre de Bordeaux. Sa vie, ses travaux et sa correspondance 1731-1800, avec un portrait du maître, des reproductions de gravures et de dessins inédits et le fac-simile d'une lettre autographe, Bordeaux, Imprimerie G. Gounouilhou, 1881 [lire en ligne].
- Victor Louis et le théâtre : scénographie, mise en scène et architecture théâtrale aux XVIIIe et XIXe siècles : actes du colloque tenu les 8, 9 et à Bordeaux à l'occasion du bicentenaire de l'inauguration du Grand-Théâtre, éd. du CNRS, 1982.
- Victor Louis et son temps, Les Cahiers du Centre François-Georges Pariset, .
- Christian Taillard (préf. Jean-Pierre Poussou), Victor Louis (1731-1800), le triomphe du goût français à l'époque néo-classique, Paris, Presses universitaires de Paris-Sorbonne, , 494 p. (ISBN 978-2-84050-614-0, présentation en ligne).
- Henri Prudent 1868-19.., Les salles de spectacle construites par Victor Louis à Bordeaux, au Palais-Royal et à la place Louvois, Paris, Librairie de la construction moderne, , 85 p. (lire en ligne).
- Meaudre de Lapouyade, Maurice 1870-19??, Essai d'iconographie de Victor Louis, architecte du Grand-Théâtre, 1731-1800, Bordeaux, Imprimerie J. Bière, , 15 p. (lire en ligne).
Liens externes
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- Ressources relatives aux beaux-arts :
- Ressources relatives au spectacle :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Article à l'occasion du Bicentenaire de la mort de Victor Louis, signé Christian Taillard, sur le site des Célébrations nationales du ministère de la Culture.
- Geir Tandberg Steigan, « Bordeaux au XVIIIe siècle : Victor (Nicolas Victoire) Louis (1731-1800) », extrait de la revue norvégienne Arc !.