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Georges Trubert

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Georges Trubert
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Lieux de travail
Mécènes
Influencé par

Georges Trubert est un peintre enlumineur français, actif entre 1469 et 1508, en Anjou, en Provence et en Lorraine, à la cour du roi René et de son petit-fils René II de Lorraine.

L'Adoration des Mages.
Los Angeles, JP Getty Museum, Ms. 48, fol. 59.

Georges Trubert appartient à une famille d'artistes installée à Troyes, en Champagne, depuis au moins 1364. Son père, Pierre Trubert, est mentionné dans les archives comme « peintre et imagier ». Son frère, François, est signalé comme sculpteur. Son autre frère, Guy ou Guyot, est mentionné comme facteur d'orgues. Le troisième, Oudart, est cité comme « imagier et graveur »[1].

Vraisemblablement formé à Paris, Georges Trubert est régulièrement nommé dans les textes et comptes de la cour de René d'Anjou. Il semble d'abord actif en Anjou, puis en Provence où il est enlumineur officiel de la cour à partir de 1467, succédant sans doute à Barthélemy d'Eyck. Une salle de travail est aménagée spécialement pour lui, dans l'hôtel particulier du prince à Avignon. En 1476, il reçoit une somme d'argent pour effectuer un voyage à Rome. La même année, il épouse une Arlésienne nommée Marguerite Bonnot. Par la suite, il est mentionné comme valet de chambre, office honorifique qui lui permet de percevoir de généreux subsides[1],[2].

Après la mort de son mécène, il reste au service de son héritier, Charles V d'Anjou, jusqu'à sa mort en 1481. Durant la décennie 1480, il est toujours actif à Avignon, où il possède des maisons données par son ancien mécène. Il est aussi propriétaire d'une maison à Arles et d'une bastide à Châteaurenard[2].

Vers 1490, il est appelé par le petit-fils du roi René, René II de Lorraine. Il s'installe à sa cour, à Nancy, où il travaille comme peintre officiel jusqu'à l’extrême fin du XVe siècle. En , une minute notariale parisienne le signale comme mort. Plus aucune œuvre ne lui est attribuée après 1500[1].

Éléments stylistiques

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Les manuscrits les plus achevés de Georges Trubert appartiennent à sa période lorraine. Son style se caractérise par une large palette de couleurs rares et acides (alliant un rouge-orangé intense, deux jaunes et deux verts respectivement clairs et foncés, un azur de lapis-lazuli et un bleu-ardoise, un rose pâle, un mauve intense et un grenat foncé), l'usage du camaïeu d'or et de la grisaille[3].

L'Annonce aux Bergers. Los Angeles, JP Getty Museum,
Ms. 48, fol. 54 v°.

Ses personnages présentent une physionomie particulière, avec leurs yeux écartés longuement étirés sur les tempes. Les femmes, au visage vu de trois-quarts et légèrement incliné, portent des cheveux flottant sur les épaules. Les figures sont souvent situées au premier plan, vues à mi-corps dans un cadrage resserré[2], en vertu de ce que l'historien d'art Sixten Ringbom a nommé le dramatic close-up : une mise en page destinée à rapprocher affectivement la représentation peinte de celui qui la contemple, et à favoriser sa méditation[4]. Poussant la formule à l'extrême, Georges Trubert remplit la surface peinte de demi-figures cadrées au plus juste. Concentré sur l'essentiel, il élimine les éléments anecdotiques - décor, paysage et même personnages secondaires - au profit du jeu intense des regards et des mains[3].

Vierge au triptyque.
Los Angeles, JP Getty Museum, Ms. 48,
fol. 159.

L'encadrement de ses peintures fait preuve de recherche et même d'une étourdissante virtuosité. Outre le vocabulaire architectural antiquisant de la Renaissance italienne, il utilise volontiers des éléments originaux tels des panneaux de bois ou de pierre incrustés de pierres précieuses, des bandes de cuir gaufré et doré ou des branches écotées liées entre elles. Les montants verticaux et horizontaux de ses cadres traduisent le jeu naturel de la lumière, ce qui leur confère de la vraisemblance (voir illustration ci-contre). Par ailleurs, il s'attache à rendre cohérents les divers éléments de la page : peinture, encadrement et même texte procèdent d'un ensemble unifié. Les compositions gagnent en clarté et lisibilité et acquièrent de la monumentalité[3].

Un exemple montre le raffinement de l'art de Georges Trubert. Sur le triptyque portatif à la Vierge du J. Paul Getty Museum, le phylactère comportant le début de la prière très populaire O intemerata est une bande de parchemin fixée sur la prédelle par une dizaine de petits clous à tête dorée. En bas à droite, le parchemin s'est détaché et l'on distingue le trou qu'y a laissé le clou. Là où ces derniers sont restés en place, le froncement qu'ils ont provoqué est toujours visible. La lumière naturelle émane de la partie supérieure gauche. Elle éclaire toute la composition : encadrement, volet droit du triptyque, motte de gazon et paire de lions qui supportent l'ensemble (voir illustration ci-contre).

Georges Trubert a probablement reçu une formation parisienne. Mais son style semble influencé par Barthélemy d'Eyck, un artiste de René d'Anjou auquel il emprunte notamment le lourd drapé des vêtements. Les textes nous apprennent aussi qu'il a côtoyé des peintres d'Avignon, tels Nicolas Froment ou Nicolas Dipre[2].

Manuscrits attribués

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La seule œuvre qu'un écrit contemporain lui attribue de façon indubitable est le Diurnal de René de Lorraine. Une dizaine d'autres manuscrits lui sont rattachés selon des critères stylistiques.

Sainte Marthe et la Tarasque. Paris, Bnf, Lat. 10491, fol. 219.

Bibliographie

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  • Nicole Reynaud, « Georges Trubert, enlumineur de René d'Anjou et de René II de Lorraine », Revue de l'Art, no 35,‎ , p. 41-63
  • François Avril et Nicole Reynaud, Les manuscrits à peintures en France, 1440-1520, BNF/Flammarion, , 439 p. (ISBN 978-2080121769), p. 377-384
  • Marie-Claude Léonelli, « Georges Trubert, de René d'Anjou à René II de Lorraine », dans Marc-Édouard Gautier, Splendeur de l'enluminure. Le roi René et les livres, Ville d'Angers / Actes Sud, , 416 p. (ISBN 978-2-7427-8611-4), p. 145-149
  • Étienne Hamon, « Une famille d’artistes d’origine troyenne à Paris à la fin du XVe siècle : les Trubert », Bibliothèque de l’École des chartes, t. 162, no 1,‎ , p. 163-189 (lire en ligne)
  • Constantin Favre, Georges Trubert, Silvana Editoriale, Milan, 2024, 208 p. (ISBN 978-8836654697)

Liens externes

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Notes et références

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  1. a b et c Hamon 2004.
  2. a b c et d Splendeur de l'enluminure, op.cit.
  3. a b et c Reynaud 1977.
  4. (en) Sixten Ringbom, Icon to Narrative. The rise of the dramatic close-up in fifteenth-century devotional painting, Åbo, Åbo Akademi, , chap. VI.
  5. (en) Anne Demarquay Rook, « Georges Trubert, the René Master and Waddesdon MS 21 », The Burlington Magazine, vol. 130, no 1022,‎ , p. 352-355 (lire en ligne)
  6. Notice de « Avignon, BM, 0010 » dans la base Initiale. Catalogue des manuscrits enluminés, , consulté le 04.04.2018
  7. Notice du Getty
  8. Notice de la base initiale
  9. Notice sur le site de la Morgan Lib.
  10. Notice de la base Initiale
  11. Notice du ms dans la base des musées de la ville de Paris
  12. Facsimilé sur Gallica
  13. Notice sur Bibiorare
  14. Notice du manuscrit sur le site de Fraysse et associés
  15. Christophe Dorny, « René II de Lorraine et Georges Trubert : un livre d’heures très enluminé », La Gazette Drouot,‎ (lire en ligne)